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Paris. Palais Garnier. 17-IX-2022. Gioachino Rossini (1792-1868) : Cenerentola, dramma giocoso en deux actes. Mise en scène : Guillaume Gallienne. Décors : Eric Ruf. Costumes : Olivier Bériot. Lumières : Bertrand Couderc. Avec : Gaëlle Arquez, Angelina ; Dmitry Korchak, Don Ramiro ; Vito Priante, Dandini ; Carlo Lepore, Don Magnifico ; Martina Russomanno, Clorinda ; Marine Chagnon, Tisbe ; Luca Pisaroni, Alidoro. Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Diego Matheuz
Dans cette deuxième reprise de cette production de Cenerentola montée au Palais Garnier en 2017, l'essoufflement artistique est malheureusement déjà prononcé et semble ne pas pouvoir rendre justice à cette œuvre qui, à l'Opéra de Paris, ne connaît pas réellement de production pérenne.
La mise en scène de Guillaume Gallienne n'est plus soutenue par une direction d'acteurs pertinente et les chanteurs sont souvent laissés à leur sort en usant des ficelles sollicitées dans le répertoire burlesque. Il ne se passe pas grand-chose sur scène qui retienne réellement l'attention et la pauvreté d'imagination des décors ne captive pas suffisamment l'œil pour soutenir l'intérêt. Les scories déjà recensées n'ont pas été rectifiées lors des précédentes reprises et l'ennui se distille gentiment tout au long d'une soirée que le plateau vocal relève péniblement.
Les plus grandes déceptions viennent des parties masculines. Dmitry Korchak, rossinien réputé, devient une caricature en forçant les notes aigües comme le fait un ténor lyrique en fin de carrière se voulant faire plus spinto que sa nature vocale. Il est incompréhensible qu'il émette toutes ses vocalises en force et en les savonnant, sans grâce ni légèreté, alors que la malice et le sourire sont constamment appelés par le rôle. Le souffle se fait court et le bas médium est quasiment inaudible, avec un cantabile mis à mal : quel dommage de devenir un ténor rossinien des années 1970 après avoir chanté il y a quelques années de façon plus idoine. Luca Pisaroni ne rachète pas les errements de son compère, car la voix n'y est plus : tout est vociféré, certes de façon égale sur l'ensemble de l'étendue, mais de façon agressive et peu agréable. L'air d'Alidoro est une épreuve pour le chanteur que l'on ne peut que partager dans une certaine douleur. Carlo Lepore tire davantage son épingle du jeu avec un timbre assez gras mais sa maîtrise d'attitudes grotesques et pesantes correspond à la balourdise de Don Magnifico. Enfin, en caricature de dragueur italien parrain de mafia, Vito Priante est plutôt sympathique sans être très marquant. Ce sont les dames qui sauvent la soirée de la routine la plus complète.
Les deux sœurs, Martina Russomanno et Marine Chagnon, sont différentiables dans leur rôle et néanmoins complémentaires. Les dialogues sont huilés et les répliques fusent dans les moments de folie qu'affectionne Rossini dans les aspects buffa du drame. La reine de la soirée est Gaëlle Arquez. Elle ne se caractérise pas nécessairement par une vocalité rossinienne, mais son abattage et sa présence suffisent à illuminer le plateau. Quelle belle entrée dans le Palais de Don Ramiro avec une voix pleine et ronde, imposant avec autorité sa personnalité ! On pourrait écrire ce qu'elle dit à la volée tant la prononciation est claire et articulée. Le volume du Palais Garnier lui convient bien car l'intensité de sa voix atteint parfois quelques limites, et s'allège toutefois suffisamment pour orner son chant de vocalises délicates et bien dessinées.
La direction de Diego Matheuz est malheureusement trop prudente et pas assez incisive. Favorisant trop les cordes au détriment de la symbiose de la partie orchestrale, les parties vocales sont juste soutenues et ne sont pas en harmonie avec la fosse.
Reste donc le bijou que Rossini a composé avec cette Cenerentola dont peu de choses lui rendent justice dans cette reprise.
Crédit photographique : Gaëlle Arquez © Julien Benhamou Opéra National de Paris
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Paris. Palais Garnier. 17-IX-2022. Gioachino Rossini (1792-1868) : Cenerentola, dramma giocoso en deux actes. Mise en scène : Guillaume Gallienne. Décors : Eric Ruf. Costumes : Olivier Bériot. Lumières : Bertrand Couderc. Avec : Gaëlle Arquez, Angelina ; Dmitry Korchak, Don Ramiro ; Vito Priante, Dandini ; Carlo Lepore, Don Magnifico ; Martina Russomanno, Clorinda ; Marine Chagnon, Tisbe ; Luca Pisaroni, Alidoro. Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Diego Matheuz