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Martha Argerich, Daniel Barenboim et les Berliner Philharmoniker

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Berlin. Philharmonie. 7-I-2023. Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano et orchestre en la mineur op. 54 ; Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n° 2 en ré majeur op. 73. Martha Argerich, piano. Orchestre Philharmonique de Berlin, direction : Daniel Barenboim. Concert capté en direct et diffusé en livestream sur digitalconcerthall

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Devant une telle affiche, que demander de plus ? C'est étonnamment la première fois que , et les Berliner Philharmoniker se trouvent réunis sur la scène de la Philharmonie de Berlin, dans un programme associant Schumann et Brahms.

Après de longs mois d'absence dus à la détérioration de son état de santé, est revenu sur scène la semaine dernière pour diriger la Symphonie n° 9 de Beethoven à l'occasion des concerts du Nouvel An au Staatsoper de Berlin, annonçant dans les suites immédiates de ces concerts sa décision de quitter la direction musicale de l'institution berlinoise qu'il dirigeait depuis 1992, ainsi que de la Staatskapelle qui lui est attachée.

Pour l'heure, c'est ce soir à la tête de l' que nous le retrouvons pour un concert en compagnie de sa complice de toujours, . Il serait sans doute indécent de vouloir émettre une critique formelle d'un tel concert réunissant deux musiciens prodiges, célèbres et emblématiques, qui ont marqué le siècle, tant la composante humaine forçant le respect et l'émotion dépasse de beaucoup la problématique musicale au point de la rendre quelque peu dérisoire. Aussi se laisse-t-on gagner immédiatement par l'émotion en voyant entrer sur scène marchant à petits pas, soutenu par pour gagner le pupitre d'où il dirigera assis l'ensemble du concert sans partition.

Le Concerto pour piano et orchestre n° 1 de (1846), pièce incontournable du répertoire romantique, ouvre la soirée devant une salle comble déjà totalement acquise aux deux interprètes. La pianiste Martha Argerich qui l'a si souvent donné en concert et dont elle a fait une de ses œuvres fétiches depuis plus de 70 ans (née en 1941, premier concert à l'âge de 11 ans) nous en livre une très belle interprétation où l'on apprécie, après un début un peu poussif, la qualité du dialogue entre piano et bois (hautbois et clarinette) dont la pianiste règle les entrées par le regard et de petits mouvements de tête. Le deuxième mouvement Intermezzo, tendre et délicat voit se développer une émouvante intimité entre piano et orchestre (flute, violoncelles, basson), porté par le jeu inspiré et poétique de la soliste avant que le Finale ne retrouve un piano conquérant, fougueux, et virtuose conduisant à une coda flamboyante. Dans un clin d'œil plein d'humour et d'émotion, les deux interprètes s'installent au piano pour donner en bis, à quatre mains, « Petit mari, petite femme » extrait des Jeux d'enfants op.22 de Georges Bizet, concluant cette première partie sur une standing ovation prolongée chargée d'affectueuse reconnaissance.

La seconde partie est dévolue à la Symphonie n° 2 de . Une pièce immédiatement séduisante par sa fraicheur, sa légèreté pastorale qui n'élude pas certains passages plus sombres dans une alternance typiquement brahmsienne. Bénéficiant d'une instrumentation riche et variée, elle constitue depuis sa création en 1877 par Hans Richter à Vienne, un des chevaux de batailles de toutes les phalanges symphoniques et notamment des Berliner Philharmoniker. Dès l'Allegro initial on comprend rapidement que la prestigieuse phalange berlinoise devra, ce soir, jouer seule sans véritable direction tant la gestique de Daniel Barenboim parait extrêmement limitée, se limitant à marquer d'une main lasse quelques inflexions du phrasé… C'est alors que peu à peu, devant une interprétation apollinienne d'une grande beauté formelle mais sans véritable originalité, l'esprit s'évade pour repenser aux principales étapes d'une fabuleuse carrière de chef et de pianiste d'exception.

On retiendra de ce concert, non seulement les notes, mais surtout quelques images fortes comme le duo enfantin avec Martha Argerich, image d'une amitié remontant à l'enfance, mais aussi la standing ovation infiniment prolongée (plus de 10 minutes) durant lesquelles Daniel Barenboim déconstruit le bouquet qui lui a été offert pour offrir une à une les fleurs aux musiciennes de l'Orchestre…Un moment d'empathie et de communion entre chef, musiciens et public qu'on n'oubliera pas… Merci Maestro !

Crédit photographique : © Imago/ Future Image

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