Cursus 2021-2022 : au croisement du son, de l’image et du mouvement
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Paris ; Centre Pompidou 24-IX-2022. Sachie Kobayashi (née en 1990) : Day 0 – Trans-instrumentalism, pour performer, vidéo, capture de mouvement et électronique ; Basile Chassaing (né en 1986) : Ailleurs, pour trompette, voix enregistrée, électronique et vidéo ; Di Zhao (née en 1995) : An immortal Flower, pour un danseur, vidéo et électronique ; Utku Asuroglu (né en 1986) : Conjectures and Refutations, pour violoncelle et électronique ; Matthias Krüger (né en 1987) : rosebud, pour un danseur et électronique. Corentin Marillier, performer ; Matthias Champon, trompette ; Léna Pinon Lang, création chorégraphique et danse ; Alexa Ciciretti, violoncelle ; Victor Virnot, création chorégraphique et danse. Pierre Jodlowski, compositeur associé au Cursus ; Sébastien Naves, Grégoire Lorieux, Claudia Jane Scroccaro, Jean Lochard, encadrement pédagogique Ircam ; Irène Gayraud, Kaya Kolodziejczyk, conseiller artistique.
Un vent de nouveauté et de liberté souffle sur la scène du Cursus de l'Ircam, emmené depuis la rentrée 2021 par son nouveau compositeur associé à la formation, Pierre Jodlowski.
Le Cursus est une formation en informatique d'une année complète, dispensée par les professeurs de l'Ircam à de jeunes compositeurs désireux de se familiariser avec les logiciels appliqués à la composition musicale que développe l'Institut de recherche. Le concert de restitution des œuvres de la promotion 2021-2022, qui fait l'ouverture de la saison de l'Ircam, s'organise cette année en deux temps. La seconde soirée investit la Grande salle du Centre Pompidou et affiche cinq des dix pièces en création dont l'esthétique repousse très loin les frontières de l'œuvre mixte (soliste instrumental et électronique) telle que l'envisageait, il y a quelques années encore, la plupart des musiciens en formation. Sous l'impulsion de Pierre Jodlowski, regardant vers l'interdisciplinarité, la dimension scénique et le mouvement des corps, la vidéo et la danse s'invitent cette année sur le plateau, abdiquant parfois la physicalité de l'instrument au profit d'une ingénierie high-tech.
C'est ce vers quoi tend la jeune Japonaise Sachie Kobayashi dans Day 0 – Trans-instrumentalism où le corps du performeur (Corentin Marillier), muni de capteurs gestuels, devient instrument de musique dont les sons interfèrent avec le support électronique. L'image inaugurale en 3D est impressionnante tandis que la vidéo joue sur la transformation de l'espace à la faveur d'un tulle transparent tendu en bord de scène : sons et lumière sont intermittents, agissant de manière interactive pour effacer les frontières entre l'écran et la scène et brouiller notre perception entre réel et virtuel. Le temps et l'espace fluctuent également dans Ailleurs du Français Basile Chassaing, une fresque audiovisuelle d'un grand raffinement accueillant les mots d'Henri Michaux (voix enregistrée de Hassam Ghancy) extraits de Au pays de la magie et la trompette live de Matthias Champon : recherche d'ambiguïté des sources sonores (trompette et électronique) au sein d'une dramaturgie épousant les saillies du récit.
Dans sa robe blanche et fluide, l'élégance de sa chorégraphie et l'environnement sensuel et mouvant de l'électronique – celle de la compositrice chinoise Di Zhao -, la danseuse Léna Pinon Lang captive notre regard au point d'en oublier la vidéo.
Son ascension des blocs cubiques sur une hauteur de deux mètres est le temps fort de sa performance, où la compositrice fait fusionner le son et le geste, la tension du flux électronique et l'effort physique. On reste dubitatif à l'écoute de Conjectures et refutations du compositeur turc Utku Asuroglu, une pièce mixte pour violoncelle (Alexa Ciciretti) et électronique où la juxtapositions d'événements sonores contrastés et les velléités lyriques du violoncelle participent d'un ensemble foisonnement dont on cherche la cohérence.
Le titre rosebud (bouton de rose) du compositeur allemand Matthias Krüger ne dit rien de la puissance qui émane du geste de Victor Virnot dans cette pièce pour danseur, capteurs et électronique.
Magnifique dans sa prestation au sol, Victor Virnot est à la fois danseur et instrumentiste, engendrant, via les capteurs, une dramaturgie sonore concomitante à sa chorégraphie, « même si la tension gestuelle reste liée à la tension compositionnelle », précise le compositeur. Dans les dernières minutes de rosebud, la voix traitée entendue dans les haut-parleurs suscite une joute sonore avec le danseur/performeur, une ultime torsion spectaculaire entre le geste et le son.
Dans l'esprit et la dimension d'un spectacle audiovisuel, les cinq pièces se sont enchaînées dans la plus grande fluidité et sans applaudissement, mettant les équipes techniques au défi!
Crédit photographique : © Ircam
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Paris ; Centre Pompidou 24-IX-2022. Sachie Kobayashi (née en 1990) : Day 0 – Trans-instrumentalism, pour performer, vidéo, capture de mouvement et électronique ; Basile Chassaing (né en 1986) : Ailleurs, pour trompette, voix enregistrée, électronique et vidéo ; Di Zhao (née en 1995) : An immortal Flower, pour un danseur, vidéo et électronique ; Utku Asuroglu (né en 1986) : Conjectures and Refutations, pour violoncelle et électronique ; Matthias Krüger (né en 1987) : rosebud, pour un danseur et électronique. Corentin Marillier, performer ; Matthias Champon, trompette ; Léna Pinon Lang, création chorégraphique et danse ; Alexa Ciciretti, violoncelle ; Victor Virnot, création chorégraphique et danse. Pierre Jodlowski, compositeur associé au Cursus ; Sébastien Naves, Grégoire Lorieux, Claudia Jane Scroccaro, Jean Lochard, encadrement pédagogique Ircam ; Irène Gayraud, Kaya Kolodziejczyk, conseiller artistique.