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Emőke Baráth enchante dans un florilège d’airs de Haendel

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Montpellier. Opéra Comédie. 19-II-2022. Haendel forever. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : extraits de Radamisto, Giuglio Cesare, Deidamia, Rodelinda, Alcina, Lotario. Concerto grosso opus 3 n° 2, concerto grosso opus 6 n° 4 et n° 12. Ensemble Artaserse, Emőke Baráth, soprano, Philippe Jaroussky, contre-ténor et direction

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Les plus beaux airs de Haendel, une chanteuse en état de grâce et un orchestre à l'expressivité ciselée : tout était réuni à l'Opéra Comédie de Montpellier pour cette soirée de belle tenue.

Montpellier a de la chance : l'Opéra Orchestre National accueille en résidence pour la saison 2021/2022. En plus des nombreux concerts programmés, le contre-ténor a offert une masterclass de chant le 18 février dernier, où le public de la salle Molière a pu apprécier les généreux conseils qu'il prodiguait à quatre jeunes chanteurs au talent déjà confirmé : les mezzo-sopranos Anouk Defontenay, Eugénie Joneau, et Julie Nemer ainsi que le ténor Qingyue Yang.

Le lendemain, c'est à la direction de son ensemble que Jaroussky retrouve Haendel, son compositeur fétiche, laissant le devant de la scène à la soprano , qu'il rejoint pour deux duos. On retrouve les airs chantés par la soprano dans le disque Dualitá qui vient de paraitre chez Erato, enregistré par les mêmes artistes. Radamisto, Jules César, Lotario, Alcina … : ces opéras composés pour la Royal Academy de Londres sont autant de succès qui ont marqué la carrière anglaise de Haendel. Dans ce programme, comme dans les opéras d'origine, les airs chantés sont entrecoupés par des mouvements instrumentaux empruntés aux concerti grossi. Les enchaînements se font ici très naturellement, avec beaucoup de fluidité. Dans le Largo du concerto grosso op.3 n° 2, le très beau solo de hautbois joué par Gabriel Pidoux fait écho au lyrisme des airs chantés. D'une grande précision dynamique, l'orchestre offre un parfait écrin aux voix.

fait preuve d'un bel engagement scénique dès le début du programme, qui s'ouvre sur un air de vengeance d'une grande virtuosité, « L'aura che spira », extrait de Jules César. Contraste immédiat avec le deuxième air, « Ombra cara » de Radamisto, où les chromatismes traduisent la douleur du personnage. « Quel nave smarrita » du même Radamisto offre de sublimes pianissimi de la voix, soutenus par le violoncelle et le théorbe. Dans ces airs d'une intensité douloureuse (comme dans le « Se pietá di me » de Jules César), le continuo sait se faire discret, le théorbe se substituant au clavecin pour un accompagnement tout en délicatesse. L'air d'Achille « Ai greci questa spada » qui conclut la première partie est un sommet de virtuosité dans laquelle la voix souple d' fait merveille, sans rien céder à une extrême sensibilité. On pourra comparer cette interprétation à celle de Sandrine Piau dans le disque « Enchantresses » paru très récemment chez Alpha, dans lequel on retrouve beaucoup des airs chantés ici.

La deuxième partie s'ouvre sur le duo « Io t'abbraccio » de Rodelinda, qui offre un dialogue subtile entre la voix et l'orchestre. Viennent ensuite des extraits d'Alcina, avec le redoutable air « Ombre pallide« , où la magicienne, oscillant entre fureur et doute, convoque les Ombres pour retenir Ruggiero prisonnier. Dans tous ces airs, l'ornementation des reprises est un modèle du genre, et la jeune soprano prouve que sa belle maîtrise technique n'entrave pas son expressivité. Elle tient ainsi les promesses évoquées à l'occasion d'un récital Haendel avec à Paris en 2018. Après un dernier duo extrait de Jules César, le public enthousiaste obtient deux bis : un air extrait d'Amadis (« Ah spietato ») nous offre un magnifique dialogue avec la hautbois et d'extraordinaires pianissimi de l'orchestre et, pour finir, l'air « Da tempeste » de Jules César, qui nous rappelle que l'ensemble donnera cet opéra en juin prochain à Montpellier, avec Emőke Baráth dans le rôle de Cléopâtre. Nous l'attendons avec impatience.

Crédit photographique : © Edouard Brane

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