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Saint-Vit. Eglise. 23-IV-2022. Antonio Caldara (1670-1736) : Sinfonias n°6 et n°12 ; Alessandro Scarlatti (1685-1757) : Salve Regina ; Giovanni Battista Pergolese (1710-1736) : Stabat Mater. Avec : Marie Petit-Despierre, soprano ; William Shelton, contre-ténor ; I Cherubini ; clavecin et direction : Arthur Schoonderwoerd
La deuxième édition du mini-festival Les dimanches d'avril se clôt par un concert du contre-ténor franco-britannique William Shelton.
Les dimanches d'avril : une jolie dénomination pour ce nouveau festival, et une très agréable manière de quitter par les chemins de la Musique les rigueurs hivernales d'une région (la Franche-Comté) dont cinq églises accueillent cette année la série de trois concerts de musique baroque proposée par Serge Blois, directeur artistique de la manifestation. Le principe du festival se conjugue autour de l'invite faite à des musiciens professionnels (ou en cours de professionnalisation) et des jeunes élèves issus des conservatoires de musique de Besançon et de Lyon.
C'est au CRR de Besançon, dans la classe d'Aniella Zins, que le tout jeune William Shelton, après une enfance biberonnée au style anglais de la Maîtrise de la Cathédrale de Salisbury, gagne ses premiers galons de contre-ténor. Le passage de cette comète naissante est balisé par de précieuses « classes de maîtres et de maîtresses» (Isabelle Druet, Sara Mingardo, Felicity Lott, Michel Laplénie, Stéphane Degout…), par la fréquentation de prestigieuses baguettes (Christie, Savall, Herreweghe, Bestion…), par moult récompenses (Concours Cesti, Boulder, Froville, Corneille, Opéra Grand Avignon… ). En 2017, William Shelton intégre la première promotion de l'Académie Jaroussky avant de faire des débuts aussitôt remarqués avec Raphaël Pichon à la Philharmonie de Paris en 2018. Depuis l'an dernier, il est artiste en résidence à la Chapelle Musicale Reine Élisabeth.
Moins renommée, mais tellement plus intime, l'église de Saint-Vit sert d'écrin au style Shelton : la sérénité d'un timbre au velours chaleureux, l'exemplarité de la diction, et surtout l'égalité de registres jamais démentis par les dérapages acides que l'on redoute et trouve parfois chez quelques prestigieux collègues. Le programme est magnifique, qui met en perspective le méconnu Salve Regina d'Alessandro Scarlatti avec le célébrissime Stabat Mater de Pergolese. Les points communs entre les deux œuvres sautent même aux oreilles de ceux qui ignoraient l'existence de cette pièce de quinze minutes, elle aussi très belle, elle aussi liée de troublante façon au Salve Regina en la mineur que le compositeur trop tôt disparu composa juste avant le tube qui fait encore sa gloire.
Pour les deux œuvres, William Shelton dialogue avec le soprano radieux de Marie Petit-Despierre. Encore étudiante au CNSM de Lyon, déjà nourrie, comme son partenaire, de rencontres fondatrices (Noémi Rime, Mireille Delunsch, Sylvie Leroy, Véronique Gens, Peter Kooy…), la jeune chanteuse impressionne par son assurance, sa justesse, par l'émission sans histoire et le contrôle d'un timbre dardé de lumière tranquille. Dès le premier numéro du Salve Regina, les deux voix, d'une même jeunesse, affichent un mariage heureux.
D'un clavecin un peu confidentiel, Arthur Schoonderwoerd, directeur artistique, depuis 2016, du Festival de Besançon/Montfaucon, dirige avec rigueur et musicalité le Quatuor I Cherubini, né lui aussi au CNSM de Lyon (en 2019). Les miniaturistes Sinfonias n°6 (San Elena al Calvario) et n°12 (La passione di Gesù Signor nostro) de Caldara auront permis d'installer l'intimité et le recueillement propices à la ferveur de cette soirée.
Crédits photographiques: © Ludovic Godard
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Saint-Vit. Eglise. 23-IV-2022. Antonio Caldara (1670-1736) : Sinfonias n°6 et n°12 ; Alessandro Scarlatti (1685-1757) : Salve Regina ; Giovanni Battista Pergolese (1710-1736) : Stabat Mater. Avec : Marie Petit-Despierre, soprano ; William Shelton, contre-ténor ; I Cherubini ; clavecin et direction : Arthur Schoonderwoerd