Souffrant d'un cancer du foie depuis mars 2021, le pianiste et chef d'orchestre allemand Lars Vogt est décédé ce 5 septembre. Il aurait eu 52 ans le 8 septembre. Lauréat du Concours international de piano de Leeds en 1990, où il remporte le deuxième prix avec le Concerto pour piano de Schumann, Lars Vogt est un pianiste plein d'élégance et de panache. Son jeu est relativement modéré, sans feux d'artifice, mais il a cette capacité d'attirer l'oreille par le raffinement des couleurs et nuances dynamiques, par un toucher perlé comme par la profondeur. Oscillant entre l'élégance (Mozart) et l'intimité (Janáček), Lars Vogt n'en subjugue pas moins par son sens de l'humour au piano, mais aussi par un brio lumineux (les Concertos de Mendelssohn avec l'Orchestre de chambre de Paris, son dernier disque chez Ondine). Il déploie toute une variété d'ambiances, entre le sérieux et la plaisanterie, entre éloquence et rhétorique, entre poésie et espièglerie, toujours très juste, en conformité avec l'esprit des œuvres qu'il aborde. Parfait aussi bien en soliste qu'en chambriste, il accompagne Christian et Tanja Tetzlaff dans des compositions de Beethoven et Dvořák.
Nommé directeur musical du Royal Northern Sinfonia en 2015, il devient ensuite directeur musical de l'Orchestre de chambre de Paris en juillet 2020, et il y avait été renouvelé jusqu'en 2025. À la direction il sait rendre la musique pure, simple, mais aussi vibrante d'émotions, dévoilant une large palette de nuances, avec des contrastes dynamiques nets. Il occupe le devant de la scène musicale internationale, infatigable et subtil musicien, actif sur de nombreux fronts. On retrouve ses enregistrements salués par la critique chez Ondine en tant que pianiste dans Beethoven, Brahms (Clef d'Or ResMusica), Mozart. En 2022, il est lauréat des ICMA pour son CD Janáček chez Ondine. Son dernier disque comme chef d'orchestre vient de sortir chez Mirare avec l'Orchestre de chambre de Paris, Raphaël Sévère et le Quatuor Modigliani dans Mozart.