Marcher dans les bois avec Daniel Linehan

Pour l'ouverture du festival June Events, le chorégraphe Daniel Linehan nous invite à nous reconnecter au vivant dans une marche et un spectacle dans le bois de Vincennes, These Woods, première partie du dytique Listen Here.

Écouter la nature est ouvrir ses sens, c'est ainsi que Daniel Linehan, chorégraphe américain installé en Belgique, entend nous remettre en lien les uns avec les autres.
Créée en juin 2021 sur l'île néerlandaise de Terschelling, dans l'archipel des Wadden, puis repris dans le bois de la Cambre à Bruxelles à l'automne dernier, cette performance sylvestre est singulière a plus d'un titre.

Elle commence par une marche silencieuse, en petit groupe guidés par un danseur, dans les sous-bois qui jouxtent le Lac des Minimes, au bois de Vincennes. Chatoiement de la lumière dans les frondaisons des arbres, chants matinaux des oiseaux, crissement de nos pas dans les feuilles, frétillement des têtards à fleur d'eau dans le ruisseau, chaque centimètre carré de nature vit et frémit, appelant à mettre tous nos sens en éveil. Des petites haltes, yeux fermés, se prolongent par une réflexion, une introspection, la lecture d'un poème. Au loin, la ville bruit.

Arrivée au point de rassemblement dans une clairière gonflée d'une souche géante, les cinq danseurs se réunissent pour interpréter ensemble une chorégraphie des bois.
Car Daniel Linehan ne renonce pas, avec ce dispositif extraordinaire, à faire spectacle. La scénographie est celle des arbres qui nous entourent, les accessoires sont les branches et rameaux morts glanés à proximité, la musique est à la fois le bruit de la forêt et le son produit par les danseurs eux-mêmes. Un travail vocal déjà exploré par Daniel Linehan dans ses précédentes pièces.

La chorégraphie, tantôt organique, tantôt conceptuelle, met en jeu le corps dans sa relation aux éléments : la terre, le feu, l'air. Pour les deux volets de ce projet, qui se complète par Listen Here : This Cavern, Daniel Linehan a privilégié l'écoute, proposant aux danseurs de longues séquences de travail dans l'obscurité, volets du studio clos. Un lointain écho du confinement qui nous pousse aujourd'hui à sortir.

Crédits photographiques © Patrick Berger