Les Académiciens Thierry Escaich et Régis Campo se sont associés pour rendre hommage à leurs prédécesseurs lors du concert de fauteuil n°7 et 8 dans le luxueux auditorium du Palais de l'Institut de France. Avec, sur le plateau, le Trio Messiaen et l'ensemble Ars Nova (qui fête cette année ses soixante ans), ils ont concocté un programme aussi divers qu'attrayant où passent les noms illustres d'Olivier Messiaen (1908-1992), Marius Constant (1925-2004), Charles Trenet (1913-2001), Jacques Taddei (1946-2012) et Charles Chaynes (1925-2016), des figures du monde musical qu'ils ont tous deux pu croiser à un moment ou à un autre de leur formation et dont ils témoignent à tour de rôle.
Éminent organiste et improvisateur, Thierry Escaich est au piano pour faire revivre avec beaucoup de saveur deux chansons de Charles Trenet. Après la Louange à l'éternité de Jésus (extrait du Quatuor pour la fin du temps) d'Olivier Messiaen sous le très bel archet de David Petrlik, le Trio Messiaen, sous la férule du pianiste Philippe Hattat qui l'a arrangée, joue la Symphonie improvisée de Jacques Taddei, d'après l'œuvre enregistrée à l'orgue par le compositeur. Seule en scène, la violoniste Catherine Jacquet interprète, et avec quel panache, Comme un raga de Charles Chaynes. Elle est aux côtés de Marie Charvet, Odile Auboin et Isabelle Veyrier (Ars Nova) pour le quatuor tout en relief et couleurs de Marius Constant, Die Trennung, Quartettsatz.
On retrouve le Trio Messiaen dans Lettres mêlées de Thierry Escaich, une pièce jouant sur l'équivalence lettres-notes des trois B (Bach, Brahms, Bartók) où le compositeur échafaude une écriture savante défendue bec et ongles par les interprètes.
À la tête de l'ensemble Ars Nova incluant un piano jouet, Régis Campo fait son Saint-Saëns avec Zoo Circus qui termine la soirée dans la fantaisie et la bonne humeur : entre citations, miaulements et objets couineurs (la percussionniste Isabelle Cornelis est très affairée), ce sont onze miniatures délicatement ciselées qui regardent vers le monde animal et dont nous citerons les plus réussies : Hiboux nocturnes, La chevauchée des papillons ou encore… Mouettes, compositeurs et pianistes ! (MT)