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Fraîcheur et diversité des petites formes à Avignon

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Avignon. Jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph. 19 et 21-VII-2022. Dans le cadre du Festival d’Avignon. Vive le sujet ! Séries 3 et 4, avec la SACD.
Partie. Avec Tamara Al Saadi, Justine Bachelet, Éléonore Mallo, Jennifer Montesantos. Texte, mise en scène et dramaturgie : Tamara Al Saadi. Son : Eléonore Mallo. Costumes : Pétronille Salomé. Conception technique : Jennifer Montesantos.
Promettre. Avec Benjamin Karim Bertrand, Erwan Ha Kyoon Larcher. Chorégraphie : Benjamin Karim Bertrand, Erwan Ha Kyoon Larcher. Musique : Erwan Ha Kyoon Larcher.
Silex et craie (Calcédoine et coccolithe). Avec Vincent Dupont, Bernardo Montet. Chorégraphie : Vincent Dupont, Bernardo Montet. Musique et son : Maxime Fabre. Collaboration artistique : Myriam Lebreton. Travail de la voix : Valérie Joly.
Ladilom. Avec Tünde Deak, Léopoldine Hummel. Texte et mise en scène : Tünde Deak. Musique : Léopoldine Hummel.

Avignon. La Belle Scène Saint-Denis. 20/VII. Une programmation du Théâtre Louis Aragon.
Vignette (s) – Soleil du nom. Chorégraphie : Bernardo Montet. Interprète : Guillaume Drouadaine. Accompagnement éducatif de la compagnie Catalyse : Erwanna Prigent et Julien Ronel.
Attitudes habillées – Le quatuor (extraits). Chorégraphie : Balkis Moutashar. Interprétation : Vincent Délétang, Emma Gustafson, Balkis Moutashar et Violette Wanty.
Hip hop Nakupenda (version courte). Écriture : Anne Nguyen et Yves Mwamba. Interprétation : Yves Mwamba. Mise en scène et chorégraphie : Anne Nguyen.

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Au Festival d'Avignon, les deux dernières séries de Vive le sujet ! au jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph réservent de jolies surprises, tandis que le Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France clôture une belle programmation de La Belle Scène Saint-Denis avec trois propositions.

La plus jolie surprise de la Série 3 de Vive le sujet ! est Partie, un bouleversant spectacle sur le personnage fictif d'un jeune soldat mobilisé pendant la guerre de 14. Louis Vernier, du 274e régiment d'infanterie, 22e compagnie, soldat réserviste qui vend du mouron pour les oiseaux dans les rues de Paris part sur le front, où il souffre quotidiennement des conditions de vie et de l'absurdité de la guerre. Le 5 mars 1915, il est arrêté, jugé et fusillé pour abandon de poste, alors qu'il souffrait d'obusite, un syndrome d'anxiété incurable provoqué par la guerre.

Le texte de Tamara Al Saadi est remarquable de sobriété et d'émotion, et l'interprétation de Justine Bachelet nous permet de nous mettre successivement dans la peau de la mère de Louis, puis du jeune soldat en partance pour le front. La mise en scène choisit de montrer l'envers du décor, avec des bruitages réalisés à vue par l'ingénieure du son Eléonore Mallo et les didascalies d'un scénario déroulé au lointain par la régisseuse générale Jennifer Montesantos.

Ce qui fait l'intérêt du spectacle est aussi sa dimension participative, les spectateurs étant invités à lire les textes qui ont été distribués à l'entrée de la salle. À voix basse ou forte, les créatrices s'offrent aussi un cœur de cris ou de rumeurs de Paris. Nous avons hâte de revoir ce beau spectacle se déployer dans une salle.

Juste après, Promettre, le duo sensuel et amoureux entre Erwan Ha Kyoon Larcher et Benjamin Karim Bertrand ne met que peu de distanciation entre ce qui est proposé sur scène et les spectateurs. Le dialogue entre les deux danseurs semble intime et n'existe qu'entre eux. La transformation chorégraphique proposée par ces deux corps imbriqués l'un dans l'autre ne tient pas ses promesses. On regrette en particulier qu'il n'y ait aucun apport formel d'écriture dans ce duo autour du thème de la transformation des hommes.

La série 4 de Vive le sujet ! propose Silex et craie, un duo insolite formé de , danseur emblématique des années 90, notamment chez Dominique Bagouet, et de , chorégraphe qui fut longtemps directeur du Centre chorégraphique national de Rennes. Les deux hommes n'avaient jamais travaillé ensemble. Ils unissent leurs univers dans un duo grinçant et noir, qui évoque des thèmes comme la domination. Presque aveuglés par le maquillage qu'ils portent sous un masque anti Covid peint au feutre noir, ils ont l'œil cerné de noir comme les prêtres égyptiens. La scénographie (de gros ballons noir coincés dans les fenêtres ouvertes) et la musique, parfois oppressante, contribuent à créer une atmosphère vénéneuse.

Ladilom, un duo féminin et théâtral leur succède, sous la forme d'une enquête linguistique et musicale autour d'une berceuse hongroise. À l'occasion d'un accouchement, la narratrice, Tünde Deak (à l'abri d'une cabine d'interprète de conférences) voit resurgir malgré elle la mélodie d'une berceuse enfouie dans le tréfonds de sa mémoire enfantine. Léopoldine Hummel est la musicienne, qui analyse le son et les paroles graves de cette berceuse, l'accompagnant à la guitare ou au pipeau.

La Belle Scène Saint-Denis

C'est à un solo très littéraire que nous convie avec Soleil du nom, un solo qu'il dansait lui-même en 2016 et qu'il transmet aujourd'hui à Guillaume Drouadaine, acteur de la compagnie Catalyse. Cette compagnie théâtrale, qui réunit des artistes, handicapés physiques et mentaux, prépare actuellement le projet Vignette (s) dans lequel s'insérera ce solo, ainsi que des fragments du répertoire de Maguy Marin et Volmir Cordeiro. Une énergie poétique et rock surgit de ce solo à la personnalité singulière. Bottines lacées rouge vif et galon rouge sur la tranche du pantalon donnent à cet être étrange et lunaire un air de soldat perdu de la République. Un solo intense.

fait de la recherche formelle l'abécédaire du mouvement de sa pièce Attitudes déshabillées. Dans cet extrait, un quatuor sans ornementation, elle explore avec beaucoup de sobriété la gestuelle du paraître depuis le Siècle d'or. La réflexion est à la croisée de l'histoire du costume et de celle du corps. Comment les corps étaient-ils modifiés par les accessoires (corset, faux cul, fraise) ? Comment les mouvements étaient-il entravés, contraints par ces appendices ? Sans se soucier du genre, applique ces mêmes contraintes au corps des hommes et des femmes, fortement influencée par Dominique Bagouet et le baroque (épaulement décalé, poignets cassés). Manches gigot, coiffe géante, cothurnes qui s'enfilent comme des échasses, une danseuse devient une créature monstrueuse, un ogre, suivie d'une autre pour laquelle le corps semble échapper à tout contrôle de ses accessoires. Une fable angoissante et très picturale sur l'apparence.

a mis en scène Hip-hop Nakupenda, un portrait dansé de Yves Mwamba, qui fut une star du hip-hop au Congo, le Master Keys à la tête de son groupe, qui pouvait tout faire. Au passage, elle esquisse une histoire de l'indépendance du Congo et de la danse congolaise, de Mobutu à Kabila. On y découvre des chansons à la gloire des dictateurs, que la plupart des rumbas congolaises étaient de la propagande politique ou que Mobutu a été le premier à comprendre le système des influenceurs. Une écriture qui gagnerait à montrer plus de danse et être un peu plus resserrée.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
© Théâtre Louis Aragon

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Avignon. Jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph. 19 et 21-VII-2022. Dans le cadre du Festival d’Avignon. Vive le sujet ! Séries 3 et 4, avec la SACD.
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