Deuxième volet de la zarzuela selon Pierre-René Serna
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Pierre-René Serna. La Zarzuela romantique. Bleu nuit éditeur. Février 2022. 176 pages. 20 €
Annoncée dans le premier volet, la zarzuela baroque devient romantique à sa réapparition au XIXe et au XXe siècles.
Comme dans le premier opus, on retrouve les principales forces – nombreuses ! – et les faiblesses de l'auteur comme de l'éditeur, équilibrant une démarche précise de vulgarisation et une volonté d'exhaustivité maitrisée en 176 pages. En présentant ce travail en deux tomes, cela contraint toutefois Pierre-René Serna à rappeler à son lecteur les principes fondamentaux de la zarzuela : une définition se rapprochant du singspiel allemand et de l'opéra-comique français, avec une touche ibérique qui en fait toute sa singularité. S'y ajoute une tentative d'explications au qualificatif de « romantique », s'inscrivant in fine dans les habitudes musicologiques de ses prédécesseurs.
Son éclipse, à la fin du XVIIIe siècle, est expliquée par les « douleurs de l'Histoire : La Guerre d'Espagne jusqu'en 1814 ; plusieurs conflits armés en lien avec l'indépendance de plusieurs colonies espagnoles des Amériques ; l'épidémie de choléra en 1833 ; les guerres de carlistes de 1833 à 1840… Sa renaissance n'arrive ainsi qu'à la page 16 (1832 !) avec la création au nouveau Conservatoire royal de Madrid Los enredos de un curioso (Les manigances d'un curieux) et deux mois après de El rapto (L'enlèvement) écrit par Tomás Genovès pour le Tatro de la Cruz toujours dans la capitale madrilène.
La zarzuela évolue comme toutes les autres formes d'art de l'époque en Europe : spectacle de cour, elle devient spectacle pour bourgeois et nouveaux nantis, avec une particularité qu'elle intéresse également les gens modestes des zones urbaines. L'impact est que les livrets de zarzuelas s'inscrivent dans une réalité proche de son public, avec la singularité d'un art autochtone qui franchit peu les frontières, même aujourd'hui.
Madrid fait partie de l'essence même de la zarzuela avec quasiment tout le répertoire du genre créé dans la capitale. La Ville insufflera aussi son influence par son folklore avec le chotis célébré par de nombreux zarzueleros, une multitude d'intrigues implantées au cœur de Madrid, et une effervescence culturelle avec une quarantaine de théâtre lyriques où la zarzuela est reine, avec en apothéose l'emblème du genre, soit le Teatro de la Zarzuela inauguré en 1856.
Le parallèle entre la zarzuela romantique et le reste de l'art lyrique en Europe est régulièrement mené par l'auteur, l'intérêt du lecteur se trouvant finalement lorsque les particularités propres au genre sont relevées : la langue espagnole évidemment, mais aussi la typologie vocale avec la tiple catégorisant une voix féminine pourvue d'un rôle d'importance, ou encore la constance de voix enfantines ou bien la figure du prolétaire comme héros principal.
Dans cet ouvrage, que ce soit la zarzuela grande ou la zarzuela chica, l'auteur s'attache à proposer plusieurs analyses musicales fournies d'œuvres emblématiques du genre (Chapitre III), toutes associées à une présentation des compositeurs qui en sont à l'origine, d'exemples musicaux et d'iconographies (maquettes, affiches et photographies) : Pan y toros de Francisco Ansejo Barbieri ; Curro Vargas de Ruperto Chapí ; La verbena de la Paloma de Tomás Bretón ; Agua, azucarillos y aguardiente de Federico Chueca. Le XXe siècle (Chapitre IV) mettra en lumière de la même manière les œuvres de Juan José Serrano (La Dolorosa), José María Usandizaga (Las golondrinas), Amadeo Vives (La villana), Pablo Sorozábal (La eterna canció), offrant ainsi au lecteur un contenu riche et bien mené.
Face à la mort de la zarzuela entre 1960 et 1970, l'appétence de l'auteur pour son sujet l'amène à s'interroger sur sa fin véritable (Chapitre V : Fin de la Zarzuela ?), celle en tant que « forme vivante » est réelle, mais la recréation de la zarzuela Coronis instiguée par Vincent Dumestre qui a impulsé la parution de ces deux tomes laisserait penser que tout est possible !
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Bleu Nuit Editeur