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Une œuvre de Pascal Dusapin au Panthéon

 
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Lors de trois soirées (30 mars, 6 et 13 avril), le Panthéon à Paris proposera d'écouter pendant environ 40 minutes, la version longue d'In nomine lucis, une œuvre de , spécialement créée pour le monument, « composée comme une grande symphonie chorale et spatiale. »

Cette composition pour chœur a cappella, sans accompagnement instrumental, est une commande publique du Président de la République en 2020, à l'occasion de la panthéonisation de Maurice Genevoix et de l'hommage à Ceux de 14. La mémoire de la guerre trouve un écho particulier chez le compositeur, « alsacien-lorrain » dit-il. L'œuvre a été enregistrée avec le chœur à la Philharmonie de Paris, avec des textes en latin (« la langue de toutes les mémoires » selon Dusapin). Il s'agit de la première pièce musicale composée pour le Panthéon, qui n'abrite aucun musicien. Elle répond aux six groupes monumentaux et aux deux immenses toiles commandées dans le même geste à l'artiste plasticien allemand Anselm Kiefer.

« Le Panthéon est un instrument de musique parfait doté d'une réverbération de plus de sept secondes » indique le compositeur qui a dû tenir compte de cette particularité. Soixante-dix haut-parleurs, construits spécialement pour cette installation sonore complexe, ont ainsi été posés dans le monument à différentes hauteurs (certains à plus de trente mètres de haut) pour une œuvre qui se veut « immersive ».

Dans l'autre version, In nomine lucis est diffusée depuis le 11 novembre dans l'enceinte du Panthéon, de façon pérenne, pour une durée d'une à quatre minutes tous les quarts d'heures. L'œuvre étant composée d'un ensemble de modules (« tel un « Rubik's Cube ») se recombinant à chaque fois différemment, leur ordre varie constamment suivant un planificateur informatique. L'enregistrement des noms de 15 000 soldats sont diffusés entre les pièces ( aurait voulu pouvoir en citer 1 300 000).

À la dureté expressive et au prosaïsme des matériaux et des objets quotidiens (livres, vélos, béton, barbelés…) qu' élève à l'universel, répond avec une musique chorale décantée, intemporelle, qu'il a souhaitée « dépourvue d'égo ». La prouesse acoustique doit être soulignée, car les voix se déplacent nettement à travers le monument, dans un effet de spatialisation et de solennité que n'aurait pas renié Berlioz, autre compositeur ayant su honorer avec inspiration des commandes officielles. In nomine lucis est une musique enveloppante qui tout au long de ses 40 minutes est à la marge, dans l'ambivalence. Ni funèbre ni gaie, ni heurtante ni flatteuse, elle occupe l'espace de manière vivante (alors qu'elle est enregistrée). Elle s'insère partout, se mêle autant avec le tragique de Kieffer, les couleurs chatoyantes des grandes toiles murales de la peinture officielle de la jeune IIIᵉ République que le balancement obsessionnel du pendule de Foucault. Elle est entêtante et poignante, particulièrement en ces temps où la guerre en Europe est de retour. (JCLT)

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