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L’Apocalypse selon John Adams

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Paris. Théâtre de l’Athénée 4-II-2022. John Adams (né en 1947) : I was looking at the ceiling and then I saw the sky ; opéra sur un livret en anglais de June Jordan ; mise en scène, scénographie, lumière et costumes, compagnie Khroma : Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Maria Belen Fos, Consuelo ; Nathalie Oswald, Leila ; Sonia Shéridan Jacquelin, Tiffany ; Marie Juliette Ghazzarian, Rickie ; Lionel Couchard, Dewain ; Lucas Bedecarrax, Mike ; Marc Fournier, David. Clarinette, Anna Ferrandis ; saxophone, Brayan Shimizu ; guitare électrique, Camille Molinos ; guitare basse, Sébastien Clerc ; piano 1, Caterina Roberti ; piano 2, Arthur Possing ; piano 3, Xavier Roesch ; percussion, Germain Dauwe. Direction : Philippe Gérard

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La (Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli) met en scène I was looking at the ceiling and then I saw the sky de , un ouvrage lyrique de 1995 entre opéra et comédie musicale monté sur la scène de l'Athénée.

Interprétée par sept étudiants de la classe de chant du Conservatoire de Bruxelles et un petit ensemble instrumental électrifié, tous sous la direction de , la partition de se décline en numéros, quelques quinze chansons interprétées en solo, duo ou trio – elles sont applaudies systématiquement par le public – et autant de scènes différentes qui défilent sous nos yeux. Le titre de l'ouvrage, « Je regardais le plafond et puis j'ai vu le ciel » est emprunté à l'une des phrases prononcées par les victimes du séisme qui dévasta la ville de Los Angeles en 1994 (soit un an avant l'écriture et la création de l'opéra), aggravant la misère sociale d'une partie de la population. Le livret en anglais de June Jordan, et ses évidentes références à l'Apocalypse de Saint-Jean, prend également appui sur le témoignage de sept personnes ayant vécu l'avant et l'après de la catastrophe. Sans dérouler une véritable histoire, le texte s'ancre dans la réalité sociale des États-Unis, montrant les inégalités raciales, la difficulté d'intégration et du vivre ensemble au sein de la communauté américaine. Le tremblement de terre est reproduit à l'écran, via la vidéo et la bande-son, aux deux tiers de l'ouvrage, un cataclysme qui fait basculer l'histoire, modifiant les comportements, la psyché des personnages et leur relation à l'autre. Alors des couples vont se former et l'amour pourra triompher !

Sept chaises sont alignées pour la présentation des personnages au tout début du spectacle (les prénoms et professions s'affichent au-dessus de leur tête) ; puis le plateau se vide, excepté l'écran en fond de scène où des images provenant de maquettes travaillées en direct et en bord de scène sont projetées et renouvellent le décor, parfois très sophistiqué selon les situations abordées. Scénographie, lumières et costumes sont le fruit du travail à quatre mains de Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli, une conception minimaliste autant qu'inventive et un dispositif léger capable de s'adapter à des lieux autres que la maison d'opéra proprement dite. Les personnages ont quant à eux toute liberté d'évoluer à la faveur d'une conduite d'acteurs qui s'approche parfois de la chorégraphie.

tire partie des huit instruments en fosse, guitare et basse électriques, trois pianos droits et un clavier électronique, une clarinette, un saxophone et des percussions. D'essence répétitive et toujours pulsée, regardant également vers le jazz rock, la musique fonctionne sur quelques éléments mis en boucle ou la superposition de différentes strates rythmiques qui peuvent évoquer lointainement le Steve Reich de Music for 18 instruments. La partition instrumentale se réduit parfois à un simple accompagnement rythmique des voix ou fait valoir la couleur pop-rock d'un solo de saxophone ou de guitare électrique.

Les sept personnages de l'histoire sont tous fragilisés par leur condition sociale et leurs problèmes existentiels : Lucas Bedecarrax campe le policier Mike, mal dans sa peau. Il est touchant dans son dialogue avec Tiffany ; est Dewain, le gangster repenti et malmené par la police ; Marc Fournier est un ténor léger endossant le rôle du pasteur noir. Côté féminin, la mezzo-soprano Sonia Sheridan Jacquelin/Tiffany endosse le rôle d'une journaliste au caractère bien trempé qui va elle aussi modifier ses comportements après le tremblement de terre. Marie Juliette Ghazzarian/Rickie est une avocate d'origine vietnamienne, ex « boat people ». La soprano Maria Belen Fos/Consuelo est une mère célibataire, salvadorienne et sans papiers, qui sollicite l'aide de Leila/Nathalie Oswald, conseillère dans une clinique d'avortement. Les chanteurs sont tous jeunes, issus de la classe de chant du Conservatoire de Bruxelles, rappelons-le, et sans doute pour certains en voie de professionnalisation ; ils sont vaillants et plein d'énergie sur scène même si l'intonation est perfectible, surtout dans les airs solo, et la voix souvent un peu frêle exceptée celle de , baryton au spectre large et chaleureux. En revanche, les duo ou trios (le Bad boys des trois femmes) comme les ensembles sont soignés ; ainsi la chanson en mode répétitif et joyeusement pulsée qui débute et referme l'ouvrage, chantée par toute la troupe dans une ambiance de comédie musicale plus que d'opéra, même si les dialogues parlés sont ici absents.

Le spectacle est certes limité d'un point de vue dramatique et un rien simpliste dans la typologie de ses personnages mais entretient tout du long cette double perspective donnée par le titre bien sonnant : une vision réaliste d'un monde de destruction, au sens tragique et politique du terme, et une ouverture sur le rêve qui la dépasse.

Crédit photographique : © Hubert Amiel

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Paris. Théâtre de l’Athénée 4-II-2022. John Adams (né en 1947) : I was looking at the ceiling and then I saw the sky ; opéra sur un livret en anglais de June Jordan ; mise en scène, scénographie, lumière et costumes, compagnie Khroma : Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Maria Belen Fos, Consuelo ; Nathalie Oswald, Leila ; Sonia Shéridan Jacquelin, Tiffany ; Marie Juliette Ghazzarian, Rickie ; Lionel Couchard, Dewain ; Lucas Bedecarrax, Mike ; Marc Fournier, David. Clarinette, Anna Ferrandis ; saxophone, Brayan Shimizu ; guitare électrique, Camille Molinos ; guitare basse, Sébastien Clerc ; piano 1, Caterina Roberti ; piano 2, Arthur Possing ; piano 3, Xavier Roesch ; percussion, Germain Dauwe. Direction : Philippe Gérard

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