Quand il est arrivé à la direction de l'Opéra de Paris le 1er septembre 2020, Alexander Neef a affirmé sa volonté de prendre en compte la diversité de la société sur scène et dans la salle. L'institution avait alors commandé un rapport à Pap Ndiaye (l'actuel ministre de l'Éducation nationale, à cette époque directeur général du Musée de l'Histoire de l'immigration) et à Constance Rivière. Tout cela dans le contexte du mouvement Black Lives Matter et suite à un manifeste des danseurs et des chanteurs de l'institution réclamant une meilleure prise en compte de la diversité. Parmi les pistes rendues par les rapporteurs : repérer les talents dans tous les territoires, rendre plus accessibles les recrutements.
Dans ce prolongement, l'Opéra de Paris a annoncé cette semaine le lancement d'un projet de coopération culturelle avec la Guyane. Le constat est en effet le suivant sur ce territoire d'Outre-mer : un jeune qui souhaite se professionnaliser en danse ou en chant doit quitter la région, faute d'enseignement supérieur sur place. De même pour travailler, il ne peut que se tourner vers l'extérieur pour intégrer des ballets. Les premier prix partent faute de subventions. Et dans les esprits des jeunes, l'école de danse de l'Opéra de Paris n'est pas du domaine du possible, indique la directrice de l'Académie, Myriam Mazouzi, tout en rappelant qu'en métropole les effectifs dans les écoles de danse baissent de façon inquiétante, notamment chez les garçons.
Devant cette nécessité de former de nouvelles générations et de s'ouvrir, l'institution lance en novembre un programme, financé en mécénat par la société Meridiam, qui permettra d'une part la « détection » sur place des jeunes prometteurs en chant et en danse, et, d'autre part, de développer un axe d'éducation artistique et de découverte intitulé « OpérApprentis » à destination de jeunes adultes en Centre de Formation d'Apprentis (CFA), mais également des ateliers et rencontres avec les acteurs culturels sur place, et aussi des spectacles. Certains jeunes danseurs ou chanteurs pourraient venir étudier en métropole dans le cadre d'un mécénat.
Fin novembre à Cayenne, dans le cadre du Festival Danse Métisses sera donnée une soirée de danse classique (la première sur place !) et contemporaine et un récital de chant dans la salle des Trois fleuves (409 places). Trois danseurs étoile dont Stéphane Bullion et deux danseurs du ballet y participeront de même que le baryton Timothée Varon et la mezzo-soprano Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (anciens artistes de l'Académie) accompagnés au piano par Jeff Cohen. Ce projet en Guyane prévu pour trois ans, aurait vocation à se développer dans d'autres territoires ultra-marins, mais rien n'est à l'ordre du jour pour le moment.
On ne peut s'empêcher de penser par ailleurs au Concours Voix des Outre-mer, fondé en 2017 par le contreténor martiniquais Fabrice di Falco et qui vise à distinguer et promouvoir de jeunes talents originaires des Outre-mer. En 2019, il consacrait la magnifique soprano Marie-Laure Garnier, originaire de Guyane. (NF)
