Orchestres et opéras s’engagent ensemble pour l’égalité femmes/hommes

En 2018, une première charte réunissait les orchestres et opéras membres de l'Association Françaises des Orchestres et des Forces Musicales, mobilisés déjà depuis 2000 sur les questions d'égalité femmes/hommes. En ce début d'année, la charte s'élargit aux maisons lyriques : la Réunion des Opéras de France les rejoint. Pour son président Patrick Thil, Adjoint au maire de Metz, il s'agit d'une grande cause, rappelant à quel point la violence est allée se nicher parfois jusque dans l'architecture, comme à Garnier où à l'origine ces messieurs pouvait scruter les danseuses depuis une galerie. La présidente de l'AFO, Catherine Morin-Desailly, se réjouit d'une véritable stratégie nationale permettant de mettre en place études, formations professionnelles et dispositifs d'accompagnement. Grâce à un plan d'observation pluriannuelle, les membres surveillent la mise en œuvre de la charte, les actions et les évolutions. Il ressort que 88% des opéras et orchestres ont formé leur personnel à l'égalité et à la lutte contre les violences et le harcèlement. 76% ont mis en place un protocole de signalement (pour les autres c'est en bonne voie), 17 signalements ont déjà été effectués. Onze enquêtes ont été réalisées au total pour faire un état des lieux sur différents thèmes, elles sont disponibles sur le site des Forces musicales et de l'AFO. Sur la saison 2020/21, 11% des représentations ont été dirigées par des cheffes, 4% d'œuvres de compositrices ont été jouées, 32% de chorégraphies ont été signées par des femmes tandis que 26% de directrices générales étaient à la tête de structures membres de l'AFO, un chiffre en hausse de 4% par rapport à 2016-2017. Car même s'il reste beaucoup à faire comme on le voit, les choses évoluent rapidement depuis 3 ou 4 ans selon Jean-Marc Bador, directeur général de Orchestre philharmonique de Radio France, qui souligne les actions volontaristes de Radio France, avec une part importante dans les commandes faites aux femmes. Et par exemple le parti pris de dédier en alternance à un compositeur et à une compositrice le festival Présences, ou pour le Philhar la présence de deux cheffes assistantes en ce moment (Clara Baget et Lucie Leguay). Valérie Chevalier, directrice de l'Opéra de Montpellier, rappelle que le problème d'égalité est également très différent selon les métiers (peu de techniciennes, moins de présence chez les cuivres, peu de femmes metteuses en scène ou directrices…). La façon dont les femmes sont représentées a été aussi examiné à la loupe dans les programmes de saison, les affiches, photos etc, avec pour résultat la constatation que 40% de ces supports représentent des femmes et 90% d'entre eux sont plutôt « neutres ». Pour la saison prochaine, l'AFO souhaite marquer d'un label, intitulé « Unanimes », les représentations proposant au moins une œuvre de compositrice et proposer un concours de composition européen réservé aux femmes. D'autres actions et réflexions pour faire évoluer les mentalités seront aussi portées par le syndicat Les Forces musicales dirigé par Aline Sam-Giao. (NF)