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Herbert Fritsch met en scène un Vaisseau fantôme comique à Berlin

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Berlin. Komische Oper. 29-XII-2022. Richard Wagner (1813-1883) : Der Fliegende Holländer (Le Hollandais volant/Le vaisseau fantôme), opéra en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène et décor : Herbert Fritsch ; costumes : Bettina Helmi. Avec : Tijl Faveyts (Daland), Daniela Köhler (Senta) ; Brenden Gunnell (Erik) ; Karolina Gumos (Mary) ; Caspar Singh (Steuermann) ; Simon Neal (Der Holländer). Chœur de la Komische Oper, Vokalconsort Berlin ; Orchestre de la Komische Oper Berlin ; direction : Hendrik Vestmann

L'humour ne parvient pas à donner du sens à un livret problématique, mais le Komische Oper offre ainsi un divertissement efficace en période de fêtes.

Peut-on prendre tout à fait au sérieux le premier des opéras de Wagner à avoir intégré le grand répertoire ? Il n'est pas très surprenant que s'intéresse dans l'œuvre d'abord à la part d'opérette qui s'y trouve, à travers le personnage de Daland qui est si heureux de pouvoir marier sa fille en faisant une bonne affaire, mais aussi avec une Mary prise de boisson et un Erik désespérément empoté. Les esprits chagrins pourront toujours faire des recherches, c'est bien dans le livret et dans la partition qu'il trouve cet humour, auquel il ne se limite du reste pas. Dès l'ouverture, la scène s'ouvre sur un espace clos, meublé seulement d'un grand bateau manipulé par les marins hollandais, sortes de zombies désuets : les grands espaces marins, la tempête et le vent du large ne sont pas au programme du spectacle, qui tire au contraire profit de l'atmosphère étriquée et conformiste de l'histoire choisie par Wagner.

Les marins de Daland comme les compagnes de Senta semblent des groupes de clones, de grands enfants sans personnalité, sans mémoire et sans avenir, et Daland lui-même en est resté à ses pulsions primaires et enfantines – il est son uniforme avant tout, tandis que le Hollandais paraît toujours sortir d'un tableau du XVIIᵉ siècle, celui-là même que Senta contemple à l'acte II. Fritsch livre donc un spectacle très drôle, comme on pouvait s'y attendre, et qui livre une analyse juste des limites du livret ; il l'avait déjà fait brillamment avec son Freischütz à l'Opéra de Zurich, mais la réussite est un peu moindre cette fois, parce que le rire est ici moins révélateur : on ne pourra plus jamais voir le Vaisseau fantôme dans une mise en scène qui le prendrait au sérieux après ce spectacle, mais on ne sait pas très bien en quoi il était nécessaire de le mettre en scène – à moins d'en détourner entièrement la narration façon Dmitri Tcherniakov.


Pour cette dernière, le Komische Oper a dû trouver un remplaçant au chef qui a assuré toutes les représentations précédentes, mais n'a pas pu terminer celle du 17 décembre en raison d'un incident de santé. Dirk Kaftan a donc cédé la place à , directeur musical à Oldenbourg : un tel remplacement est rarement bénéfique, mais l'épreuve est ici brillamment surmontée, avec un orchestre puissant et riche en couleurs, et une coordination solide avec la scène, en particulier avec le chœur qui a pourtant fort à faire en matière de jeu théâtral, et s'en donne à cœur joie. La distribution, elle, a pour principal mérite de s'investir avec entrain dans le spectacle de Fritsch. et dans les deux rôles principaux ont chacun leurs limites, et plus encore , fort peu lyrique en Erik – qui chante le timonier l'aurait remplacé avec profit. Mais à défaut d'atteindre à la perfection vocale, l'ensemble reste d'un bon niveau et ne gâche pas le théâtre qui, ce soir, est l'essentiel.

Crédits photographiques : © Monika Rittershaus

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Berlin. Komische Oper. 29-XII-2022. Richard Wagner (1813-1883) : Der Fliegende Holländer (Le Hollandais volant/Le vaisseau fantôme), opéra en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène et décor : Herbert Fritsch ; costumes : Bettina Helmi. Avec : Tijl Faveyts (Daland), Daniela Köhler (Senta) ; Brenden Gunnell (Erik) ; Karolina Gumos (Mary) ; Caspar Singh (Steuermann) ; Simon Neal (Der Holländer). Chœur de la Komische Oper, Vokalconsort Berlin ; Orchestre de la Komische Oper Berlin ; direction : Hendrik Vestmann

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