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De Chailly à Pappano : les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas à la Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 2-II-2023. Serge Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 1 en ré majeur op. 25 dite « classique » ; Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano en sol majeur ; Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 5 en mi bémol majeur op. 82. Vikingur Ólafsson, piano. Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome, direction : Sir Antonio Pappano.

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Pour son traditionnel passage à la Philharmonie de Paris, Sir à la tête de l'Orchestra dell'Academia Nazionale di Santa Cecilia de Rome, dont il est le directeur musical, présente un riche et beau programme associant la Symphonie classique de Prokofiev, la Symphonie n° 5 de Sibelius et le Concerto en sol de Ravel interprété par le pianiste islandais Vikingur Ólafsson remplaçant Martha Argerich souffrante.

La Symphonie n°1 (1918) de Serge Prokofiev dite « classique » a décidément les honneurs de la Philharmonie de Paris puisque, par les hasards de la programmation, elle nous est donnée successivement à quelques jours d'intervalle par Riccardo Chailly et l'Orchestre de la Scala de Milan, puis aujourd'hui par Sir à la tête de l'Orchestre de l'Académie Sainte Cécile de Rome. Une répétition qui génère indubitablement des comparaisons…Si Riccardo Chailly nous avait gratifié d'une magnifique interprétation où la dynamique et les couleurs vif argent le disputaient à l'exceptionnelle maitrise de la direction, il faut bien avouer qu'au petit jeu des comparaisons, Sir , ce soir, ne sort pas gagnant de ce combat des chefs, nous livrant une interprétation presque caricaturale de la symphonie de Prokofiev pénalisée par une étonnante lourdeur, des nuances excessives, une dynamique poussive, des appuis rythmiques trop marqués et une théâtralisation hors de propos. Seul le Finale virevoltant, emportant flute, petite harmonie et cordes dans une cavalcade bondissante retrouve un peu de l'esprit ludique cher à Haydn.

Interprété par Vikingur Ólafsson, Le Concerto en sol (1932), chef-d'œuvre absolu de qui mêle dans une subtile alchimie inventivité pianistique et orchestration foisonnante, ne remporte pas non plus une totale adhésion : soliste et orchestre ne parvenant pas à en assumer toutes les richesses (pianistiques et orchestrales) dans un tout cohérent, donnant lieu à une interprétation basique sans ce petit supplément d'âme qui est le propre des grandes lectures, comme celle de Martha Argerich notamment… On apprécie dans l'Allegramente la grande variété du jeu du soliste, la fluidité de la cadence autant que la féérie de timbres développée par la harpe, les percussions et les vents (piccolo, petite clarinette, cor anglais, cuivres) mais on déplore le manque de complicité autant que l'équilibre parfois précaire entre soliste et orchestre. L'Adagio manque de grâce et sa mélodie, affligée plus qu'éthérée, ne parvient nullement à nous émouvoir, malgré un beau dialogue entre petite harmonie (solo de cor anglais) et piano. Le Presto final, plus technique, est sans doute le meilleur moment de cette interprétation puisque s'appuyant sur la confondante virtuosité du soliste dans une course infernale haute en couleurs où piano et orchestre s'opposent, mettant en jeu tous les pupitres. Deux magnifiques bis empruntés à Bach et Rameau concluent cette première partie.

C'est finalement là où on l'attendait le moins, la Symphonie n° 5 (1919) de , que Sir Antonio Pappano et son orchestre de Santa Cecilia s'avèrent les plus convaincants. Symphonie préférée du compositeur, révisée plusieurs fois, elle est en même temps la plus facile d'accès par ses accents épiques. Contemporaine de la révolution russe et de l'indépendance de la Finlande, elle se décline en 3 mouvements. Le premier mouvement Allegro, développe un climat nocturne et mystérieux ( cor, basson sur trémolo de cordes) avant progressivement de se déployer en un lyrisme tourmenté maintenant tension et attente soutenu par une belle ampleur sonore, avec des cuivres bien contenus et des cordes frémissantes, jusqu'au crescendo libérateur. L'Andante porté par les cors, la petite harmonie et les pizzicati des cordes fait montre de grandes variations rythmiques et dynamiques avant que le Finale n'associe poésie, tension et solennité dans l'évocation, sans cesse renouvelée, de la Nature et des grands espaces typiquement sibéliens.

Répondant à la demande du public conquis par cette belle lecture, Nimrod, extrait des Variations Enigma d'Edward Elgar referme la soirée dans la sérénité.

Crédit photographique : © Musacchio, Ianiello et Pasqualini

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 2-II-2023. Serge Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n° 1 en ré majeur op. 25 dite « classique » ; Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano en sol majeur ; Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 5 en mi bémol majeur op. 82. Vikingur Ólafsson, piano. Orchestre de l’Académie Sainte Cécile de Rome, direction : Sir Antonio Pappano.

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