Marie-Laure Garnier chante les mélodies de Fauré, Chausson et Charlotte Sohy
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Gabriel Fauré (1845-1924) : La Bonne Chanson op. 61. Ernest Chausson (1855-1899) : Chanson perpétuelle op. 37 ; Poème de l’amour et de la mer op. 19 transcrit par Franck Villard pour voix haute, cordes et piano. Charlotte Sohy (1887-1955) : Trois Chants nostalgiques op. 7. Marie-Laure Garnier, soprano ; Célia Oneto Bensaid, piano ; Quatuor Hanson. 1 CD B Records. Enregistré en public le 31 mars 2022 à L’Estran, Guidel, France. Texte de présentation en français et en anglais. Durée : 60:05
B RecordsRegroupées sous le titre générique de « Chants nostalgiques », la soprano Marie-Laure Garnier en compagnie, du Quatuor Hanson et de la fidèle Célia Oneto Bensaïd au piano proposent un ensemble cohérent de mélodies de Gabriel Fauré, Charlotte Sohy et Ernest Chausson.
Le titre bien choisi de Chants nostalgiques est celui de trois mélodies de Charlotte Sohy, qui n'ont encore été que très peu enregistrées, et qui assurément méritent de l'être davantage. C'est, en fait, un des principaux intérêts de ce disque, que de nous en proposer une deuxième version après celle d'Aude Estremo. Le deuxième est de nous faire connaitre la version revisitée par Franck Villard du Poème de l'amour et de la mer de Chausson, transcrit pour cordes et piano. Tout cela s'inscrit fort bien avec La Bonne Chanson de Fauré en version piano et quatuor à cordes, et encore la Chanson perpétuelle de Chausson, également en version chambriste. Selon le principe de la maison B-Records, il s'agit d'une captation sur le vif d'un concert, avec tous les avantages et les inconvénients que cela implique. De la vie, de la spontanéité sans doute, mais aussi des imperfections non-gommées et l'obligation pour la chanteuse de projeter sa voix vers le public, au-delà des micros, ce qui s'entend. Marie-Laure Garnier a une voix magnifique, charnue, pleine d'irisations capiteuses, mais le vibrato n'est pas toujours parfaitement maitrisé et le registre aigu souffre de fatigue ce qui contraint souvent la chanteuse à forcer. L'articulation reste un peu engorgée, et l'accompagnement par un quintette cordes et piano plutôt qu'un piano seul ne facilite pas la lisibilité des textes, du moins pour les Fauré. La Quatuor Hanson joue avec beaucoup d'application et de cohésion, mais l'essentiel de la poésie provient du piano tout à tour délicat et énergique de l'excellente Célia Oneto Bensaid.
La bonne chanson passe sans ennui mais aussi sans frisson. La chanson perpétuelle est, quant à elle, bien construite, atteignant une tension dramatique intérieure efficace. Les Trois Chants nostalgiques de Charlotte Sohy sont réellement beaux, avec des climats très réussis (Le feu s'est éteint) et des émotions fines. Marie-Laure Garnier est au même niveau qu'Aude Estremo, mais l'accompagnement chambriste permet plus facilement à la poésie intimiste des textes de s'épanouir, plutôt que dans la version avec orchestre. Dans Le poème de l'amour et de la mer, nos interprètes affrontent une concurrence autrement redoutable, mais comme c'est la première au disque pour cette version réduite, la curiosité l'emporte. La transcription est très réussie, et les dialogues entre les cordes et le piano créent des couleurs subtiles et bienvenues. La mer, le soleil, les lilas, tout est en place. L'interlude pour piano et quatuor à cordes est superbe. Malheureusement, la soprano fatigue de plus en plus, et doit se préoccuper de tenir ses notes les plus aiguës davantage que de les colorer ou de ciseler les mots. Elle arrive à faire de très belles choses (« l'oubli… » soupiré, blafardisé, tranchant comme un rasoir…), mais on est soulagé qu'elle arrive à terminer le concert sans accident. Une soirée plutôt bonne, donc, un agréable souvenir sans doute pour les auditeurs du 31 mars 2022, mais pas un disque indispensable, sauf peut-être pour Charlotte Sohy.
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Gabriel Fauré (1845-1924) : La Bonne Chanson op. 61. Ernest Chausson (1855-1899) : Chanson perpétuelle op. 37 ; Poème de l’amour et de la mer op. 19 transcrit par Franck Villard pour voix haute, cordes et piano. Charlotte Sohy (1887-1955) : Trois Chants nostalgiques op. 7. Marie-Laure Garnier, soprano ; Célia Oneto Bensaid, piano ; Quatuor Hanson. 1 CD B Records. Enregistré en public le 31 mars 2022 à L’Estran, Guidel, France. Texte de présentation en français et en anglais. Durée : 60:05
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