Benjamin Alard nous convie à la période de Weimar avec le volume 5 de son intégrale Bach
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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : l’œuvre intégrale pour clavier, volume 5 : « Weimar 1708-1717, toccatas et fugues ». Benjamin Alard, clavecin-pédalier Philippe Humeau (Barbaste 1993) d’après Carl Conrad Fleischer (Hamburg 1720 / Quentin Blumenroeder Haguenau 2017), orgue Quentin Blumenroeder (2009) du temple du foyer de l’âme à Paris, clavicorde Emile Jobin (1998) d’après Christian Gottfried Friederici Gera (1773). 3 CD + 1 CD bonus Harmonia Mundi. Enregistrés en avril, septembre 2019 et septembre 2020. Livret en français, anglais et allemand. Durée totale : 3h 5’
Cinquième coffret consacré à l'œuvre pour clavier de Johann Sebastian Bach par Benjamin Alard avec l'arrivée remarquée du clavicorde dont on redécouvre ici toutes les lettres de noblesse. La période des toccatas de Weimar est ainsi magnifiquement représentée grâce à l'orgue, le clavecin-pédalier et le clavicorde.
Benjamin Alard poursuit son parcours sans faille dédié à l'œuvre pour clavier de Bach. Chaque volume livre un thème porté par divers éclairages dont le plus lumineux semble bien être ici la présence d'un instrument moins couramment utilisé dans ce type d'entreprise : le clavicorde. Aimé de Bach pour ses qualités expressives et différentes du clavecin, Benjamin Alard explique son choix au travers d'un texte intitulé « Éloge du clavicorde », afin d'illustrer sa réelle présence dans l'univers instrumental de Bach. De plus il met l'accent sur cet art du toucher (toccare) que l'auteur pratiqua avec un art révolutionnaire de liberté et d'improvisation. Le clavicorde, catalogué comme instrument intime se révèle au travers des pièces proposées ici comme le vecteur formidable d'un répertoire riche, varié, depuis le choral domestique jusqu'aux concertos à l'italienne.
Grâce à l'enregistrement rapproché qui permet de capter toutes ses subtilités sonores, il apparait ici d'une grande vocalité, ce que nous montre l'interprète de même que ce fameux vibrato exécutable en maintenant la petite lame de métal sur la corde afin de réaliser le Cantabile décrit par les anciens. Cela, comme le dit Benjamin Alard, confronte le musicien à lui-même, engendrant des remises en question sur la manière de jouer. Un CD entier du coffret lui est consacré, joué sur un très bel instrument réalisé en 1998 par Emile Jobin, d'après un original allemand du XVIII° siècle. Une Toccata (BWV 916), une douzaine de Chorals et quatre Concertos dans le style italien permettent d'apprécier le travail de recherche de l'interprète, au jeu subtil et d'une émouvante intériorité.
Un autre disque évoque d'autres pièces brillantes que sont les Toccatas pour clavier caractéristiques de la période de Weimar, entourées de pièces d'orgue, toutes jouées sur un clavecin-pédalier de Philippe Humeau de 1993, lui aussi d'après un modèle de l'époque contemporaine de Bach. Habitués aux Toccatas sur un tel type d'instrument, les pièces d'orgue développent par contre d'étonnants climats inédits et instructifs, pour une écoute renouvelée. La Partita sur le choral « Sei Gegrüsset » dont Benjamin Alard extrait quelques variations ou la Toccata dorienne et sa fugue titanesque bâtie comme une immense passacaille conviennent assurément à une telle présentation. Ces clavecins munis d'un pédalier étaient très fréquents chez les organistes de l'époque leur permettant de travailler à la maison sans avoir recours à un souffleur pour l'orgue de l'église, tout en se mettant à l'abri du froid de l'hiver.
Un autre CD lui, est enregistré sur l'orgue du temple du Foyer de l'âme à Paris, instrument reconstruit et agrandi en 2009 par Quentin Blumenroeder. Il s'agit là d'un modèle d'orgue de taille moyenne principalement destiné à l'accompagnement du chant choral et au continuo. La présence entre autres d'un jeu de basson de 16 pieds sur le deuxième clavier, jeu que Bach affectionnait tout particulièrement pour ses qualités orchestrales et de gravité apporte à cet orgue une dimension toute particulière. Aux côtés de pièces célèbres dont la fameuse Toccata en ré mineur BWV 565, on appréciera divers chorals ainsi que divers diptyques (Préludes et fugues) pour terminer par la grande Toccata en fa majeur BWV 540, suivie de sa double fugue.
Il y a dans les trois disques de ce coffret un agréable équilibre qui nous plonge en immersion dans ce monde si particulier des instruments à claviers de Bach, sans peur de chassé-croisés judicieusement menés par l'interprète. Chez Bach finalement l'instrument à claviers n'est jamais qu'un outil, un prétexte à distiller son discours et cette intégrale nous le démontre encore une fois. Cerise sur le gâteau, l'éditeur nous offre un CD bonus réunissant certaines plages des coffrets précédents et quelques unes des prochains, pour nous aider à mieux appréhender une vision d'ensemble et nous aider à patienter pour la suite de ce grand projet. De belles surprises nous attendent dont un Petit livre d'orgue avec la participation de l'Ensemble vocal Bergamasque.
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