Les Amazones explosives de Marta Izquierdo Muñoz

Que font les guerrières entre elles ? C'est en partant de cette interrogation que Marta Izquierdo Muñoz met en scène un trio d'amazones déjantées dans Guérillères au Théâtre de la Cité Internationale, dans le cadre du festival Faits d'hiver.

L'univers coloré de la Madrilène Marta Izquierdo Muñoz garde encore quelque chose de la Movida, à laquelle elle appartint dans les années 80. Un univers stylisé et burlesque, qui emprunte aux codes des comics américains. Les personnages de Guérillères n'arborent-ils pas un T-shirt à l'effigie de super héros ?

Sur un territoire dont la cartographie est exposée à même le sol (brillante scénographie d'Alexandre Vilvandre), ces trois femmes combattantes (les Guérillères, selon le titre du livre de Monique Wittig dont s'inspire le spectacle) utilisent tous les attributs de la combattante : arcs et flèches, mitraillette imaginaire ou pistolet jouet. La chorégraphie est elle aussi stylisée, s'appuyant sur les figures archétypales des guerriers, genoux à terre pour bander l'arc et tirer. Les déplacements se font latéralement ou par glissement, ces à-coups donnant une dimension ludique à la chorégraphie. Guérillères est le second volet d'un dyptique consacré aux communautés féminines à la fois marginales et populaires, dont le premier volet, IMAGO-GO, utilisait avec esprit ce même questionnement chorégraphique autour de la majorette.

En guise de bande-son, les trois danseurs de Guerillères borborygment des onomatopées qui accompagnent leurs gestes. Au milieu d'artefacts de toute nature, dont un bâton à plumes et une sorte de pierre philosophale, ils produisent des sons à partir de deux socles plats, posés à même le sol, comme un écho lointain aux bruits de la guerre.

Les multiples changements de rythme maintiennent l'intérêt du spectateur tout au long du spectacle, mais le propos et sa portée sont cependant un peu trop ténus pour convaincre tout à fait.

Crédit photographique : © Marc Coudrais