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L’Orchestre National de France sous le soleil d’Italie

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Paris. Maison de Radio-France. 20-X-2022. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Concerto pour violon et orchestre n° 2 en mi mineur op. 64 ; Georges Bizet (1838-1875) Symphonie « Roma » en ut majeur ; Ottorino Respighi (1824-1910) Pins de Rome. Julia Fischer, violon. Orchestre National de France, direction : Christian Măcelaru

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Riccardo Muti souffrant, c’est finalement son directeur musical en titre, Christian Măcelaru qui conduit ce soir le « National » pour ce périple romain dans un programme ensoleillé associant la Symphonie « Roma » de Georges Bizet et les Pins de Rome d’Ottorinio Respighi. En préambule la violoniste Julia Fischer interprète le Concerto pour violon de Felix Mendelssohn.

Pièce incontournable du répertoire romantique violonistique, le Concerto pour violon et orchestre (1844) de Felix Mendelssohn ouvre la soirée dans un climat radieux, au son chaud du violon de Julia Fischer. L’Allegro initial, aux allures rhapsodiques, met en avant le phrasé souple et la virtuosité éclatante (cadence) de la violoniste dans une interprétation soignée, sans effets de manche et sans outrances. On apprécie le charme mélodique, le jeu très coloré de la soliste qui passe avec une facilité confondante de la véhémence à l’épanchement, soutenue par l’accompagnement dynamique, équilibré et complice de l’orchestre sous la battue attentive de Christian Măcelaru. L’Andante, porté par un superbe legato, déroule ensuite sa douce cantilène pleine de poésie comme une tendre déclaration d’amour teintée d’une pointe de mélancolie sur de longs et délicats ondoiements, avant que timbales et cuivres n’annoncent l’Allegretto final, virtuose et virevoltant, qui trouvera son épanouissement dans un dialogue serré du violon et de la petite harmonie (flûte). En « bis » le Caprice n° 13 de Paganini conclut la première partie.

La seconde partie est entièrement consacrée à la « Ville éternelle » avec une mise en miroir assez démonstrative de deux œuvres d’un intérêt bien différent.

La Symphonie « Roma » de Georges Bizet fut l’objet d’une genèse mouvementée, plusieurs fois remise sur le métier, modifiée, révisée, de telle façon que sa composition s’étala de 1860 à 1868 avec un résultat qui n’est pas des plus concluants. Initialement intitulée « Souvenir de Rome » elle devait s’inscrire dans une vaste fresque en quatre mouvements célébrant Rome, Venise, Florence et Naples. Bizet ne mena jamais à bien ce grand projet pour ne garder de son séjour à Rome (à la Villa Médicis) que cette fantaisie symphonique en quatre sections, comme autant de mouvements d’évocations toutes personnelles (!) assez peu typées, dont le seul intérêt réside dans sa rareté d’exécution en concert. On en retiendra de belles performances individuelles et collectives tout au long des quatre mouvements qui s’y succèdent : la superbe prestation d’Hervé Joulain au cor, l’orchestration délicate (harpe omniprésente) ainsi que le climat d’attente mystérieuse, le phrasé haletant et le beau crescendo dans Une chasse dans la foret d’Ostie ; la vitalité des cordes, de la petite harmonie et de la harpe dans le Scherzo porté par une dynamique allante et nuancée ; la beauté mélodique de Procession, mouvement lent où se distinguent tout particulièrement le magnifique solo de Patrick Messina à la clarinette ainsi que le dialogue plein de grâce entre le cor, la petite harmonie et le violon solo ; les fanfares de cuivres et l’acuité de la direction d’orchestre dans Carnaval à Rome qui conclut de belle manière, très dynamique cette œuvre un peu insipide dont les rapports avec Rome et l’Italie paraissent bien lointains…

D’une toute autre facture et d’un attrait bien supérieur les Pins de Rome referment ce concert sur une remarquable interprétation du National chauffé à blanc par l’acuité de la direction de Christian Măcelaru. Deuxième volet du triptyque symphonique romain d’Ottorino Respighi, les Pins de Rome (1923) s’inscrivent entre les Fontaines de Rome et les Fêtes romaines. Appartenant également aux compositions dites d’évocation, ces pièces séduisent par le brio de leur orchestration autant que par la diversité de leurs climats, déclinés en quatre mouvements joués enchainés : les Pins de la Villa Borghese qui séduit par sa dynamique dansante et chatoyante où la musique circule de pupitre en pupitre (cordes, percussions, vents, petite harmonie) ; les Pins près d’une catacombe qui fait valoir les sonorités graves (cordes graves, clarinette basse, basson et cor) de l’orchestre dans un climat d’un lugubre statisme entretenu par les roulements sourds de timbales et les appels de trombone et de trompette ; les Pins du Janicule, tout animé de bruissements crépusculaires et de scintillements sur un phrasé fluide et limpide où se distinguent la clarinette solo, le violoncelle, le célesta, le piano et la harpe ; les Pins de la via Appia qui achèvent triomphalement cette balade dans la canopée romaine sur une marche solennelle menée par les cuivres spatialisés, avec beaucoup d’effets sonores depuis un climat lointain et fantomatique (cor anglais) jusqu’à une péroraison éclatante qui figure « la montée au triomphe du Capitole » recrutant le tutti dans une magnifique progression parfaitement menée par Christian Măcelaru.

Crédit photographique : © Jakob Helmer Mørk

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