L’Ensemble Correspondances exalte les grands motets de Lalande à Metz
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Metz. Arsenal. 1-IV-2022. Michel-Richard de Lalande (1657-1726) : Grand motets Miserere mei Deus, Veni creator spiritus et Dies irae ; Grande pièce royale. Ensemble Correspondances ; direction : Sébastien Daucé
L'ensemble de Sébastien Daucé donne à ces joyaux de la Chapelle royale les splendeurs orchestrales et vocales qu'ils méritent.
Reflet d'un disque tout récent, le concert que propose Sébastien Daucé à Metz et en tournée a tout d'un concert-découverte. L'acoustique de la grande salle de l'Arsenal, parfois ingrate pour les petites formations baroques, se fait ici l'alliée de la vingtaine d'instrumentistes et de la vingtaine de chanteurs de l'ensemble Correspondances, pour un programme certes rares, certes austère, mais stimulant, et qui trouve ici son public, à la fois raisonnablement nombreux et authentiquement enthousiaste. Avant même le nouveau disque de Sébastien Daucé, on connaissait les grands motets de Michel-Richard de Lalande par une discographie certes abondante, mais qui n'en faisait pas le mieux connu des musiciens de la Chapelle royale. Les trois grands motets réunis ici datent des débuts de sa longue carrière, entre 1685 et 1690, juste avant et juste après la disparition de Lully, dont l'ombre portée est évidente ; pour autant, la musique de Lalande est bien mieux que l'œuvre d'un épigone.
Avant l'entracte, on admire la richesse de son écriture, dans un style éminemment expressif sans être jamais proche de l'opéra – Lalande ne met jamais la voix soliste en avant pour elle-même, et il se refuse aux contrastes dramatiques trop marqués. Chœur et solistes sont ainsi en constant dialogue, et le ballet des solistes sortant du chœur pour venir en avant-scène puis retournant à leur place initiale donne une traduction visuelle parlante à cette structuration de l'espace sonore. Tous les solistes sont en effet membres du chœur : quelques-uns d'entre eux sonnent un peu étouffés, mais beaucoup se révèlent des interprètes de haut niveau, en matière de diction, de coloration de la voix, de souplesse rythmique et de style. Cela ne diminue en rien l'homogénéité et le professionnalisme remarquables du chœur, mais c'est une qualité supplémentaire que la musique de Lalande met amplement à profit.
Après l'entracte, l'intérêt de la musique ne faiblit pas, mais le Dies irae qui clôt le concert y ajoute une dimension supplémentaire. Jusqu'alors, on admirait les délicates et souvent puissantes architectures construites par Lalande ; dans cette dernière pièce, une véritable émotion se dégage de la mise en avant, toujours dans cette sobriété refusant les extrêmes que cultivait la Chapelle royale. Le Pie Jesu qui clôt ce motet est un moment admirable d'écriture chorale, et on comprend bien que Sébastien Daucé le choisisse comme bis. La Grande pièce instrumentale qui commence la deuxième partie a quant à elle le mérite de mettre l'orchestre au centre de l'attention, et il ne démérite pas par rapport au chœur qui est la vedette du concert. L'exploration du répertoire baroque français, mise en chantier il y a un demi-siècle, n'est pas finie, et les nouveaux acteurs qui s'y emploient n'ont pas à rougir face à leurs devanciers.
Crédits photographiques : Bertrand Pichène
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Metz. Arsenal. 1-IV-2022. Michel-Richard de Lalande (1657-1726) : Grand motets Miserere mei Deus, Veni creator spiritus et Dies irae ; Grande pièce royale. Ensemble Correspondances ; direction : Sébastien Daucé