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Paris. Théâtre de la Ville. Espace Cardin. 26.VI.2022. Danse Élargie
Danse Élargie, concours de danse organisé par le Théâtre de la Ville et ses partenaires, présentait dimanche 26 juin 2022, à l'Espace Cardin, les pièces de douze finalistes.
Des formats courts, ne dépassant pas dix minutes, viennent percuter de leur fraicheur les habitudes des spectateurs. Le point commun entre Noé Soulier, Simon Tanguy et LA(HORDE) ? Ils ont tous les trois gagné le concours, en 2010 et 2016. Autant dire que les répercussions pour les lauréats peuvent être grandes et que, chaque année, le palmarès est scruté avec curiosité et attention.
Trois jurys pour cette saison, celui des artistes, celui des jeunes et celui des techniciens. Parmi les jurys des artistes on compte Mohamed El Khatib, Christos Papadopoulos ou encore Tiago Rodrigues. Le jury jeune est composé de treize élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris. 454 projets candidats issus de 63 pays se sont présentés pour cette édition. Sur dix-huit sélectionnés le samedi, douze ont été retenus pour une finale électrique le dimanche. Des chorégraphes de France, de Grèce, de Lituanie, du Japon, du Mali, du Burundi, d'Inde ou encore de Nouvelle-Zélande concourraient pour une finale très inégale mais pleine de belles découvertes.
Le palmarès du jury des artistes, qui place en tête Bouffées de Leïla Ka et en second Help de Yoko Omori, n'est pas surprenant. La performance de Leïla Ka, cinq femmes en robes légères et colorées, côtes à côtes, effectuant une chorégraphie de gestes déphasés, rappelant la grammaire d'Anne Teresa de Keersmaeker et l'esthétique de Maguy Marin, impressionne par sa maitrise et par l'originalité de son langage gestuel. Yoko Omori, elle, présente également un univers très singulier : la chorégraphe interprète sur scène une jeune femme en prise avec ses démons et ses obsessions, développant une gestuelle minimaliste, pleine de petits mouvements rapides. Pour accompagner Yoko Omori, plusieurs danseuses, qui sont autant de projections de l'artiste, s'emparent de la scène pour des rituels déconcertants.
On retiendra également que Core de Jerson Diasonama, arrivé troisième, et Multi-prises de Yasmine Hadj Ali, Antoine Kobi, Ike Zacsongo Joseph, ont largement remporté les suffrages du public, conquis par le souffle clubbing du premier et par l'humour irrésistible du second. Le jury des jeunes a décerné son prix à Coconut Effect de Ioanna Paraskevopoulou, une proposition étonnante mêlant bruitage de film, humour et claquettes. Le prix des techniciens a également récompensé, entre autres, la proposition de Yoko Omori, qui le méritait amplement.
De la proposition non genrée de Louise Buléon Kayser à la proposition politique de Josué Mugisha en passant par la réinterprétation de danse de rue de Bruce Chiefare ou la danse écologique et colorée de Tidiani N'Diaye, cette Danse Élargie renvoyait au spectateur une image de notre société plurielle et fragile avec talent et générosité. Quant à Leïla Ka, ancienne interprète de Maguy Marin, qui, après avoir remporté le prix Révélation de la critique de la danse, emporte le premier prix de cette édition de Danse Élargie, on lui souhaite un très bel avenir, à la hauteur de son talent.
Crédits photographiques : © Nora Houguenade
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Paris. Théâtre de la Ville. Espace Cardin. 26.VI.2022. Danse Élargie