Christine Armanger sans filtre au Théâtre de la Cité internationale
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Paris. Théâtre de la Cité internationale. 17-II-2023. Dans le cadre du festival Faits d’hiver. Christine Armanger : Je vois, venant de la mer, une bête monte. Conception, scénographie, textes, montage son, interprétation : Christine Armanger. Co-conception et collaboration artistique : Laurent Bazin. Lumières : Philippe Gladieux. Design sonore : Cédric Michon. Chargée de production : Camille Boudigues
Avec Je vois, venant de la mer, une bête monte, sa création pour le festival Faits d'hiver au Théâtre de la Cité internationale, Christine Armanger signe un stand up de danse irrévérencieux et déculotté autour des grandes peurs humaines.
Et si l'Apocalypse avait déjà commencé ? C'est la théorie que tente de poursuivre Christine Armanger tout au long de son solo Je vois, venant de la mer, une bête monte. Une bête, oui, mais pas n'importe laquelle : un diplodocus frappé d'extinction, au milieu d'une mer de sacs plastiques déchiquetés. Immergée et comme surgissant de ce décor catastrophe digne d'une installation plasticienne, la performeuse déroule ses convictions que l'extinction est proche et que ces bêtes seront les seules à rester une fois que l'espèce humaine aura disparu.
Christine Armanger est davantage une plasticienne et utilise son corps comme un artefact au milieu de ce décor apocalyptique. Sur le plateau un peu trop grand du Théâtre de la Cité internationale, son corps audacieux s'extirpe de ces oripeaux pour se montrer en pleine lumière, face au public, qu'elle interpelle à l'occasion comme dans les stand-up, ces spectacles au cours desquels un humoriste, le plus souvent, s'adresse au public directement, sans accessoires ni personnages, d'une manière spontanée et quasi improvisée. À l'instar des petites salles parisiennes aux lumières peu flatteuses qui accueillent ce genre de spectacle, les projecteurs qui éclairent Christine Armanger flottent un peu.
Si l'ouverture et le final du spectacle sont forts, sur une musique tauromachique, avec des figures fantastiques ou guerrières issues d'un bestiaire fantasmé, les séquences intermédiaires gagneraient à être resserrées, pour ne pas perdre le spectateur dans les changements de registre et de rythme. Christine Armanger devrait faire plus confiance à son corps transformé et aux figures symboliques qu'il est capable d'incarner et de déployer avec virtuosité, qu'à un registre de discours ancré dans le quotidien et manquant à certains moments de distance. Chevauchant l'un des quatre chevaux de l'Apocalypse, elle nous emporterait alors encore plus loin.
Fine connaisseuse de l'iconographie médiévale et de la représentation des saints et des martyrs, comme elle l'explique dans l'entretien accordé à ResMusica, c'est en effet dans la transfiguration de ces icônes qu'elle est la plus juste. L'interprétation est nourrie de son travail sur la tapisserie de l'Apocalypse de Louis 1er d'Anjou, au Château d'Angers, source majeure de son spectacle, avec l'ensemble des discours sur l'Apocalypse, que l'on retrouve transformés dans le spectacle, comme l'incantation colérique d'une Greta Thunberg, ici samplée et découpée en séquences comminatoires.
Crédits photographiques : © Salim Santa Lucia
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Paris. Théâtre de la Cité internationale. 17-II-2023. Dans le cadre du festival Faits d’hiver. Christine Armanger : Je vois, venant de la mer, une bête monte. Conception, scénographie, textes, montage son, interprétation : Christine Armanger. Co-conception et collaboration artistique : Laurent Bazin. Lumières : Philippe Gladieux. Design sonore : Cédric Michon. Chargée de production : Camille Boudigues