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Pierre-Laurent Aimard revient aux Vingt Regards d’Olivier Messiaen

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Paris. Cité de la Musique, Salle des Concert. 15-II-2022. Olivier Messiaen (1908-1992) : Vingt Regards sur l’Enfant Jésus. Pierre-Laurent Aimard, piano

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Pendant plus de deux heures à la Cité de la Musique, livre les Vingts Regards sur l'Enfant Jésus d', d'un jeu lent et immuable d'où ressort plus la modernité du cycle que sa métaphysique.


Composé en 1944 pendant que les combats font rages, Vingt Regards sur l'Enfant Jésus est tout autant que le Quatuor pour la Fin des Temps de 1941 une solution de fuite intellectuelle vers une forme d'éternité, de la part d'un compositeur imprégné par la foi en une religion catholique dont il ne s'éloignera jamais.

Élève d'Yvonne Loriod au Conservatoire de Paris et vainqueur du 1er Prix du Concours en 1973, a enregistré le cycle pour piano dès juillet 1999 au Théâtre de La Chaux-de-Fonds, pour une parution chez Teldec en 2000. Il revient aujourd'hui à l'ouvrage monumental pour un récital à la Cité de la Musique de Paris sans avoir changé son approche de la partition, avec toujours la même lisibilité d'exécution.

Aimard garde la partition ouverte tout au long de l'interprétation. À son habitude il n'a pas appris le texte par cœur et préfère y rester strictement fidèle en maintenant toujours les écritures en regard, pour justement s'introduire dans le n° 1, Regard du Père. Dans la pleine continuité de style d'Yvonne Loriod, il aborde l'ouvrage d'un jeu toujours mesuré, parfois presque distancié par une sonorité droite, qui ravive la modernité du chef-d'œuvre.

Calme, il appuie le côté debussyste des couleurs de la partie aigüe du clavier, comme au Regard de l'étoile (n°2), livré presque à la manière d'un Prélude du livre II de l'aîné. Cette même sensation se retrouve encore en début de seconde partie, juste après un dynamique Regard de l'Esprit de Joie (n°10) et un entracte salvateur. Le retour se fait par la Première communion de la Vierge (n°11), puis Aimard redevient plus anguleux avec La parole toute puissante (n°12), pour demeurer encore dans la tension appliquée au début de Noël (n°13). Légèrement accrocheur avec les Anges (n°14), il ramène à un temps long le baiser de l'Enfant-Jésus (n°15), sans pour autant jamais verser dans un quelconque penchant métaphysique ni encore moins dans le pathos de l'exécution.

La même impression se dégage du Regard du Silence (n°17), toujours très moderne sous ce doigté, puisque le pianiste a toujours abordé et aborde encore les Vingt Regards comme un cycle total, sans jamais en désincarner l'une de ses parties. De dix minutes chacun, les deux derniers regards conduisent dans la plénitude du temps un auditoire d'un calme religieux pendant toute la soirée, juste suspendu par les longs applaudissements saluant la superbe prestation du pianiste.

Crédits photographiques : © VG/ResMusica

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