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Il y a 60 ans disparaissait Jacob Gade, l’auteur du célèbre Tango Jalousie

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Rarement une seule œuvre musicale aura si parfaitement représenté la notoriété internationale d'un compositeur. , né en 1879 et décédé le 20 février 1963, appartient totalement à cette catégorie avec son inépuisable Tango Jalousie.

Il y a soixante ans, le violoniste et compositeur décède dans la ville danoise de Thorøhuse. Né à Velje au Danemark, le 29 novembre 1878, il jouissait encore d'une immense popularité dans son pays natal et à l'étranger, en particulier grâce à la célèbre pièce intitulée Tango Jalousie, certes, mais également pour de nombreuses autres partitions orchestrales populaires destinées au divertissement. La plupart sont à présent tombées dans l'oubli. Tango Jalousie, également connu comme Jalousie « Tango Tzigane », fut joué dans plus d'une centaine de films ! Ce filon exceptionnel, et quelque peu inattendu, lui offrit un confortable revenu financier jusqu'à sa mort, survenue à l'âge de 83 ans.

Issu d'une famille de musiciens qui jouaient pour les fêtes dans les villages alentours, très jeune encore, il se joignit à eux. Il commença à jouer de la trompette à l'âge de neuf ans et une année plus tard seulement, il fut invité à Copenhague et devint soliste au sein du fameux orchestre des Jardins de Tivoli. Il n'a que douze ans lorsqu'il étudie le violon, sous l'autorité de son père d'abord, puis auprès de maîtres réputés ensuite. De fortes ambitions naissaient en lui et il s'installa dans la capitale danoise en quête de notoriété. Aucun lien de parenté ne le relie à son compatriote l'immense compositeur Niels Gade (1817-1890).

Poussé par une force créatrice impérieuse, il commence à composer de la musique populaire, en particulier des polkas et d'autres rythmes de danse très appréciés alors. Bientôt, il rêve de devenir chef d'orchestre et de composer des valses dont il pense le plus grand bien. Plus modestement, il se produit dans de simples cafés. Mais en peu de temps, âgé de dix-huit ans seulement, il est contacté par des personnes bien placées qui font appel à lui pour jouer dans une opérette à Frederiksberg, principal quartier du divertissement et du spectacle de Copenhague.

Son investissement dans l'acte compositionnel porte ses fruits puisqu'en 1900 (il a 22 ans) est publiée sa chanson à boire intitulée Il y a du soleil dans le raisin mûr. Elle devient rapidement populaire et sera chantée par une actrice de théâtre, de dix ans plus âgée que lui : elle deviendra son premier amour. Ils auront trois enfants et se sépareront en 1906. Deux ans plus tard, il se remarie à Christiania avec une actrice qui mourra en 1951.

dirige plusieurs orchestres à partir de 1903 avant d'avoir sa propre formation et se produire dans des endroits réputés. Il se complait dans la musique de danse tout en ayant à cœur de parfaire sa formation mais ne deviendra jamais un concertiste classique et ne sera pas accepté au Conservatoire Royal de musique danois. Néanmoins, le succès lui sourit toujours : il se produit dans les théâtres et dans les cinémas (il accompagne les films muets), se présente comme soliste dans certains concerts et compose abondamment sous divers pseudonymes. Certains journaux le qualifient de roi de la valse. Son séjour new-yorkais (1919) lui apporte encore la réussite, il interprète surtout de la musique classique au sein de l'Orchestre philharmonique de New York.

De retour au Danemark, il dirige l'orchestre du réputé Cinema Palads et poursuit son activité de compositeur. À cette époque, il écrit son Tango Jalousie qui aurait été inspiré par l'histoire d'un homme qui avait tué sa femme par jalousie. Le succès du titre s'étendit au monde entier. L'apparition et le développement foudroyant du cinéma parlant marque la fin de sa période dorée vers 1929. Pourtant, en 1931, il inaugure son Théâtre National Scala et poursuit infatigablement son illustration de la musique de danse. Peu après, il se retire à la campagne mais poursuit la composition, il donne plusieurs titres très appréciés comme Rhapsodietta, Romanesca, etc. Lors d'un voyage aux États-Unis en 1939, on lui propose de publier l'ensemble de son catalogue.

Le lendemain de son retour au pays le 8 avril 1940, les nazis envahissent le petit royaume danois et, en retrait, Gade produit encore quelques valses qui enregistrent de francs succès. En 1956, Gade mit une partie de sa fortune à la disposition d'une fondation destinée à venir en aide aux jeunes talents musicaux. Le destin fabuleux de Jacob Gade marqua une longue période de la musique légère de son temps et sans doute masqua partiellement l'échec de ses ambitions dans le domaine de la musique dite sérieuse.

Sources discographiques

JEALOUSY. Suites, Tangos & Waltzes. Orchestre symphonique de Odense, dir. Matthias Æschbacher. Dacapo 8.224090. Enregistrement de 1998.

JALOUSIE. Tango Tsigane, Con Sordino. Palm Court Quintet. Danica DCD 8120. Enregistrement de 1988.

JEALOUSY. Waltzes Tangos and Cinema Music. Christian Westergaard (piano). Dacapo 8.226057. Enregistrement de 2009.

Crédits photographiques : © Danmarks Radio

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