Plus de détails
Marseille. Opéra. 13-XI-2022. Gioachino Rossini (1792-1868) : Elisabetta regina d’Inghilterra, drama per musica en deux actes sur un livret de Giovanni Schmidt. Version de concert. Avec : Karine Deshayes, Elisabetta ; Giuliana Gianfaldoni, Matilda ; Floriane Hasler, Enrico ; Julien Dran, Leicester ; Ruzil Gatin, Norfolk ; Samy Camps, Guglielmo. Chœur de l’Opéra de Marseille (chef de chœur : Emmanuel Trenque). Orchestre de l’Opéra de Marseille, direction : Roberto Rizzi Brignoli
L‘Opéra de Marseille confirme ses affinités avec l'opéra sérieux de Rossini, en proposant, pour la première fois de son histoire, une Elisabetta regina d'Inghilterra de belle tenue.
L'œuvre est la toute première créée pour l'Opéra de Naples, en 1815, par un tout jeune compositeur (23 ans !) aux dents longues, déjà auréolé de certains francs succès dans plusieurs villes d'Italie. Mais le San Carlo, en ce début du XIXe siècle, était la maison la plus prestigieuse d'Europe, voire du monde, et disposait dans sa troupe de la fine fleur du chant. Il fallait donc que Rossini se dépasse, et de fait, avec les neufs opéras qu'il composa pour Naples, il révolutionna durablement l'art lyrique.
Elisabetta n'est pas exempte de quelques emprunts à des œuvres antérieures, mais surtout, en ces temps où les enregistrements n'existaient pas, et donc où le public n'avaient pas pu entendre les opéras dans les villes où ils n'avaient pas été donnés, en recycle de larges parties pour Rome l'année suivante, dans ce qui est considéré comme son chef-d'œuvre, Il Barbiere di Siviglia, notamment l'ouverture, une partie du finale et l'air de Rosine.
L'intrigue est suffisamment faible (la reine est amoureuse de Leicester, qui est déjà secrètement marié à une descendante des Stuart ; elle le condamne à mort avant de se raviser et de bénir leur union) pour justifier une version de concert.Ce qui est moins justifiable, en revanche, ce sont les rangs clairsemés de l'auditoire. Le public marseillais est-il donc si frileux pour ne pas avoir envie de découvrir une œuvre rare ?
Dans le rôle-titre, Karine Deshayes, toute fraîche auréolée de son triomphe à Pesaro dans la même œuvre, cette fois-ci en version scénique, est une Elisabetta idéale, à la tessiture exacte. C'est également la seule à imprimer quelques émotions sur son visage. Julien Dran n'est certes pas le baryténor exigé par Leicester, créé par Andrea Nozzari, mais il se débrouille bien, avec des graves joliment timbrés. Est-ce en raison de l'effort et de la concentration nécessaires qu'il semble si raide ? Ruzil Gatin n'a pas ce genre de problèmes. Le fond de commerce de ce ténor russe se concentre en effet sur les opéras du Cygne de Pesaro, et il se promène en toute tranquillité dans cette partition. Toutefois, son timbre métallique est particulièrement déplaisant. Chez Rossini, ce n'est pas rédhibitoire, mais quand même ! Giuliana Gianfaldoni est une Matilda sans grand relief. Floriane Hasler et Samy Camps n'ont pas grand chose à chanter, mais ils le font bien.
Roberto Rizzi Brignoli manque un peu de précision dans sa direction, et on est effrayée dès l'ouverture par certaines notes des cors d'une justesse douteuse. Heureusement, tout se remet en place au fur et à mesure du déroulement de la représentation.
Crédit photographique © Christian Dresse
Plus de détails
Marseille. Opéra. 13-XI-2022. Gioachino Rossini (1792-1868) : Elisabetta regina d’Inghilterra, drama per musica en deux actes sur un livret de Giovanni Schmidt. Version de concert. Avec : Karine Deshayes, Elisabetta ; Giuliana Gianfaldoni, Matilda ; Floriane Hasler, Enrico ; Julien Dran, Leicester ; Ruzil Gatin, Norfolk ; Samy Camps, Guglielmo. Chœur de l’Opéra de Marseille (chef de chœur : Emmanuel Trenque). Orchestre de l’Opéra de Marseille, direction : Roberto Rizzi Brignoli