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À Genève, Gautier Capuçon s’invite chez Chostakovitch

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Genève. Bâtiment des Forces Motrices (BFM). 15-XI-2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 35 en ré majeur KV 385 « Haffner ». Dimitri Chostakovich (1906-1975) : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en mi bémol majeur op. 107. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36. Gautier Capuçon, violoncelle. Cameristi della Scala. Direction : Wilson Hermanto

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Complicité et émotion pour le concert des emmenés par un et un inspirés.


Avec un nom comme à l'affiche, l'attente du mélomane est grande. Encore faut-il que le soliste soit en condition d'offrir le meilleur de lui-même et qu'au-delà de cet état, son environnement musical soit aussi en phase avec lui. Certes la réputation des , un ensemble issu des rangs du légendaire théâtre lyrique milanais, n'est plus à faire. Ni celle de son chef principal invité depuis plusieurs années, .

Le Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 de est un parfait vecteur d'émotions. Il renvoie chacun à la vie tourmentée du compositeur noyé dans une époque où la peur de ne pas plaire au régime le disputait à la modernité débridée de son propos musical. Être l'interprète de ces lignes est un privilège. Mais le cœur, l'envie n'y suffisent pas face à l'exigeante partition. se l'approprie. Dès les premières notes, il impose rythme et esprit. , tantôt serrant le poing, tantôt lançant les bras en signe de victoire, solidement campé sur ses jambes, balançant le corps, donnant du doigt, du regard, le départ d'un accord, l'intervention de la trompette, la main vibrante à la sollicitation des violons, ne lâche rien de la partition. Entre eux deux, la musique de Chostakovitch s'étoffe de couleurs, de climats, d'ambiances tantôt âpres et sévères, tantôt douces et sereines, agitées ou apaisantes comme le déroulement d'un poème aux strophes immenses. Dans le Moderato, le violoncelle omniprésent pousse au charme d'une mélodie bientôt grave ou, jouées sur les harmoniques aigües de l'instrument, bientôt s'enveloppe d'un majestueux tutti de l'orchestre. Étrange sensation de plénitude lorsque le violoncelliste, délaissant pendant quelques mesures son instrument, comme affalé sur son siège, les bras le long de son corps, la tête inclinée vers l'arrière, les yeux clos, le manche du violoncelle reposant sur son épaule, la volute accolée à son oreille, ne joue plus. Comme un prolongement d'un moment de grâce, se grave l'image indélébile de la tension épanouie de l'art accompli. Puis reprennent soudain les accents durs et charnels des débuts du concerto pour éclater dans un final libérateur. Au terme de cette émotionnante et jubilatoire interprétation, une irrépressible ovation couronne soliste, orchestre et chef. En bis, Gautier Capuçon joue un Prélude de Chostakovitch arrangé pour cinq violoncelles, en complicité avec les quatre musiciens de pupitre des .


Le spectaculaire concerto de Chostakovitch éclaire remarquablement la Symphonie « Haffner » de Mozart jouée précédemment par les Cameristi della Scala. Déjà, lors d'un concert à Tannay, en août 2018, nous avions vanté les qualités du chef, sa passion, son engagement inconditionnel envers la musique. Ici, nous l'avons retrouvé avec ce même bouillonnement intérieur mais avec une gestuelle plus retenue, comme plus concise, plus réfléchie. Ainsi, cette symphonie si souvent jouée prend des couleurs nouvelles sous son impulsion. Chez Wilson Hermanto, on note une singulière capacité de souligner le legato sous-entendu au sens strict du mot, lui permettant de relier les pupitres et les mélodies sans à-coups, comme coulerait un fleuve tranquille.

Des qualités expressives qu'on retrouve tout au long de la Symphonie n° 2 de . Cette œuvre trop rarement donnée en concert prend, sous la baguette de Wilson Hermanto, un relief rare. Souvent mozartienne dans son déroulement, les soudain grands accords, les tutti explosifs annoncent déjà la forte personnalité du compositeur qui verra la consécration de sa personnalité musicale dans la Symphonie « Héroïque ». Le chef, constamment à l'affût de toutes les subtilités de cette partition nous ouvre le livre de cette redécouverte d'une symphonie faussement jugée comme mineure dans l'œuvre de Beethoven. Avec la tension constante avec laquelle il nous tient en haleine, Wilson Hermanto fait aimer cette musique au-delà de sa réputation de catalogue.

Crédit photographique : © Kaupo Kikkas

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Genève. Bâtiment des Forces Motrices (BFM). 15-XI-2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 35 en ré majeur KV 385 « Haffner ». Dimitri Chostakovich (1906-1975) : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en mi bémol majeur op. 107. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 2 en ré majeur op. 36. Gautier Capuçon, violoncelle. Cameristi della Scala. Direction : Wilson Hermanto

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