C'était un des doyens du monde de la création contemporaine et un aventurier dans la recherche de sonorités inouïes. Le compositeur et pédagogue américain George Crumb né le 24 octobre 1929 à Charleston (Virginie) s'est éteint le 6 février 2022 à l'âge de 93 ans.
Il débute sa formation aux États-Unis, dans plusieurs Universités (Illinois, Michigan…) puis vient à Berlin travailler auprès de Boris Blacher. Il enseigne à l'Université du Colorado de 1959 à 1964, puis à partir de 1965 et pendant trente ans, à l'Université de Pennsylvanie.
Attaché à la culture occidentale – avec des références constantes à Bartók et à Debussy – George Crumb n'en poursuit pas moins un cheminement personnel, dans un rapport singulier à l'instrument, le plus souvent amplifié, et à la voix. Ses œuvres sont en majeure partie limitées à la musique de chambre et se font l'écho du monde qui l'entoure, dans une dimension cosmique de l'univers sonore. Son quatuor à cordes Black Angels – treize images du pays des ténèbres (1970) est emblématique de sa démarche, pièce singulièrement puissante qui fait appel à la symbolique des nombres. Elle est écrite en pleine guerre du Vietnam et en manière d'hommage à toutes les victimes de ce conflit. Crumb a recours à la citation (La Jeune fille et la mort de Schubert, le Dies-Irae…) et confie aux instrumentistes des accessoires (maracas, verres de cristal, tam tam…) pour accroître le champ des résonances. Citons également les quatre cahiers des Makrokosmos pour le piano exploré dans les cordes, Vox Balaenae pour piano amplifié, flûte et violoncelle électriques ou encore Ancient Voices of children sur la poésie de Garcia Lorca où transparaissent les couleurs du flamenco. En novembre dernier, l'Ensemble Intercontemporain a donné en création française l'une de ses dernières pièces, Kronos-Kryptos (2018) convoquant les seules percussions, un domaine qu'il a expérimenté en pionnier et a considérablement enrichi en termes d'instruments et de techniques de jeu. (MT)