Gaëlle Bourges à la recherche du modèle noir dans LAURA
Plus de détails
Théâtre des Abbesses, Paris. 30-XI-2021. Dans le cadre du Festival d’Automne. Avec le soutien de la fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New settings. Gaëlle Bourges : (La bande à) LAURA. Conception et récit : Gaëlle Bourges. Avec Carisa Bledsoe, Helen Heraud, Noémie Makota, Julie Vuoso. Robe et accessoires : Anne Dessertine, Gaëlle Bourges. Chant : les interprètes. Lumières : Abigail Fowler. Musique : Stéphane Monteiro a.k.a XtroniK. Dès 10 ans
Gaëlle Bourges revisite dans (La bande à) LAURA l'histoire de « L'Olympia », le plus célèbre des tableaux de Manet, sous le prisme de l'histoire des femmes, blanches ou noires, au XIXᵉ siècle. Limpide, didactique et militant.
Pour ceux qui aiment la peinture et l'histoire de l'art, la chorégraphe Gaëlle Bourges continue à décrypter les tableaux des plus grands maîtres et les coulisses de leur création dans ses spectacles, qu'ils soient destinés aux adultes ou aux enfants. Après avoir exploré la tapisserie de la Dame à la licorne dans A mon seul désir, la fresque du Palazzo Pubblico de Sienne dans Conjurer la peur, ou plus récemment le vol des marbres du Parthénon dans OVTR (On va tout rendre), c'est à Manet peintre parisien du XIXᵉ siècle qu'elle s'intéresse dans (La bande à) LAURA, et particulièrement à la naissance de ses tableaux les plus célèbres comme « Le déjeuner sur l'herbe » et « L'Olympia », qui sont tous les deux conservés au Musée d'Orsay.
En mettant en parallèle la vie de Manet et celle de ses modèles, comme la future peintre Victorine Meurant ou Laure, la modèle à la peau noire qui incarne la camériste de L'Olympia, Gaëlle Bourges entend aussi dénoncer les conditions de vie des femmes de l'époque, qui gagnaient leur pain comme prostituée, modèle, lingère, couturière ou domestique. Est-ce par excès de zèle féministe que Gaëlle Bourges, qui a elle-même écrit le texte de ce spectacle alors qu'elle s'appuie habituellement sur les textes de célèbres historiens comme Patrick Boucheron ou Daniel Arasse, commet quelques maladresses ou laisse échapper des inexactitudes ? Si les femmes peintres étaient rares au XIXᵉ siècle, elles sont aujourd'hui aussi nombreuses que les hommes et partagent les mêmes conditions économiques. Autre inexactitude, les femmes ont bien le droit de porter un pantalon à l'Assemblée nationale et ce, depuis cinquante ans !
Gaëlle Bourges excelle à mettre en mots et en image l'histoire de l'art, dans ce qu'elle a de proche et d'universel, mais il n'est pas utile de faire de (La bande à) LAURA un manifeste pour la lutte des classes ! Autre point d'achoppement, l'usage d'un vocabulaire ou d'un niveau de langage parfois familier dans le récit enregistré par la chorégraphe, qui a pour effet d'amoindrir le propos, pourtant passionnant. Tout au long du spectacle, les quatre comédiennes danseuses évoluent souplement pour composer les tableaux, déplacer les accessoires ou les deux grandes étoiles blanches qui accompagnent chaque tableau. Tour à tour, elles prennent la place d'Olympia et de sa camériste. Blanches ou noires, elles montrent à quel point Manet savait capter la beauté et la puissance symbolique des femmes.
Crédit photographique : © Danièle Voirin
Plus de détails
Théâtre des Abbesses, Paris. 30-XI-2021. Dans le cadre du Festival d’Automne. Avec le soutien de la fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New settings. Gaëlle Bourges : (La bande à) LAURA. Conception et récit : Gaëlle Bourges. Avec Carisa Bledsoe, Helen Heraud, Noémie Makota, Julie Vuoso. Robe et accessoires : Anne Dessertine, Gaëlle Bourges. Chant : les interprètes. Lumières : Abigail Fowler. Musique : Stéphane Monteiro a.k.a XtroniK. Dès 10 ans