Molière sa majesté l’acteur : petit mais costaud

Le quatrième centenaire de Molière occasionne aux éditions La Joie de lire un livre-disque pour enfants, qui ne manque pas d'ambition.

Pierre Senges a imaginé une histoire substantielle et pleine de personnages et de rebondissements, mettant en scène, dans les années 1630, le jeune Jean-Baptiste Poquelin et sa découverte du théâtre à travers le Paris des acteurs, du peuple, mais aussi du pouvoir. L'auteur ne joue pas la carte des références aux œuvres qu'écrira Molière plus tard : son propos est plutôt de souligner l'aisance du langage, l'inventivité et l'irrévérence déjà présentes chez l'adolescent, qui se sortira avec brio des griffes du commissaire Couperose et fera libérer mademoiselle Séraphine, la jeune boulangère, avec l'aide d'un étrange médecin et de ses amis acteurs. Originalité supplémentaire, Pierre Senges a également écrit des paroles de chansons, qui s'insèrent dans le récit et sont chantées sur des airs d'époque par les Pages du Centre de musique baroque de Versailles, très bien dirigés en la circonstance par Clément Buonomo. Les musiciens de l'ensemble Les Lunaisiens les accompagnent avec verve en variant joyeusement les instruments (flûte à bec, sacqueboute, serpent, théorbe, guitare, harpe, percussions).

Hélas, le disque est fort long pour un jeune public (une heure et vingt minutes), et l'enregistrement pâtit malheureusement de la voix peu animée, presque monocorde, d'Arnaud Marzorati en récitant. La diction, proche de celle du théâtre, est impeccable, mais l'histoire semble avoir bien du mal à se dérouler quand on l'écoute. Se rabattre sur le livre seul peut être une solution, mais on perd alors la possibilité d'accompagner la lecture par l'écoute des savoureuses chansons, car celles-ci ne font pas l'objet de pistes séparées sur le disque. On passera également vite sur les illustrations caricaturales et sans charme de Serge Bloch (plus connu comme étant l'inventeur du personnage de SamSam).

L'impression domine finalement d'une bonne idée qui n'a pas vraiment trouvé sa forme.

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