Album solo du ténor Azer Zada

Album carte de visite pour un jeune chanteur qui commence à s'imposer sur les scènes internationales. Si les moyens vocaux sont bien là, il restera encore à Azer Zada à affiner ses interprétations pour véritablement trouver sa place au firmament du chant lyrique.

Avec Yusif Eyvazov, Azer Zada est l'autre ténor azerbaïdjanais à faire aujourd'hui carrière sur les scènes internationales. Ce premier album solo, sans doute destiné à promouvoir la jeune carrière du chanteur, aura peut-être du mal à convaincre un public habitué au genre assez convenu du récital d'opéra. On pourra tout d'abord s'étonner du programme, lequel propose, pour un CD n'atteignant de loin pas une heure de musique, près de vingt minutes de pages instrumentales. Notons néanmoins la cohérence des choix de répertoire, avec trois intermezzi tirés d'opéras de Mascagni, le célébrissime Cavalleria rusticana, mais également Amica et L'amico Fritz. Azer Zada, à côté des adieux de Turiddu à sa mère, nous livre également un air tiré du plus rare Iris. Le chanteur fait valoir un instrument riche et puissant, mais relativement pauvre en couleurs et déjà excessivement vibré dans les hauteurs de la voix. On ne saurait que trop conseiller au jeune ténor de privilégier encore quelques années encore les rôles lyriques qu'il est visiblement en capacité d'aborder – un « Una furtiva lagrima » tout à fait honorable –, plutôt que de se fixer imprudemment dans les rôles dramatiques qu'on lui demande déjà : Radamès l'été dernier à Vérone, avec rien moins que Riccardo Muti au pupitre. Calaf, Cavaradossi, Canio et Pinkerton sont claironnés à pleins poumons, tandis que Macduff montre un plus grand souci de trouver une ligne. Le solo du Requiem de Verdi atteste lui aussi une plus grande recherche de nuances. Au final, on se dira que ce sont presque les pages instrumentales qui font l'intérêt de ce disque.

Loin de constituer une révélation, cet album aura néanmoins permis de découvrir un jeune ténor prometteur au chant encore routinier, manquant singulièrement de grâce et d'élégance, et dont l'avenir dira s'il parvient à se positionner parmi les grands interprètes de ces prochaines années.