Depuis 1989, Karl Biscuit et Marcia Barcellos nous régalent de leur univers baroque et foisonnant. Cela continue avec le dernier opus de Système Castafiore, Kantus 4–Xtinct Species créé en décembre dernier au festival de danse de Cannes et montré récemment à Chaillot.
Sur fond de décor futuriste, Kantus 4–Xtinct Species propose aux spectateurs de se pencher sur l'extinction des espèces dans un spectacle visuel total d'une inventivité permanente. Grâce aux décors, costumes et accessoires, constamment renouvelés, chaque image produite sur scène est plus étonnante et originale que la précédente. C'est un émerveillement permanent qui n'est pas sans rappeler la créativité de Decouflé.
Cornes d'animaux, coiffures sophistiquées, et couvre-chefs extravagants forment les attributs d'une tribu non identifiée de cinq danseurs. À leurs côtés, quatre chanteurs ponctuent le spectacle de chants a cappella dans un volapük, la langue familière de Système Castafiore. Cette vocalisation donne une dimension opératique au spectacle. Tous les interprètes se retrouvent autour d'un totem auquel ils vouent un culte païen. Le chant devient alors plus religieux, inspiré des chants grégoriens et de Purcell. On apprécie à sa juste valeur la performance vocale des quatre chanteurs et la délicatesse de la chorégraphie, dont les mouvements font vivre ces êtres imaginaires et fantastiques, sortis de l'imagination foisonnante des deux créateurs.
Devant une telle succession d'images pleines de fantaisie et de poésie, il est parfois difficile de suivre ou de deviner une dramaturgie. Mais on se laisse porter… Cet univers stylisé aux silhouettes découpées suit sa propre histoire, s'achevant comme une fête dans un somptueux banquet en noir et blanc.