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En première mondiale, L’Angelica de Porpora en DVD

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Nicola Porpora (1686-1768) : L’Angelica, « serenata » pour six voix et instruments, sur un livret de Pietro Metastasio. Mise en scène, décors et costumes : Gianluca Falaschi. Mouvements chorégraphiques : Mattia Agatiello. Lumières : Pasquale Mari. Teresa Iervolino, mezzo-soprano (Orlando) ; Paola Valentina Molinari, soprano (Medoro) ; Ekaterina Bakanova, soprano (Angelica) ; Gaia Petrone, mezzo-soprano (Licori) ; Sergio Foresti, baryton (Titiro) ; Barbara Massaro, soprano (Tirsi) ; Ensemble La Lira di Orfeo, direction : Federico Maria Sardelli. Réalisation : Marco Scalfi. Enregistré du 30 juillet au 3 août 2021 dans la cour du palais ducal de Martina Franca. 1 DVD Dynamic. Notice de présentation en italien et anglais. Sous-titres en italien, anglais, français, japonais et coréen. Durée : 147:00

 

Reflet d'un spectacle donné dans la région italienne des Pouilles, ce DVD permettra au public de se familiariser avec le premier livret de Métastase, pour un ouvrage autrefois créé par Farinelli. Le baroque italien dans toute sa splendeur.

Le présent DVD nous propose la captation d'un spectacle donné au cours de l'été 2021 au festival Valle d'Itria de Martina Franca. Il s'agissait pour l'occasion d'une production d'un ouvrage rarissime de , la serenata intitulée L'Angelica mise en musique en 1720 sur le tout premier livret de Métastase. L'ouvrage, lors de sa création, marquait également les débuts, à l'âge de quinze ans, du plus grand castrat de tous les temps, Carlo Broschi dit Farinelli. Comme son titre le laisse entrevoir, le spectacle met en scène un épisode du Roland furieux de l'Arioste, avec en conclusion la folie du célèbre paladin. Aux amours du célèbre triangle Orlando, Medoro et Angelica le livret ajoute celles des bergers Tirsi et Licori, adroitement mêlées par Métastase à l'intrigue principale dont elles proposent à la fois un contrepoint social – la paysanne Licori prétend s'inspirer du comportement amoureux des dames de la ville – et un habile catalyseur : Licori est sommée par Médoro de séduire Orlando, afin d'éloigner ce dernier d'Angelica. Mais qu'on se rassure, les couples du début sont ressoudés pour le lieto fine de rigueur et Tirsi finit par retrouver sa Licori tandis qu'Angelica repart au bras de Medoro, au grand dam d'Orlando réduit à sombrer dans la folie.

Structurée en deux parties de longueur égale, la serenata se présente comme une succession d'arias da capo, agrémentée d'un duo entre Angelica en fin de première partie. Si nombre de ces airs ont récemment été enregistrés dans divers récitals – Karina Gauvin, Valer Sabadus, Giulia Semenzato… – l'ouvrage de Porpora n'a jusqu'ici fait l'objet d'aucun enregistrement discographique, même si l'on retrouve certains des morceaux présents ici dans l'album de 2005 « Orlando », confié à la Real Compañía Ópera de Cámara sous la direction du chef d'orchestre Juan Bautista Otero. La nouvelle publication qui nous arrive aujourd'hui fournit en tout cas au public la première occasion de visionner cette serenata si rarement interprétée.

Difficile, il faut bien l'admettre, de donner une forme scénique à l'expression des multiples feintes, tromperies et tourments amoureux qui nourrissent une intrigue dénuée de véritable action théâtrale. Les six personnages de la sérénade évoluent ainsi autour d'une immense table de banquet recouverte d'une nappe blanche ornée de plateaux de fruits, de bouquets et de guirlandes de fleurs. Leur gestique est dédoublée par la présence, cachés derrière une paroi constituée de panneaux translucides, de quelques mystérieux figurants plus ou moins dénudés, plus ou moins transgenres, qui envahissent progressivement l'espace scénique et qui semblent, par le procédé de la mise en abyme, proposer un commentaire de l'action en cours. La réalisation vidéo de Marco Scalfi ne permet pas toujours de donner un sens aux agissements montrés par la caméra, sauf peut-être en fin de deuxième partie où la thématique de la dissimulation est suggérée par l'emploi de masques qui signalent d'un côté les tentatives de duperie, et de l'autre le retour à la sincérité des sentiments.

Sur le plan vocal et musical, seul l'Orlando de est d'un niveau véritablement exceptionnel. Très bonne actrice dans sa composition d'un chevalier ardent, fougueux et violent, la mezzo-soprano fait valoir un somptueux timbre de bronze, rond, égal et virtuose sur toute l'étendue de l'instrument. À ses côtés, en Licori dispose de moyens plus modestes, dont elle use cependant avec goût et sobriété. Prestation tout à fait satisfaisante également du baryton dans le rôle peu inspirant de Titiro dont l'interprète, hélas, ne possède pas les notes les plus graves. Sans pour autant démériter, aucune des trois sopranos ne suscite l'enchantement que devrait produire sa partition. C'est à qu'échoit le rôle conçu pour Farinelli et si la jeune femme dispose de la juvénilité qui sied au personnage de Tirsi, la touche acidulée de son timbre joue hélas en sa défaveur. Peu crédible physiquement en Medoro en raison de sa petite taille, maîtrise les difficultés techniques de sa partie, ce qui n'est déjà pas rien. Malheureusement, elle ne crée pas le moment de magie que l'on attendrait pour le sublissime « Bella Diva all'ombre amica », un morceau qui devrait normalement suspendre le cours du temps. C'est finalement la soprano russe qui, dans le rôle-titre, convainc le plus. Et cela autant pour son allure de dominatrice et son jeu empreint de duplicité, que pour l'intelligence avec laquelle elle conduit son instrument. À la tête de l'ensemble baroque La lira di Orfeo, fait la preuve de sa maîtrise du style du jeune Porpora, autant pour sa gestion des couleurs orchestrales que pour son accompagnement des chanteurs dans leurs variations et leurs reprises da capo. Une belle découverte, au final, même si l'on attend aujourd'hui une version discographique de référence.

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Nicola Porpora (1686-1768) : L’Angelica, « serenata » pour six voix et instruments, sur un livret de Pietro Metastasio. Mise en scène, décors et costumes : Gianluca Falaschi. Mouvements chorégraphiques : Mattia Agatiello. Lumières : Pasquale Mari. Teresa Iervolino, mezzo-soprano (Orlando) ; Paola Valentina Molinari, soprano (Medoro) ; Ekaterina Bakanova, soprano (Angelica) ; Gaia Petrone, mezzo-soprano (Licori) ; Sergio Foresti, baryton (Titiro) ; Barbara Massaro, soprano (Tirsi) ; Ensemble La Lira di Orfeo, direction : Federico Maria Sardelli. Réalisation : Marco Scalfi. Enregistré du 30 juillet au 3 août 2021 dans la cour du palais ducal de Martina Franca. 1 DVD Dynamic. Notice de présentation en italien et anglais. Sous-titres en italien, anglais, français, japonais et coréen. Durée : 147:00

 
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