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On a retrouvé Titus à l’Opéra de Rouen

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Rouen. Théâtre des Arts. 16-XII-2022. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clémence de Titus, opéra seria en 2 actes K. 621 (1791) sur un livret en italien de Caterino Mazzolà d’après Metastase. Version de concert. Avec : Ed Lyon, Tito ; Simona Šaturová, Vitellia ; Anna Stéphany, Sesto ; Victoire Brunel, Annio ; Chiara Skerath, Servilia ; Luigi de Donato, Publio. Chœur Accentus / Opéra de Rouen Normandie. Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction : Ben Glassberg.

La Clémence de Titus de enfin à l'Opéra de Rouen Normandie, en version de concert…

Il faut avouer qu'elle a connu bien des déboires cette production de La Clémence de Titus à l'Opéra de Rouen. Initialement prévue en 2020, annulée dans sa version scénique pour cause de pandémie et de confinement, puis réduite à un pâle épigone diffusé en streaming sous forme de morceaux choisis, sans Titus, passé à la trappe, avant d'être finalement enregistrée récemment en CD par Alpha Classics. La voici de nouveau sur les planches de l'Opéra de Rouen, en version de concert, certes, mais avec une distribution complète. Il convient sans doute de rappeler que cette persévérance à produire cet ultime opéra de Mozart par l'Opéra de Rouen ne tient peut-être pas qu'à la qualité (pour le moins discutable) de l'œuvre, mais plutôt à l'attachement personnel bien compréhensible de , mozartien convaincu, pour cette production qui marqua en 2020 ses débuts comme directeur musical de l'institution rouennaise.

Composé à la hâte pour répondre à une commande et probablement écrit à plusieurs mains, sur un livret obscur et emberlificoté (renoncement pour raison d'état, complot, amours contrariées et pardon tombé du ciel, baigné d'idéal maçonnique et d'impériale mansuétude), La Clémence de Titus reste un opéra de chanteurs fait de numéros célèbres qui mettent en avant tout le génie mozartien dans l'appariement des voix et des bois notamment.  Notre précédente chronique se terminait par ses mots : « En attendant des jours meilleurs… » Il semble bien que ces jours tant attendus soient aujourd'hui advenus, comme en témoigne cette prestation qui fait essentiellement appel à de jeunes chanteurs, mais qui appelle toutefois quelques réserves…

Emporté par sa fougue à diriger cette œuvre chérie, malmène quelque peu la phalange normande avec une énergie souvent mal contrôlée, variant du forte au triple forte, avare en nuances, sur un phrasé taillé à la serpe qui manque d'élégance, de délicatesse et de cantabile, opposant thème rythmique et thème mélodique de façon un peu grandiloquente avec force timbales qui ne sont pas du meilleur effet dans cette salle à l'acoustique délicate fortement réverbérante à l'origine d'un déséquilibre entre orchestre et chanteurs obligeant souvent ces derniers à forcer quelque peu leur voix… Les choses s'améliorerons toutefois en deuxième partie avec une direction plus mesurée et attentive.

La distribution vocale est quant à elle presque identique à celle de la dernière mouture donnée pendant le confinement, à l'exception notable de la réapparition attendue du héros : Titus, ici superbement interprété par , venu de la mouvance baroque, qui donne à son personnage beaucoup d'humanité par ses doutes et ses emportements, et beaucoup de souplesse et d'émotion par son chant, comme lors de son dialogue avec le Chœur au II : « Ah, grazie si rendano ». est toujours aussi convaincante dans le rôle de la vipérine Vitellia qu'elle assure crânement tant scéniquement que vocalement par son timbre chaud, légèrement acidulé dans le haut du registre, par son large ambitus avec des graves bien timbrés, par sa projection éclatante comme par la souplesse de sa ligne de chant, son legato et la facilité de ses vocalises : autant de qualités qui trouveront leur acmé dans son célèbre Rondo du II : « Non, più di flori » avec cor de basset obligé (Lucas Dietsch). Nouveau venu dans cette distribution magnifie le personnage de Publio par la beauté et la profondeur de sa basse autant que par son charisme, malgré la discrétion de ses apparitions avec un « Tardi s'avvede » au II d'une confondante grandeur. Plus en retrait vocalement et scéniquement le Sesto d' déçoit quelque peu par l'instabilité de sa ligne comme par son manque d'engagement scénique ; son « Parto, parto » au I manque cruellement d'émotion malgré le superbe accompagnement de clarinette obligée de Naoko Yoshimura tandis que son «Deh, per questo istante solo » au II séduit, a contrario, par son accompagnement délicat à l'orchestre, comme par son legato, ses nuances, ses couleurs, ses vocalises et ses aigus filés. Annio (Victoire Brunel) et Servillia () impressionnent par la fraicheur de leur duo au I : « Ah, perdona al primo affeto », tandis que le Chœur / Opéra de Rouen se montre, comme à son habitude, excellent.

Crédit photographique : ©  ResMusica

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Rouen. Théâtre des Arts. 16-XII-2022. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : La Clémence de Titus, opéra seria en 2 actes K. 621 (1791) sur un livret en italien de Caterino Mazzolà d’après Metastase. Version de concert. Avec : Ed Lyon, Tito ; Simona Šaturová, Vitellia ; Anna Stéphany, Sesto ; Victoire Brunel, Annio ; Chiara Skerath, Servilia ; Luigi de Donato, Publio. Chœur Accentus / Opéra de Rouen Normandie. Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, direction : Ben Glassberg.

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