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Suresnes. Théâtre de Suresnes Jean Vilar. 22-I-2023. Leïla Ka : Pode ser, Se faire la belle, C’est toi qu’on adore. Chorégraphie : Leïla Ka. Création lumière : Laurent Fallot. Avec : Anna Tierney pour Pode ser, Leïla Ka pour Se faire la belle, Leïla Ka et Jane Fournier Dumet pour C’est toi qu’on adore.
Leïla Ka présentait au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre du festival « Suresnes Cités Danse », trois courtes pièces dont son premier solo Pode ser, œuvre programmatique de créations aux sources diverses qui prennent corps dans un geste chorégraphique original, réjouissant et revigorant.
Le programme s'ouvre avec Se faire la belle, dernier solo de Leïla Ka. La jeune chorégraphe reprend ici certaines des nombreuses inspirations qui nourrissent son œuvre, notamment ce qu'elle a pu puiser chez Maguy Marin, dont elle fut une interprète pour May B. C'est d'ailleurs dans les pas de cette dernière que Leïla Ka a osé créer son premier solo, Pode ser, primé cinq fois à l'international et transmis ici à la talentueuse Anna Tierney. De RamDam, lieu où naissent les pièces de Maguy Marin, à « Danse Élargie », concours du Théâtre de la Ville de Paris remporté par Leïla Ka lors de sa dernière édition, le parcours de cette artiste talentueuse est auréolé de succès et trace un chemin foisonnant aux quatre coins du monde.
Il n'y a que des femmes dans ce programme et Leïla Ka ne cache pas son intérêt pour la cause féministe. Mais elle souhaite avant tout parler de femmes fragiles, abandonnées, plutôt que revendiquer une quelconque sororité. Inspirée de figures romantiques, elle dessine dans ses créations un vocabulaire fait d'élans vigoureux, de gorges déployées, de corps las qui se reprennent avec forces. Nourrie du hip hop, de danse contemporaine et de danse classique, elle s'approche d'une Anne Teresa de Keersmaeker ou d'une Pina Bausch. Elle emprunte à la première une certaine vision géométrique de la danse et à la seconde une gestuelle proche du théâtre dansé.
Accompagnée de musique classique tout autant que de musique électronique, Leïla Ka dit ne pas être spectatrice de danse contemporaine. Les mots de Maguy Marin lui ont mis de « petites ailes sur le dos » comme elle aime à le dire et, depuis, elle trace une route où une grammaire libre, pleine d'élans, de suspensions et de forces vives tutoie un vocabulaire en perpétuel mouvement, témoin d'une signature chorégraphique qui sait maintenir sa singularité tout en se renouvelant.
Les pièces de Leïla Ka portent en elles un pouvoir cathartique qui nous pousse à l'allégresse, à « oser » nous-même. Accompagnée de grâce et d'une énergie tellurique, Leïla Ka proposait son dernier duo, C'est toi qu'on adore, où les volutes et anacrouses se jouaient dans le souffle commun d'une danse puissante et endurante et où l'écoute de l'autre compte tout autant que sa propre trajectoire. La chorégraphe, accompagnée de l'excellente Jane Fournier Dumet à l'énergie explosive, engage avec ce duo un pas de plus vers des pièces plus amples, travail entamé avec Bouffées la saison passée. Le Phase d'Anne Teresa de Keersmaeker n'était pas loin. Leïla Ka propose néanmoins une danse unique, nouveau phare dans le paysage chorégraphique actuel et elle compte déjà parmi les créateurs les plus audacieux et remarquables de sa génération.
Crédits photographiques : © Guy Henri © Martin Argyroglo
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Suresnes. Théâtre de Suresnes Jean Vilar. 22-I-2023. Leïla Ka : Pode ser, Se faire la belle, C’est toi qu’on adore. Chorégraphie : Leïla Ka. Création lumière : Laurent Fallot. Avec : Anna Tierney pour Pode ser, Leïla Ka pour Se faire la belle, Leïla Ka et Jane Fournier Dumet pour C’est toi qu’on adore.