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À Metz, la folle journée de Nino Rota

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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 21-XII-2021. Nino Rota (1911-1979) : Le Chapeau de paille d’Italie. Farce musicale en quatre actes et six tableaux. Livret d’Ernesta et Nino Rota, d’après la pièce d’Eugène Labiche et Marc Michel. Version française d’Henri Murgue. Mise en scène : Anthony Magnier. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Mélisande de Serres. Lumières : Charly Hové. Chorégraphie : Graham Erhardt-Kotowich. Pantomime / comédienne : Elena Serra. Avec : Patrick Kabongo, Fadinard ; Jennifer Michel, Hélène ; Pierre-Yves Pruvot, Nonancourt ; Benjamin Mayenobe, Émile ; Charlotte Dellion, Anaide ; Bertrand Duby, Beaupertuis ; Irina Stopina, La Baronne de Champigny ; Su A Park, La Modiste ; Vincent Ordonneau, L’Oncle Vézinet ; Antoine Normand, Félix / Achille de Rosalba ; Mikaël Fasulo, Comédien. Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (maître de ballet : Laurence Bolsigner-May). Chœur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de chœur : Nathalie Marmeuse). Orchestre national de Metz, direction : Jacques Mercier

Adaptée de la célèbre pièce de Labiche, la farce musicale de Le Chapeau de paille d'Italie gagne à être connue. Enlevé par une distribution triée sur le volet, mis en scène avec goût et poésie, ce spectacle devrait enchanter les fêtes de fin d'année de la métropole messine.


Rares sont les mélomanes aujourd'hui qui connaissent la partition de inspirée du Chapeau de paille d'Italie d'Eugène Labiche et Marc Michel. Le compositeur lui-même, quand on l'avait sollicité pour une création en 1955, ne savait plus où il avait rangé le fruit d'un travail accompli au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les admirateurs de Labiche retrouveront avec délectation le vaudeville farcesque d'un ouvrage hilarant, déjà marqué par un sens inné du déjanté et de l'absurde. La musique de Rota, pourtant, n'est pas de la plus grande originalité. Démarrant par une ouverture qui pourrait rappeler Mozart ou Rossini, la partition décline, de Donizetti et Verdi à Puccini et Mascagni, tout ce que l'opéra italien a connu de bon. Au moins conserve-t-elle ce petit second degré ironique qui signale que nous sommes bel et bien dans le pastiche et la parodie. En revanche, les intermezzi qui séparent les actes, confiés pour les représentations messines à l'accordéon, sont davantage en phase avec le bien connu des cinéphiles. Ce sont d'ailleurs à ces derniers, qui ne manqueront pas de relever tous les clins d'œil – allusions par exemple à Casanova au deuxième acte – que la mise en scène s'adresse au premier chef. Le parti pris d' est en effet de faire basculer la cavalcade parisienne du protagoniste Fadinard et de sa noce bourgeoise dans l'univers fellinien des grands films associés à la figure de Rota. Deux comédiens spécialistes du mime, Elena Serra et Mikaël Fasulo vont ainsi incarner tout au long des quatre actes du vaudeville des personnages à la gestuelle clownesque semblant sortis tout droit de La Strada. Les invités de la noce, eux aussi, se transforment en créatures surréalistes qui semblent relever davantage de l'univers du cirque que du monde petit bourgeois de leur Paris ou de leur Charenton natal. Ce monde en folie, où artistes et machinistes se mêlent au mépris de toute rationalité, ouvre tout grand les portes du rêve et de l'imaginaire, contribuant à l'esprit festif et poétique dont nous avons tous besoin en ces périodes de fin d'année.


Si l'esprit de ce spectacle total, qui fait appel autant aux danseurs et aux acteurs qu'aux solistes et au chœur, s'apparenterait plutôt à la comédie musicale, l'écriture vocale de Nino Rota fait bel et bien appel à des chanteurs lyriques chevronnés, confrontés comme ils le sont à une partition des plus exigeantes. Le ténor renouvelle ainsi les exploits vocaux déjà réalisés in loco dans ses emplois rossiniens. Il n'en fait pas moins preuve d'une aisance et d'un abattage scéniques tout à fait exceptionnels. À ses côtés, est très bien chantante elle aussi, faisant montre d'un soprano délicieusement fruité, particulièrement à l'aise dans les notes piquées et les vocalises. Tous les chanteurs, totalement investis sur le plateau, sont dignes d'éloges. On retiendra notamment les effets caverneux de en Nonancourt, le soprano puissant d' en Baronne de Champigny ainsi que la belle prestation de en Beaupertuis. Tous, danseurs, solistes et choristes, sont entrainés par la baguette vive et alerte de qui, à la tête de l', croit visiblement en cette partition riche en mélodies et efficace théâtralement, dont on s'étonne qu'elle soit si peu connue en France et ailleurs. Espérons que le succès de cette soirée donnera à nos programmateurs de théâtre d'autres idées pour de nouvelles découvertes.

Crédit photographique : et chœur de l'Eurométropole de Metz (photo 1) ; Mikaël Fasulo, , et Elena Serra (photo 2) © Luc Bertau – Opéra-Théâtre Eurométropole de Metz

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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 21-XII-2021. Nino Rota (1911-1979) : Le Chapeau de paille d’Italie. Farce musicale en quatre actes et six tableaux. Livret d’Ernesta et Nino Rota, d’après la pièce d’Eugène Labiche et Marc Michel. Version française d’Henri Murgue. Mise en scène : Anthony Magnier. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Mélisande de Serres. Lumières : Charly Hové. Chorégraphie : Graham Erhardt-Kotowich. Pantomime / comédienne : Elena Serra. Avec : Patrick Kabongo, Fadinard ; Jennifer Michel, Hélène ; Pierre-Yves Pruvot, Nonancourt ; Benjamin Mayenobe, Émile ; Charlotte Dellion, Anaide ; Bertrand Duby, Beaupertuis ; Irina Stopina, La Baronne de Champigny ; Su A Park, La Modiste ; Vincent Ordonneau, L’Oncle Vézinet ; Antoine Normand, Félix / Achille de Rosalba ; Mikaël Fasulo, Comédien. Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (maître de ballet : Laurence Bolsigner-May). Chœur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de chœur : Nathalie Marmeuse). Orchestre national de Metz, direction : Jacques Mercier

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