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Au Festival Più di Voce, une Tosca de poche pour partager un amour sincère du lyrique

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Saint-Léon-sur-Vézère. Église. Festival Più di Voce. 31-VII-2022. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, melodramma en trois actes. Mise en scène : Fabienne Conrad. Scénographie : Alan Bolle. Costumes : AEP Costumes et Théâtre. Lumières : Alan Bolle. Avec : Fabienne Conrad, Floria Tosca ; Christophe Berry, Mario Cavaradossi ; Bernard Arrieta, le Baron Scarpia ; Rodolfo Cavero, Spoletta ; Loïc Guguen, Le sacristain ; Bernard Bolzer, Cesare Angelotti ; Charlotte Campillo, Le berger ; Patrick Magnée, narrateur. Chœur de l’Académie de Chant Lyrique (chef de chœur : Elodie Campillo). Jean-François Boyer, piano

Festival itinérant en milieu rural dédié à l'art lyrique, la XVIe édition de Più di Voce fait voyager sur le territoire périgourdin, une Tosca où la qualité d'interprétation se mêle à une sincérité touchante dans la volonté de ses protagonistes de faire partager l'art lyrique au plus grand nombre, sur scène comme en salle.


Le concept « de poche » faisant intervenir solistes professionnels au même titre que choristes amateurs, ainsi qu'un « simple » pianiste à la place d'un orchestre rutilant, aurait de quoi faire hésiter le mélomane assidu à assister à cette nouvelle production de Tosca. L'intervention régulière d'un narrateur en la personne du président de l'association, , aurait pu, de même, sur le papier, refroidir le lyricomane accompli. Cette première démarche nous fait penser à la remarque du musicologue Joseph Kerman, dans son ouvrage intitulé Opéra et Drame, qui reprochait à Puccini de « penser au public, pas au drame ». Ne retenons que la première partie de cette phrase : par cette intrusion – heureuse ! -, ce personnage permet aux auditeurs de comprendre le drame sans les sous-titres habituels des grands théâtres, la mise en scène de , artiste tenant également le rôle-titre, équilibrant parfaitement les interventions de ce sacristain devenu curé qui partage ses souvenirs du drame de Floria Tosca avec le public, et qui concrètement explique les scènes qui vont suivre chacune de ses interventions. Son double intégré au drame, incarné par , assure avec engagement le langage buffo propre à son personnage, alors que , constamment présent sur scène, déploie une voix posée et agréable, une projection soutenue et une diction intelligible ainsi que des intonations travaillées, afin de mener avec un grand professionnalisme le rôle qui lui est dévolu.

Il faut avouer que la rapidité de l'action de l'ouvrage et l'émotivité débridée de la partition jouent en sa faveur. Pour la retranscrire, c'est une mise en scène soignée et respectueuse de l'œuvre – tant de productions se détachent des ouvrages afin de justifier le format réduit qu'elles proposent – qu'a construit , tandis que la scénographie et les lumières précises d' offrent tous les atouts pour déployer une direction d'acteurs particulièrement aboutie. Malgré une scène exigüe dans l'église de Saint-Léon-sur-Vézère, les différents tableaux sont menés avec autant de justesse que de simplicité.

Avec fougue et conviction, le pianiste se montre précis, attentif aux intentions et aux lignes musicales, ainsi qu'aux nuances. Les effets de contrastes sont particulièrement bien amenés par , multipliant les ambiances et les intentions, toujours au service du drame qui se joue à ses côtés.


La plus grande force de cette production est sans aucune mesure la distribution vocale, mêlant judicieusement des solistes professionnels et des amateurs éclairés (dont une touchante Charlotte Campillo assurant fébrilement le solo du berger, et une malicieuse Ines Campillo dans le rôle d'un enfant de chœur), soutenus par quelques professeurs de conservatoire de la région (Hélène Caffi dans le rôle d'une religieuse et Elodie Campillo, la cheffe de chœur également sur scène avec le voile).

Dans le rôle-titre, phrase avec grâce et un agréable sentimentalisme les airs qui lui sont dévolus, dosant le pathos qui leur incombe pour que celui-ci soit crédible. La soprano dramatique affirme la nature passionnée de Floria Tosca avec une sincérité manifeste, forte d'un timbre corsé, d'aigus percutants et lumineux et de sonorités en demi-teintes parfaitement maîtrisées. D'une parfaite crédibilité scénique face à Scarpia, nous assistons à un formidable moment de théâtre avec ces deux interprètes empreints de fougue et d'inspiration. Avec cette soprano, tout s'inscrit dans la nuance, chose appréciable dans un rôle qui en est souvent dépourvu dans ses interprétations.

Dans la peau de son amant Mario Cavaradossi, affiche une belle sensibilité lors d'un émouvant duo d'amour créant l'apothéose de la soirée. L'interprète sait donner toute l'épaisseur nécessaire au personnage, le ténor dramatique démontrant des aigus brillants et des nuances tout aussi inspirées que sa comparse.

Le tyran Baron Scarpia, chef de la police, bénéficie du charisme ravageur de . La noirceur du timbre du baryton déploie une inhumanité intraitable, renforcée par un jeu théâtral de grande qualité. Agrémenté par le jeu théâtral de (le personnage de Cesare Angelotti est muet dans cette production), et l'engagement de dans le rôle de l'homme de main de Scarpia, c'est une belle soirée d'opéra à laquelle nous avons assistée, applaudie par un public debout pour cette septième et dernière représentation estivale.

Crédits photographiques : © Gaëlle Ciliberti

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Saint-Léon-sur-Vézère. Église. Festival Più di Voce. 31-VII-2022. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, melodramma en trois actes. Mise en scène : Fabienne Conrad. Scénographie : Alan Bolle. Costumes : AEP Costumes et Théâtre. Lumières : Alan Bolle. Avec : Fabienne Conrad, Floria Tosca ; Christophe Berry, Mario Cavaradossi ; Bernard Arrieta, le Baron Scarpia ; Rodolfo Cavero, Spoletta ; Loïc Guguen, Le sacristain ; Bernard Bolzer, Cesare Angelotti ; Charlotte Campillo, Le berger ; Patrick Magnée, narrateur. Chœur de l’Académie de Chant Lyrique (chef de chœur : Elodie Campillo). Jean-François Boyer, piano

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