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Le retour des Widor étincelants de Pierre Labric à Saint-Ouen de Rouen

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Charles-Marie Widor (1844-1937) : Symphonie n° 5 pour orgue op. 42 n° 1 (1879) ; Symphonie n° 6 pour orgue op. 42 n° 2 (1878). Pierre Labric au grand orgue Aristide Cavaillé-Coll (1890) de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen (Normandie). 1 CD Solstice. Enregistré en l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen les 6 et 7 Juillet 1971. Livret en français et en anglais. Durée : 70:35

 

, dernier disciple vivant de l'école Dupré, avait gravé entre autres l'intégrale des symphonies de Widor en 1971. Grâce à l'heureuse découverte des bandes originales, le label Solstice propose deux des plus célèbres symphonies, les n° 5 et 6, bouillonnantes de vie et d'inspiration.

dont on a fêté le 101° anniversaire en juin de cette année fut l'élève de Marcel Dupré et surtout par la suite celui de pour laquelle il porte encore une véritable vénération. Au tournant des années 70, cet artiste avait gravé une multitude de disques pour le label « Grand Orgue » de Jacques Maigret (Téléson) installé à Rouen. utilisa alors essentiellement le célèbre Cavaillé-Coll de l'abbatiale Saint-Ouen de cette ville pour servir le grand répertoire symphonique. Quelques enregistrements furent réalisés également aux orgues de Saint-Sernin de Toulouse et en la cathédrale d'Angoulême.

Parmi ces disques existait le cycle complet des 10 symphonies de composées de 1872 à 1900. Il furent édités dans un coffret vinyle paru aux Etats-Unis sous le label Musical « Heritage Society » et rapidement épuisé. Malheureusement, la qualité du pressage était de mauvaise qualité et une réédition moderne à partir de ces sources-là était impossible. François Carbou nous explique qu'il fut récemment informé d'une vente de bandes originales refermant l'enregistrement des symphonies de Widor par Pierre Labric à Rouen. Se rapprochant de l'acquéreur, un médecin rouennais, ce dernier autorisait alors l'utilisation de ces masters pour la présente édition. La prise de son analogique de Jacques Maigret est très intéressante et caractéristique de la manière d'enregistrer du début des années 70 : captation assez proche de l'orgue, claire, peu réverbérée et privilégiant les timbres aigus de l'orgue.

Pierre Labric fut le disciple de . Son approche stylistique de l'orgue est bien marquée par celle qui fut la grand organiste du milieu du XX° siècle. Ils étaient tous deux issus de l'école Dupré, mais se sont démarqués du maitre, tout d'abord et puis Pierre Labric dans son sillage. On retrouve ici la manière même d'aborder un orgue telle qu'on la retrouve dans d'autres de ses enregistrements : un jeu franc, clair, incisif, fougueux dans les mouvements rapides, au contraire très intérieur dans les Adagios ou les Cantabile. Ses registrations sont pensées de manière dite néoclassique, privilégiant les plein-jeux en évitant trop de jeux graves pour ne pas alourdir le discours. Cela est très net dès le célèbre Allegro de la Symphonie n° 6, véritable cheval de bataille du répertoire symphonique. Le tempo est vif, les accords claquent, l'orgue de Saint-Ouen abandonne son côté sombre et mystérieux. La suite nous gratifie de belles sonorités caractéristiques de Cavaillé-Coll par des ensembles de jeux de fonds toujours somptueux. Dans l'Intermezzo, c'est un jeu pianistique qui résonne dans la nef de Rouen, ludique et humoristique.

Dans la Symphonie n°5, ce sont les mouvements extrêmes qui ont rendu célèbre cette œuvre. Le premier mouvement Allegro vivace est une suite de variations à partir d'un thème original de caractère conquérant. Chaque variation possède sa difficulté technique et les doigts virevoltent, comme dans la fameuse variation sur les flûtes que Widor avait surnommé « la mouche ». Le discophile et amateur de cette composition pourra s'amuser à confronter quelques versions célèbres, très nombreuses. Pierre Labric se situe parmi les versions les plus abouties directement reliées à la grande tradition de l'orgue symphonique dont Widor fut un des piliers les plus importants. La grâce de l'Allegro cantabile et la profondeur quasi mystique de l'Adagio nous préparent à la fameuse Toccata qui, bouclée en moins de 5 minutes, éblouit et explose de toutes parts.

Aujourd'hui Pierre Labric est le doyen des organistes français et le dernier représentant de cette génération prestigieuse d'organistes qui firent la gloire de la deuxième moitié du XX° siècle. Cet enregistrement rend pleinement justice à son art, qui grâce au label Solstice permet d'être connu du plus grand nombre : un témoignage historique, musical et profondément humain.

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Charles-Marie Widor (1844-1937) : Symphonie n° 5 pour orgue op. 42 n° 1 (1879) ; Symphonie n° 6 pour orgue op. 42 n° 2 (1878). Pierre Labric au grand orgue Aristide Cavaillé-Coll (1890) de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen (Normandie). 1 CD Solstice. Enregistré en l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen les 6 et 7 Juillet 1971. Livret en français et en anglais. Durée : 70:35

 
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1 commentaire sur “Le retour des Widor étincelants de Pierre Labric à Saint-Ouen de Rouen”

  • Timothy Thorson dit :

    C’est vraiment incroyable que cet artiste de l’orgue vie encore!! J’étais chez un collègue Breton de lui en 1988, Mâitre Jean Langlais. J’adore toujours les enregistrements de M. Labric, surtout la 2. Symphonie de Louis Vierne.

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