Nikolaï Luganski revient à La Roque d’Anthéron avec Beethoven et Rachmaninov
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La Roque d’Anthéron, Parc du Château de Florans. 27-VII-2022. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°17 en ré mineur, op.31 n°2 “La Tempête”. Sonate n°23 en fa mineur, op.57 “Appassionata”. Nikolaï Medtner (1880-1951) : Mélodies oubliées, op.38 n°6, 7 et 8. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Huit Études-tableaux, op.33 n°5 et 6. Neuf Études-tableaux, op.39 n° 7, 8 et 9. Nikolaï Luganski, piano
Comme l'été dernier, Nikolaï Luganski programme Beethoven et Rachmaninov à la Roque d'Anthéron et montre cette année encore une plus grande maturité pour le second, duquel il offre trois bis en fin de concert.
Sonates n°17 et 23 cette année contre 14 et 32 de Beethoven en 2021, Études-tableaux toutes différentes cette année de celles inscrites au programme l'an dernier. C'est presque un puzzle que complète Nikolaï Luganski à la Roque d'Anthéron cet été au Parc du Château de Florans, lieu toujours aussi magique par son atmosphère, malgré les chants des cigales et grillons bien marqués toute la première partie, portés par les fortes températures de juillet.
Et comme l'an passé, se ressent chez le grand pianiste russe une forme d'appréhension par rapport à l'œuvre du génie allemand, tout particulièrement dans La Tempête, trop mesurée pour le Largo – Allegro, ainsi que dans un Adagio relativement distancié. Seul l'Allegretto libère quelque peu le geste du pianiste, plus à l'aise avec les rapides arpèges de ce mouvement final, notamment à la récapitulation. L'Appassionata lui convient également mieux, bien qu'elle montre là encore de la retenue dans une attaque de thèmes que Luganski n'ose jamais trop appuyer, ni du clavier ni des pédales, quand il n'hésite pas à s'épancher bien plus avec les compositeurs russes ensuite.
Passée une courte pause où le soleil en a profité pour s'éclipser, le pianiste revient avec trois courtes Mélodies oubliées op. 38 de Nikolaï Medtner, dont la n°6, Canzona serenata au thème si simple et tellement joli qu'il est réutilisé par le compositeur à la n°8, Alla Reminiscenza. Ici, Luganski apporte une justesse d'émotion, marquée de douceur et de finesse, et un doigté souple, notamment pour la n°7, Danza silvestra habilement joueuse.
Puis il entre dans Rachmaninov, avec lequel il peut cette fois se révéler totalement. Déjà très agile pour Beethoven, notamment dans les croisements de mains à l'Allegro ma non troppo de la Sonate n°23, Luganski peut à présent faire déferler les notes avec son incroyable dextérité dans les Études-tableaux n°5 et 6 de l'opus 33, avant d'exprimer toute sa flamme dans celles de l'opus 39, la 7 et la 8 entrecoupées d'une pièce que nous n'avons pu définir. Totalement délivré, le toucher n'hésite plus à accentuer de nombreuses parties, tout aussi appuyées par les pédales pour décupler un discours d'une superbe sincérité.
Spécialiste incontestable et sans doute meilleur pianiste actuel au monde pour Rachmaninov, Nikolaï Luganski ajoute trois pièces du compositeur en bis et infuse d'abord la splendeur des Lilas, cinquième des Douze Romances op.21, avant un rare Sketch Oriental et un magnifique et volubile 7ème Prélude de l'opus 23, qui permet une dernière démonstration de maîtrise de l'artiste dans les déferlantes de notes.
Crédits Photographiques : © Pierre Morales/Festival Roque d'Anthéron
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La Roque d’Anthéron, Parc du Château de Florans. 27-VII-2022. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°17 en ré mineur, op.31 n°2 “La Tempête”. Sonate n°23 en fa mineur, op.57 “Appassionata”. Nikolaï Medtner (1880-1951) : Mélodies oubliées, op.38 n°6, 7 et 8. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Huit Études-tableaux, op.33 n°5 et 6. Neuf Études-tableaux, op.39 n° 7, 8 et 9. Nikolaï Luganski, piano