Thielemann poursuit son intégrale de référence des symphonies de Bruckner à Vienne
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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonies n° 2 (version de 1877) et n° 8 (édition Haas). Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray Unitel Edition. Enregistré à Vienne, Musikverein Saal, en avril et octobre 2019. Bonus : entretiens entre Christian Thielemann et Johannes-Leopold Mayer (en allemand, sous-titrage en anglais, coréen, japonais). Durée : 205 minutes
Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonies n° 1 (version de Vienne) et n° 7. Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray Unitel Edition. Enregistré à Vienne, Musikverein Saal, en février 2021 (n° 1) et au festival de Salzbourg en août 2021 (n° 7). Bonus : entretiens entre Christian Thielemann et Johannes-Leopold Mayer (en allemand, sous-titrage en anglais, coréen, japonais). Durée : 181 minutes
Unitel EditionLa perspective de 2024, année du bicentenaire de la naissance d'Anton Bruckner nous vaut de nombreux projets d'intégrales de ses symphonies. Le cycle de Christian Thielemann avec la Philharmonie de Vienne s'impose sans conteste tant par la splendeur de l'orchestre que par la prodigieuse maîtrise de la direction.
L'intégrale des symphonies de Bruckner entreprise par Christian Thielemann avec les Wiener Philharmoniker, la première de cet orchestre pourtant lié par l'histoire au compositeur sous la baguette d'un seul chef, progresse rapidement mais de façon déconnectée entre le cycle audio et le même en vidéo. Chez Sony sont ainsi parues en CD les symphonies n° 2 à n° 5 ainsi que la 8e, tandis que chez C major en DVD on dispose déjà des deux symphonies « d'étude » (en fa majeur et « 0 ») ainsi que de la 5e.
Voici que paraissent deux nouveaux doubles albumsqui représentent une avancée majeure. Celui qui regroupe les Symphonies 2 et 8 n'est donc pas une nouveauté ; gravées aux Musikverein en public, elles montrent la stupéfiante osmose à laquelle les Viennois et leur chef sont désormais parvenus. La deuxième est magnifique de lyrisme purement autrichien, avec ses accents rustiques et son avancée à pas lent. Seule regret, le choix de la version de 1877 raccourcit le scherzo de façon drastique et confie à la clarinette la sublime phrase finale de l'adagio initialement écrite pour le cor mais modifiée à la demande des premiers instrumentistes qui la trouvaient trop périlleuse. La 8e, critiquée ici même dans sa version audio, impressionne par sa puissance lumineuse, dans des tempos nettement plus allants que les premières exécutions du chef berlinois. Les deux sont complétées par des entretiens passionnants entre le maestro et le compositeur autrichien Johannes-Leopold Mayer, entretiens qui valent surtout par la remarquable compréhension intime des œuvres dont fait montre Thielemann.
Le deuxième album regroupe deux nouveautés, d'autant plus intéressantes. La première symphonie figure dans la version de Vienne, réécriture effectuée par Bruckner en 1891 à l'occasion d'une remise de diplôme de docteur honoris causa de l'université de Vienne. Les changements sont nombreux, de la reformulation rythmique du troisième thème du premier mouvement à la réécriture de certains développements du finale en passant par une transition sans équivalent dans les autres symphonies entre le trio et la reprise du scherzo. Thielemann avait enregistré la version initiale de Linz, créée en 1866 avec son orchestre de Dresde (CMajor en DVD, Profil Hänssler en CD). Cette fois il choisit donc la version révisée avec les Wiener Philharmoniker captés au Musikverein mais sans public.
Outre l'exploit intellectuel qui consiste à apprendre par cœur deux versions différentes d'une même œuvre, ce nouvel enregistrement force l'admiration par sa puissance et la maîtrise du développement des sinuosités harmoniques du finale ainsi réécrit. Avant lui seuls quelques rares chefs (Volkmar Andreae aux temps héroïques, Claudio Abbado surtout et Gerd Schaller) avaient tenté cet exercice périlleux. Mais seul Abbado avait su témoigner autant de maîtrise que Thielemann.
Enfin la Symphonie n° 7 captée lors du festival de Salzbourg 2021 présente un visage lumineux, solaire, radieux presque, qui illustre la conception du chef détaillée dans l'entretien qui l'accompagne. Le résultat est orchestralement somptueux avec quelques réserves toutefois devant cette conception du sublime adagio pourtant marqué « Sehr Feierlich und Sehr Langsam », indication unique dans l'œuvre de Bruckner et qui rend la fluidité et la luminosité de Thielemann presque excessives. Réserve de peu de poids en vérité devant une telle interprétation, mais qui laisse la préséance à la gravure berlinoise du même chef (BPO) ; les Symphonies n° 3 et n° 6 sont déjà annoncées, ne resteront plus ensuite que la « Romantique » et la Neuvième pour clore le plus beau cycle actuel des symphonies de Bruckner. Seule question, mais de taille, Thielemann osera-t-il se pencher sur le difficile problème du finale de la Neuvième ?
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Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonies n° 2 (version de 1877) et n° 8 (édition Haas). Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray Unitel Edition. Enregistré à Vienne, Musikverein Saal, en avril et octobre 2019. Bonus : entretiens entre Christian Thielemann et Johannes-Leopold Mayer (en allemand, sous-titrage en anglais, coréen, japonais). Durée : 205 minutes
Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonies n° 1 (version de Vienne) et n° 7. Orchestre philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray Unitel Edition. Enregistré à Vienne, Musikverein Saal, en février 2021 (n° 1) et au festival de Salzbourg en août 2021 (n° 7). Bonus : entretiens entre Christian Thielemann et Johannes-Leopold Mayer (en allemand, sous-titrage en anglais, coréen, japonais). Durée : 181 minutes
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