Audio, Musique d'ensemble, Parutions

La petite messe solennelle de Rossini en version originale avec Giulio Prandi

Plus de détails

Gioachino Rossini (1792-1868) : Petite messe solennelle. Sandrine Piau, soprano ; José Maria Lo Monaco, ténor ; Edgardo Rocha, ténor ; Christian Senn, basse ; Francesco Corti, piano Erard 1838 ; Cristiano Gaudio, piano Pleyel 1855 ; Deniel Perer, harmonium Alexandre 1890 ; Coro Ghislieri, direction : Giulio Prandi. 1 CD Arcana. Enregistré à la Sala della Carità, Padoue, en janvier 2021. Livret en français, anglais et allemand. Durée : 86:46

 

Une interprétation historiquement informée, voilà ce que nous propose et sa phalange de musiciens, solistes et Chœur Ghislieri. De quoi revisiter entièrement cette œuvre emblématique de la dernière période créatrice de Rossini, toujours vectrice d'émotions et de grâce.

Un petit effectif choral, des solistes renommés, deux pianos et un harmonium historiques, un chef avisé et inspiré sont réunis ici pour proposer une version renouvelée de la Petite messe solennelle de Rossini. Cet enregistrement a d'ailleurs reçu un prix aux International Classical Music Awards (ICMA) 2022.

Écrite alors que le compositeur avait 71 ans, elle représente comme il le dit lui-même son « dernier péché de vieillesse » à la suite de quelques autres précédemment conçus pour le piano. Elle voit le jour à Passy dans sa maison de campagne durant l'année 1863. Il s'agit bien d'une messe intime, sans orchestre, éloignée des formes souvent grandiloquentes représentées par les fameuses Messa di Gloria italiennes. L'adjectif « petite » ne doit pas être trompeur car l'œuvre composée de deux parties dure environ une heure et demie. Par contre pour une certaine idée de sobriété voire de dépouillement, l'orchestration avec deux pianos et l'harmonium s'avère particulièrement judicieuse. L'œuvre créée l'année suivante remporte un succès mitigé, tantôt dithyrambique avec le critique Filippo Filippi qui voit en cette messe un chef-d'œuvre de science et inspiration, tantôt réprobateur comme l'avis de Giuseppe Verdi conseillant à Rossini de désapprendre la musique et de composer un nouveau Barbier !

Nous passerons sur les diverses versions proposées aux musiciens au niveau des éditions depuis la création de cette œuvre, essentiellement en matière d'effectifs et d'orchestration. Il est heureux que la Fondation Rossini de Pesaro ait publié assez récemment une édition critique qui permet de retrouver un chemin original à cette œuvre. En 2013, le musicologue Davide Daolmi propose cette partition qui sert au présent enregistrement, pour la première fois au disque. L'édition propose la version primitive de 1864 pour le salon de la Comtesse Pillet-Will ainsi que la version orchestrale de 1866-68.

Au départ, le choix de deux pianos anciens, complémentaires dans leurs sonorités, apporte une belle base sonore. Un Erard de 1838 à cordes parallèles et un Pleyel de 1856 dit « petit patron » côtoient comme le demande l'auteur un harmonium (Alexandre de 1890 « à mains doubles ») c'est à dire possédant à la demande une octave aiguë pour renforcer le jeu, un mécanisme connu en Italie pour les orgues sous le nom de « Terza mano ». Les registres d'atelier Erard et Pleyel conservés aux archives du Musée de la musique à Paris permettent de situer l'origine de ces instruments et le nom de leur premier propriétaire. La messe comporte quatre solistes vocaux habituels ainsi qu'un chœur composé de seize chanteurs répartis par quatre dans les différentes tessitures. Les différentes parties de l'office sont présentes de manière équilibrée, y compris le Kyrie en trois parties dont le thème initial assez peu religieux n'est pas étranger au succès même de cette œuvre. Entre le Credo et le Sanctus, Rossini place pour le moment de l'Offertoire un Prélude religieux pour piano, ce qui crée un interlude musical bienvenu en forme de prélude et fugue au thème dérivé des quatre notes sur B.A.C.H. Le Gloria bien développé offre quelques moments particulièrement réussis dont l'air de ténor du Domine Jesu bien pétri de belcanto ou le Quoniam pour basse où le piano est très présent par ses accents beethovéniens, et ce Cum Sancto Spiritu où le compositeur place pour le chœur une fugue de la plus belle facture.

La présente version se hisse au somment d'une discographie déjà abondante, par son approche pure et respectueuse des intentions initiales de Rossini. Les voix solistes magnifient le style même de ces différents moments, portées par un chœur sobre et efficace. Les sonorités des instruments anciens apportent un charme supplémentaire indéniable. conduit avec émotion cette œuvre dont il équilibre avec finesse le penchant religieux et les influences de l'opéra, bien souvent en embuscade dans l'Italie du XIXᵉ siècle.

(Visited 1 438 times, 1 visits today)

Plus de détails

Gioachino Rossini (1792-1868) : Petite messe solennelle. Sandrine Piau, soprano ; José Maria Lo Monaco, ténor ; Edgardo Rocha, ténor ; Christian Senn, basse ; Francesco Corti, piano Erard 1838 ; Cristiano Gaudio, piano Pleyel 1855 ; Deniel Perer, harmonium Alexandre 1890 ; Coro Ghislieri, direction : Giulio Prandi. 1 CD Arcana. Enregistré à la Sala della Carità, Padoue, en janvier 2021. Livret en français, anglais et allemand. Durée : 86:46

 
Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.