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Samson sans Garanča, sauvé par le Grand-Prêtre Volle

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Berlin. Staatsoper Unter den Linden, Berlin. 05-XII-2021. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Samson et Dalila, opéra en 3 actes sur un livret de Ferdinand Lemaire. Mise en scène : Damián Szifrón. Décors : Etienne Pluss. Costumes : Gesine Völlm. Lumières : Olaf Freese. Vidéos : Judith Selenko. Chorégraphie : Tomasz Kajdański. Avec : Andreas Schager, Samson ; Anna Lapkovskaja, Dalila ; Michael Volle, Grand-Prêtre de Dagon ; Jongmin Park, Abimélech ; Paul Gay, un vieil hébreu ; Magnus Dietrich, Premier Philistin ; Benjamin Chamandy, Deuxième Philistin ; Javier Bernardo, un messager. Danseurs : Nikos Fragkou, double de Samson ; Lisa Schramm, double de Dalila. Staatsopernchor (Chefs des Choeurs : Martin Wright). Staatskapelle Berlin, direction : Thomas Guggeis

À l'occasion du jubilé Saint-Saëns, le Staatsoper Berlin reprend la production de Samson et Dalila créée en 2019 et portée à l'époque par et , absente pour cette représentation.


Créée fin novembre 2019, la nouvelle production berlinoise de Samson et Dalila faisait suite à de nombreuses tentatives récentes d'incursions de réalisateurs de cinéma dans l'opéra. Au même moment que Les Noces de Figaro d'un triste classicisme par James Gray à Paris, le réalisateur des Nouveaux Sauvages, , s'attelait au chef-d'œuvre de Saint-Saëns à Berlin. Malheureusement la production reprise aujourd'hui ne donne lieu qu'à une proposition ultra-simpliste, dont les décors de belle facture d'Étienne Pluss et les costumes de Gesine Völlm plongent le livret dans le style des films bibliques hollywoodiens vus un demi-siècle plus tôt, avec pour seule qualité de ne pas resservir une énième transposition de l'action dans l'actuel conflit israélo-palestinien.

Pour décupler la scène, dont la dramaturgie vaut à peine celle d'une mise en espace, il faut alors des tempéraments de feu, dont , définitivement marquant dans tous les rôles qu'il prend et splendide Grand-Prêtre encore aujourd'hui. À la justesse de la prosodie s'accorde une superbe palette de nuances vocales, particulièrement mise en valeur dans l'air Maudite à jamais soit la race. Plus mesuré mais tout aussi convaincant, Paul Gay fait honneur au Vieil Hébreu, tandis que la basse offre ses graves pleins à Abimélech. remplace Garanča pour Dalila et loin de démériter, la mezzo-soprano présente un chant souple et soigné, avec un français souvent compréhensible, émouvante à l'acte II dans son grand air, Amour! viens aider ma faiblesse. Les rôles de Philistins et le peuple juif sont parfaitement tenus par les forces berlinoises, tandis que deux danseurs évoluent parfois avec grâce en scène pour doublonner les deux rôles principaux.

Malgré cela, le plateau pèche par l'excès de force brute du Samson d'. Car si deux ans plus tôt, Brandon Jovanovich manquait déjà de subtilité pour le rôle, le ténor allemand aujourd'hui ne semble connaitre que le fortissimo d'une déconcertante facilité grâce à des cordes vocales semblant en béton armé, se situant à l'opposé de la flamme et de l'intelligence d'un Roberto Alagna ou des grands ténors du passé. Nonobstant un volume sonore systématiquement trop élevé, tout est asséné sans la moindre finesse, d'un français dont ne ressortent que quelques mots.


Tout aussi problématique, le jeune chef , récemment nommé directeur musical de l'Oper Frankfurt, visiblement peu inspiré par la partition. Malgré une excellente , aucune légèreté ni aucune couleur ne ressortent alors d'un bloc orchestral préparé deux ans plus tôt par Barenboim, déjà sans la tradition des grands directeurs français. A l'image des décors de palais ou de grotte, et à l'instar du ténor, tout est ici aussi servi dans la masse et achève d'alourdir le chant sans jamais le porter. Espérons que les représentations suivantes, dans lesquelles est toujours prévue, offrent de bien meilleures émotions.

Crédits photographiques : © Matthias Baus

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Berlin. Staatsoper Unter den Linden, Berlin. 05-XII-2021. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Samson et Dalila, opéra en 3 actes sur un livret de Ferdinand Lemaire. Mise en scène : Damián Szifrón. Décors : Etienne Pluss. Costumes : Gesine Völlm. Lumières : Olaf Freese. Vidéos : Judith Selenko. Chorégraphie : Tomasz Kajdański. Avec : Andreas Schager, Samson ; Anna Lapkovskaja, Dalila ; Michael Volle, Grand-Prêtre de Dagon ; Jongmin Park, Abimélech ; Paul Gay, un vieil hébreu ; Magnus Dietrich, Premier Philistin ; Benjamin Chamandy, Deuxième Philistin ; Javier Bernardo, un messager. Danseurs : Nikos Fragkou, double de Samson ; Lisa Schramm, double de Dalila. Staatsopernchor (Chefs des Choeurs : Martin Wright). Staatskapelle Berlin, direction : Thomas Guggeis

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