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Jukka-Pekka Saraste retrouve Mahler et l’Orchestre de Paris

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Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 20-I-2022. Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour violon n° 1, op. posthume, BB 48a (Sz. 36). Alexandra Conunova, violon. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur. Orchestre de Paris, direction : Jukka-Pekka Saraste

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Après une passionnante Symphonie n° 6 de Mahler en mars 2020, revient devant l' pour la Cinquième Symphonie, associé au Concerto pour violon n°1 de Bartók, interprété par remplaçant Janine Jansen souffrante.


Écrit dès 1907 pour la violoniste Stefi Geyer, le Concerto n° 1 pour violon de Bartók sera laissé de côté par la dédicataire, qui ne l'interprètera jamais et finira heureusement par donner la partition à Paul Sacher. Le grand mécène et chef d'orchestre suisse organisera dès 1958 la création de l'œuvre, à titre posthume puisque le compositeur était mort d'une leucémie en 1945 lors de son exil aux États-Unis.

Maintenant joué relativement régulièrement, bien que moins abouti que le plus célèbre Concerto n° 2, l'ouvrage déjà très moderne pour l'époque comprend deux mouvements seulement, Andante puis Allegro, d'une obscure lumière qui n'est pas aujourd'hui sans rappeler celui À la Mémoire d'un Ange composé quelques décennies plus tard par Berg. Introduit par le violon seul, il laisse immédiatement ressortir la maîtrise des couleurs de la jeune . Puis les premiers violons de l' rejoignent la soliste, maintenus dans la même clarté froide par le chef, . À mesure qu'elle se développe, l'œuvre fait intervenir tous les musiciens de l'ensemble, dont les magnifiques bois (basson, flûte et clarinette basse). La fin de l'Andante giocoso remet en avant la superbe technique de la violoniste qui libère toute sa dextérité dans l'Allegro giocoso, toujours bien maintenu dans une sombre lumière par Saraste. En bis, Conunova choisi le difficile mouvement introductif de la Sonate n° 2 d'Ysaÿe : Obsession, Prélude. Véritable citation de la Partita n°3 de Bach, la pièce qui utilise à la fois la technique des deux voix et le thème du Dies Irae ressort magnifiée sous le doigté particulièrement agile de la soliste.

En seconde partie, Saraste revient à un compositeur qu'il connait très bien et dirige depuis longtemps. Passionnant dans son approche de la Symphonie n° 6 deux ans plus tôt, il entre dans la Cinquième par la magnificence de la trompette solo de Célestin Guérin. Puis il déploie les cordes, brutes et denses, impressionnantes au début, mais trop souvent sous tension ensuite pour laisser respirer un peu la seconde partie du mouvement. Le Stürmisch bewegt maintient la même tension, d'un orchestre particulièrement impressionnant notamment dans les superbes phrases des violoncelles.

Passée une courte pause entre le second et le troisième mouvement, qui montre que Saraste tient à démarquer les trois parties de l'ouvrage plutôt que ses cinq mouvements, le Scherzo, demandé vigoureux (Kräftig), pourrait apporter plus de lyrisme dans sa tonalité particulièrement viennoise, voire plus d'ironie plutôt qu'un son ici trop brut pour vraiment convaincre, malgré l'orchestre toujours flamboyant, porté par un cor solo ainsi qu'un premier basson splendides. De la même manière, on peut apprécier un Adagietto rapide à condition que la poésie et l'émotion n'en soient pas exemptes -ce qui est ici malheureusement le cas – car s'il semble bien que ce mouvement soit définitivement plus un chant d'amour qu'un thème funèbre.

Par une vision globale de la partition, Saraste clôture la symphonie avec un Rondo-Finale dans lequel il ne lâche toujours pas la bride, et profite encore des forces vives d'un en grande forme, malgré le départ récent de ses chefs d'attaques tutélaires. Cependant, là encore loin du discours affiné et si rempli d'idées de la Sixième, ne ressort aujourd'hui qu'un matériau brut, insuffisant à porter toute la puissance du chef-d'œuvre de Mahler.

Crédits Photographiques : © Félix Broede

 

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