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Michael Spyres, Timothy Ridout et John Nelson célèbrent Berlioz

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7 (version 1856) ; Harold en Italie op. 16. Michael Spyres, baryténor ; Timothy Ridout, alto ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : John Nelson. 1 CD Erato. Enregistré du 12 au 15 octobre 2021 au Palais de la Musique et des Congrès, Strasbourg, Salle Erasme. Notice trilingue : anglais-français-allemand. Durée : 72:39

 

Chantées dans toutes les tessitures et bien souvent malmenées, Les Nuits d'été resplendissent dans cette interprétation du baryténor , tandis qu'Harold en Italie joliment interprété par le jeune altiste complète judicieusement cet album dédié à sous la baguette de à la tête de l'.

Lorsqu'en 1856 orchestra Les Nuits d'été, initialement prévues pour piano et voix (1841), il suggéra que ces mélodies composées sur des textes de Théophile Gautier puissent être chantées dans différentes tessitures masculines ou féminines. Ceci explique la discographie pléthorique consacrée à ce cycle, justement considéré comme l'acte de naissance de la mélodie française moderne ouvrant ainsi la voie à Gounod, Duparc et autre Fauré…On ne s'étonnera pas alors que le très actif baryténor s'y attelle dans une lecture très théâtralisée (trop ?) usant à profusion de son exceptionnel ambitus et de nuances rythmiques et dynamiques parfois excessives. Certes on admirera sans réserve la qualité du chant (beauté du timbre, projection idéale, souplesse de la ligne, sublime legato, diction irréprochable) pour souligner les différentes facettes de ce parcours conduisant de l'amour printanier à la passion et de la solitude à la mort. Mais, comme dit l'adage, « qui trop embrasse, mal étreint » et il faut bien avouer qu'en exacerbant à outrance la dramatisation du discours, cette interprétation perd quelque peu de son unité, de sa poésie, de son élégance, de son émotion et de son potentiel d'évocation pour paraitre par instant presque trop pesante. Si Villanelle et L'Ile inconnue séduisent par leur allant et leur fraicheur, Le Spectre de la rose semble manquer quelque peu de délicatesse, tandis qu'on aurait souhaité plus de recueillement dans le lamento Sur les lagunes ; Absence souffre d'un tempo exagérément lent et Au cimetière parait quelque fois légèrement maniéré…Bref une interprétation de belle facture, captée en concert à Strasbourg en 2021, certes chantée dans sa tonalité initiale mais qui ne bouleversera pas la discographie largement dominée par Régine Crespin !

Conduit par , berliozien reconnu de longue date, soutenu par une phalange strasbourgeoise superlative et interprété par le talentueux à l'alto, Harold en Italie (1834) ne souffre en revanche d'aucune réserve. Là encore la vocalité prévaut et jamais l'alto n'a paru plus proche de la voix humaine pour nous conter ce voyage inspiré du héros de Byron, en quatre étapes comme autant de tableaux musicaux sortis de l'imaginaire du compositeur où se mêlent mélancolie et passion. Si l'orchestre est celui de la Symphonie fantastique (1832) Harold en Italie, sans en être toutefois le pâle épigone, répond comme elle au principe de l'idée fixe avec son thème récurrent confié à l'alto. On ne sait qu'admirer le plus de la maestria de la direction, de la virtuosité et du legato du soliste, des performances individuelles ou de la cohésion de la phalange alsacienne dans ce poèmes symphonique flamboyant de couleurs : Harold aux montagnes avec son phrasé très descriptif met en miroir le paysage grandiose figuré par la fougue de l'orchestre et la rêverie d'Harold évoquée par la douce cantilène de l'alto subtilement renforcée par la harpe, avant une coda des plus brillantes ; la Marche des pèlerins met en avant toute la maitrise de Berlioz dans le maniement des timbres et de l'orchestration avec des effets de spatialisation et d'imitation se déployant sur les arpèges obstinés et envoutants de l'alto ; La Sérénade d'un montagnard des Abruzzes séduit par sa dynamique et sa rusticité annoncée par le hautbois, le piccolo et le cor anglais tandis que l'alto chante sa sérénade ; l'Orgie des brigands renoue dans le Finale avec le climat fougueux initial dans une véritable pyrotechnie orchestrale bouillonnante et furibonde où l'alto se perd puis succombe…Magnifique ! Un jeune altiste à suivre…

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7 (version 1856) ; Harold en Italie op. 16. Michael Spyres, baryténor ; Timothy Ridout, alto ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : John Nelson. 1 CD Erato. Enregistré du 12 au 15 octobre 2021 au Palais de la Musique et des Congrès, Strasbourg, Salle Erasme. Notice trilingue : anglais-français-allemand. Durée : 72:39

 
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