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Munich. Herkulessaal. 27-V-2022. Frédéric Chopin (1810-1849) : Concerto pour piano n° 2 op. 21 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 2 op. 43. Emanuel Ax, piano ; Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks ; direction : Hannu Lintu
Un concert qui commence mal avec un Chopin ânonné par Emanuel Ax se finit en beauté avec une belle démonstration orchestrale.
Pourquoi aller voir un concert comportant la Symphonie n° 2 de Sibelius quand on apprécie peu ce compositeur ? Eh bien, on ne le fait pas nécessairement exprès. Le dernier concert du mois de mai, pour l'Orchestre de la Radio Bavaroise, devait comprendre les Six pièces op. 6 de Webern et le Concerto pour orchestre de Lutosławski sous la direction de Karina Canellakis ; celle-ci ayant annulé sa participation, Robin Ticciati avait choisi de remplacer ces deux œuvres par la troisième symphonie de Rachmaninov, mais une nouvelle annulation a fini par mener sur le podium le chef finlandais Hannu Lintu, et avec lui Sibelius.
Le seul élément commun de ces trois programmes est le Concerto pour piano n° 2 de Chopin, avec Emanuel Ax. Et cette première partie laisse plus que perplexe, nonobstant les trois bis offerts par le pianiste sans qu'ils soient franchement justifiés par l'enthousiasme plutôt tempéré du public. L'orchestre n'est pas irréprochable, avec des cordes à la texture banale et des vents dont le dialogue ne dit rien, mais le problème n'est pas là. Le problème, c'est un soliste fort peu inspiré, au toucher sans mystère, souvent sans respiration, et qui ne noue pas un véritable dialogue avec l'orchestre.
Après l'entracte, donc, Sibelius. Alors, une révélation ? Peut-être pas, mais un beau moment d'orchestre qui vient effacer les réserves de la première partie. Hannu Lintu, c'est évident, a travaillé en profondeur avec l'orchestre, dont on connaît certes les qualités, mais tous les chefs n'ont pas l'art d'en mobiliser ainsi tous les sortilèges. Lintu n'est pas avare en grands élans romantiques, et le pathos à la Tchaïkovski du dernier mouvement ne fait pas mystère de son ascendance ; mais on retrouve là aussi des couleurs orchestrales sombres et puissantes qui, elles, traduisent la grande familiarité de l'orchestre avec la tradition germanique de Brahms ou Bruckner, et font un contraste saisissant avec la première partie du concert. Au fond, les remplacements même un peu malencontreux peuvent avoir du bon, et il faut souhaiter que l'Orchestre de la Radio Bavaroise donne l'occasion à Hannu Lintu de revenir montrer son talent autrement que comme remplaçant, avec un programme qu'il aura conçu lui-même de bout en bout.
Crédits photographiques (répétitions) : ©
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