Concerts, La Scène, Musique symphonique

Jarrell, Strauss et Mahler avec Catherine Hunold et l’ONPL

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Angers. Centre des Congrés. 25-II-2022. Michael Jarrell (né en 1958) : Sechs Augenblicke ; CM. Richard Strauss (1864-1949) : Vier letzte Lieder. Gustav Mahler : Symphonie n°4 en sol majeur. Catherine Hunold, soprano. Orchestre National des Pays de la Loire, direction musicale : Pascal Rophé.

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interprète à Angers les Vier letzte Lieder de et surprend par la clarté de son chant dans le finale de la Quatrième de , lors d'un programme où l'ONPL dirigé par crée aussi une nouvelle œuvre de .


Le concert devait débuter par les Vier letzte Lieder (Quatre derniers chants) de , composés en fin de vie par un compositeur tout juste sorti de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Mais , entré avec un micro pour prévenir que la création serait jouée d'abord, tient aussi un court discours, dans lequel il rappelle les origines ukrainiennes de ses grands-parents et décrit l'effroi de l'invasion russe de la veille, avec en réponse de longs applaudissements du public du Centre des Congrès.

Troisième et dernière représentation de ce programme, cette fois à Angers après deux soirs à Nantes, l' interprète Sechs Augenblicke (Six regards), création mondiale de , présent dans la salle. L'œuvre se veut d'un style bref et le compositeur suisse, actuellement en résidence à l'ONPL, cite les Six Moments Musicaux de Schubert comme inspiration. Pourtant, on pense plus facilement aux Six Pièces opus 6 de Webern, relativement similaires par leurs développements des possibilités musicales, ainsi que par leurs contrastes et leurs brièvetés. Après une première partie de quelques minutes, la seconde développe plus d'intensité où intervient le hautbois lors d'un excellent solo. Les autres parties, souvent courtes, déploient le matériau typique de Jarrell parfaitement maîtrisé et retranscrit par un orchestre touffu auquel s'adjoint un piano et un célesta. En grand habitué de musique contemporaine, maintient une battue droite, sans baguette, parfois trop directive, mais toujours précise pour les musiciens.

Quelques changements s'opèrent dans le groupe, puis entre en scène et débute Frühling, premier des Vier letzte Lieder, avec une posture neutre et sans pousser la voix, au risque de se faire piéger par la salle angevine, très différente de celle de la Cité des Congrès nantaise. Elle le comprend vite et adapte son chant, plus vigoureux pour September, bien prononcé par la soprano dramatique française. À présent, l'orchestre ne la couvre plus et se montre mieux équilibré par Rophé, malgré l'acoustique sans rondeur et très précise qui ne laisse passer aucun écart ni décalage, même infime, dans les attaques de bois ou de cuivres. Beim Schlafengehen met en avant le premier violon Julien Szulman, et procure plus d'ampleur à la chanteuse, qui fait montre d'une belle profondeur pour le dernier lied, Im Abenbrot.


La seconde partie est entièrement dévolue à la Symphonie n°4 de Mahler, d'une très bonne tenue dès le Bedächtig initial, avec des interventions notables du cor solo, seulement un peu trop roide, sans doute en partie à cause du rendu de la salle. Sans en rechercher le caractère romantique, Pascal Rophé traite la partition avec transparence et en agence les masses, notamment au deuxième mouvement, où se distingue le premier violon jouant en alternance sur son instrument et un second, accordé au ton supérieur. Le Ruhevoll ne retrouve pas les sphères berlinoises du concert de Semyon Bychkov deux mois plus tôt, mais il se développe d'un caractère sobre, peut être trop limité dans les phrases de violoncelles, pas assez dansantes en milieu de mouvement.

Puis la soprano réapparait lors du forte, pendant que le timbalier frappe avec vigueur ses percussions, ce qui évite les applaudissements. Elle est alors parfaitement prête quand la musique reprend sa légèreté, dans un finale introduit par les bois. Impressionnante, aborde le lied tiré du Knaben Wunderhorn, Das himmlische Leben (La Vie Céleste) avec un lyrisme et une lumière que l'on n'attendait pas d'une telle voix, cette partie étant majoritairement tenue par des sopranos légers. On se rappelle alors qu'Abbado avait enregistré l'ouvrage avec la mezzo Federica von Stade, d'une tenue de la ligne de chant assez semblable à celle d'Hunold aujourd'hui, également claire quant à la prononciation. Au moins pour quelques heures, la musique aura remis en avant la grandeur de l'humain, face à la tristesse de la réalité du moment.

Crédits photographiques : © ONPL

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