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Olivier Latry au sommet de son art à l’orgue de la cathédrale de Montpellier pour le Festival de Radio France

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Montpellier. Cathédrale Saint-Pierre. 20-VII-2022. Festival Radio France Occitanie Montpellier. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Fantaisie et fugue en ut mineur BWV 537. Jacques Arcadelt (1507-1568)/Franz Liszt (1811-1886) : Ave Maria. Alexandre-Pierre-François Boëly (1785-1858) : Fantaisie et fugue en si bémol majeur. César Franck (1822-1890) : Pastorale op. 19 ; Choral n° 3 en la mineur. Olivier Messiaen (1908-1992) : Le Dieu caché (extrait du Livre du Saint-Sacrement). Jehan Alain (1911-1940) : Fantaisie n° 2. Marcel Dupré (1886-1971) : Cortège et litanie. Olivier Latry (né en 1962) : Improvisation sur « À la claire fontaine ». Bis : Louis Vierne (1870-1937) : Légende (extraite des 24 pièces en style libre). Olivier Latry au grand orgue Lépine Merklin Kern Nonnet

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Dans une cathédrale de Montpellier remplie par un large public venu écouter son grand-orgue néo-symphonique, offrait pour honorer le bicentenaire de un récital dans le cadre du Festival Radio-France Occitanie Montpellier.

En ces soirées chaudes de la Méditerranée, les mélomanes se pressent en la cathédrale de Montpellier pour y chercher quelque fraicheur, mais surtout venus pour écouter l'un des grands maitres de l'orgue : , organiste titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Ce qu'il reste de l'orgue baroque construit par Jean-François Lépine en 1778, c'est l'imposant buffet dont les splendides dorures ne furent posées que très tardivement en 1992 à l'initiative de son ancien titulaire Joseph Roucairol. Ce spectacle grandiose, rehaussé par des éclairages remarquablement pensés, s'offre aux spectateurs tout au long de la soirée. Pour commencer le récital, une œuvre de Bach est jouée sur les « fonds » de l'orgue, c'est-à-dire ces sonorités profondes et mystérieuses qui placent résolument ce compositeur dans un éclairage pré-romantique. Par un jeu subtil où chaque sonorité est choisie l'une par rapport à l'autre, l'organiste nous révèle les qualités des tuyaux les plus anciens remontant à la reconstruction par la maison Merklin en 1880, heureux mariage de flûtes, de gambes et autres principaux à la matière orchestrale. Réunissant les temps anciens et symphoniques, propose une paraphrase de Franz Liszt sur le fameux Ave Maria de Jacques Arcadelt, pièce céleste aux accents de lointains carillons…

L'hommage particulier à , né voici deux-cents ans, débutait avec la Pastorale op. 19, une nouvelle fois l'occasion d'entendre la partie sonore romantique harmonieusement préservée. Les jeux d'anche de Merklin, notamment la trompette du récit d'abord en solo, puis mêlée à la pâte orchestrale des flûtes soutienne idéalement le discours de Franck, à la fois simple et lumineux aux accents de musette et de danse villageoise. Ensuite le Choral n° 3 en la mineur, la toute dernière œuvre de Franck, représentant son testament musical sonne ici en gloire tant le jeu d'Olivier Latry, profond, faisait transparaitre le mysticisme de l'auteur. Une nouvelle fois la registration est judicieusement choisie, laissant de côté les jeux plus tardifs de mixtures aiguës… Poursuivant le chemin musical de l'école française d'orgue, l'interprète joue ensuite une œuvre tardive d' Le Dieu caché tiré du Livre du Saint-Sacrement : musique elle aussi pétrie de mysticisme au travers de climats étranges, irréels où l'on peut percevoir par bribes quelque thème grégorien inspirateur.

Pour évoquer la période moderne de l'orgue français et la période néo-classique de cet orgue monumental marquée par l'intervention d'Alfred Kern en 1978, Olivier Latry interprète la Fantaisie n° 2 de très inspirée par les mélodies et rythmes d'Afrique du nord que l'auteur appréciait tout particulièrement. Après une introduction sereine magnifiquement rendue par une totale horizontalité du discours, une mélopée de muezzin s'élève avant qu'un climat de frénésie ne se mette en place et emporte tout sur son passage… Retour au calme ensuite en une fin magique dont seul Alain avait le secret. qui fut le chef de file de l'école d'orgue en France au milieu du XXᵉ siècle fut le gardien d'une tradition héritée de ses maitres Widor et Vierne. La pièce Cortège et litanie en est l'un des exemples les plus significatifs, un cortège orchestral suivi d'une litanie développant le style symphonique de l'orgue d'alors : immense crescendo se terminant par un carillon. C'est une belle manière d'illustrer les possibilités multiples de cet instrument dans la musique de la fin de siècle.

Afin de terminer ce récital dans la plus grande tradition de l'école française d'orgue dont Olivier Latry est l'un des plus brillants représentants (il est professeur dans la classe d'orgue du CNSMD de Paris), une improvisation trouve logiquement une place de choix. Othar Chedlivili, le titulaire de l'orgue propose à l'interprète le thème populaire « À la claire fontaine » accompagné de quelques sourires approbateurs parcourant l'immense assistance. Onze minutes d'une musique créée dans l'instant, l'organiste tenant d'une maitrise implacable les possibilités acoustiques de l'instrument au service d'un discours original et profondément accessible au public. Le grand maitre organiste de Notre-Dame de Paris livrant en direct et devant nous son art immense de l'instant restera un moment unique dans cette soirée. Après l'ovation finale d'un public conquis et transporté, Olivier Latry rend par une toute dernière intervention en une pièce méditative un hommage à l'un de ses prédécesseurs à Notre-Dame de Paris, la Légende op. 31 de , extraite des 24 pièces en style libre.

Chaque récital d'Olivier Latry est une fête et encore cette fois-ci, avec ses retrouvailles avec Montpellier, son festival et son grand-orgue restauré. Le public est reparti comblé et sous le charme… Soirée magique !

Crédit photographique : © Frédéric Muñoz

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