Concerts, La Scène, Opéra

Récital de Michael Spyres à Strasbourg : Baritenorissimo !

Plus de détails

Instagram

Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès, Salle Erasme. 5-XI-2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, Re di Creta, K.366, « Fuor del Mar », Ouverture ; Le Nozze di Figaro, K.492, « Hai già vinta la causa ! » ; Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia, « Largo al factotum » ; Giuseppe Verdi (1813-1901) : I Masnadieri, Ouverture ; Gioacchino Rossini (1792-1868) : Otello, « Ah sì, per voi già sento » ; Adolphe-Charles Adam (1803-1856) : Giselle, Ouverture ; Le Postillon de Lonjumeau, « Mes amis, écoutez l’histoire » ; Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, Prélude de l’Acte III, « Aux bords lointains » ; Giuseppe Verdi (1813-1901) : Il Trovatore, « Tutto è deserto… Il balen del suo sorriso » ; Ambroise Thomas (1811-1896) : Hamlet, Ouverture, « Oh, vin ! Dissipe la tristesse » ; Franz Lehár (1870-1948) : Die lustige Witwe, Ouverture, « Da geh ich zu Maxim » ; Jacques Offenbach (1819-1880) : Les Contes d’Hoffmann, « Va pour Kleinzach ! » : Gaetano Donizetti (1797-1848) : La Fille du Régiment, « Ah, mes amis ! ». Michael Spyres, ténor et baryton. Chœur de l’Opéra national du Rhin (chef de chœur : Alessandro Zuppardo), Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Marko Letonja

Instagram

Avec son ambitus de trois octaves et sa technique accomplie, offre à Strasbourg un récital hors normes.

Son disque « Baritenor » vient tout juste de sortir et recueille déjà des critiques dithyrambiques. Élargissant les classiques caractérisations vocales, y aborde à la fois le répertoire de ténor et de baryton et dépasse même les limites du baryténor rossinien en osant Verdi ou Wagner. C'est à Strasbourg, où ce disque fut conçu avec l' dirigé par , qu'il est revenu pour en offrir de larges extraits en «live».

D'emblée, le récital débute par un monumental « Fuor del Mar » d'Idomeneo de Mozart, dont il vient d'interpréter l'intégralité du rôle à Baden-Baden. Dans sa version longue évidemment, hérissée de vocalises dont semble se jouer sans reprise d'air grâce à une longueur de souffle proprement phénoménale. Après une ouverture d'Idomeneo menée avec une belle énergie par , place au répertoire de baryton avec l'air du Comte des Nozze di Figaro de Mozart. Si la métamorphose vocale et le changement d'émission impressionnent (on a vraiment le sentiment d'entendre un autre chanteur), on y décèle tout de même une perte dans la projection et un relatif manque de rondeur du timbre.

La suite balayera ces menues réserves. D'abord avec un formidable air d'entrée de Figaro dans Il Barbiere di Siviglia de Rossini, où, la puissance d'émission retrouvée, Michael Spyres s'amuse et use de son large ambitus pour contrefaire toutes les voix, réussissant même le prodige pour nous inouï de passer du registre de tête au registre de poitrine sur une même note tenue. Première ovation d'un public désormais conquis. La cavatine de l'Otello « Ah sì, per voi già sento », écrite spécifiquement par Rossini pour le baryténor Andrea Nozzari, convient idéalement à la technique de Michael Spyres et il en donne une interprétation proche de la perfection avec la contribution du Chœur de l'Opéra national du Rhin, dont un soliste assure la partie de Iago. La première partie du récital se conclut sur l'air du Postillon de Lonjumeau d'Adolphe Adam, où éclatent l'art de la diction du français, l'humour, le bonheur de chanter et de darder des aigus sonores.

Après l'entracte, Michael Spyres s'attaque, avec partition cette fois, au récit du Graal dans Lohengrin de Richard Wagner dans sa version française « Des bords lointains ». La clarté de la prononciation permet à nouveau de suivre parfaitement le texte mais, peut-être fatigue passagère, il y manque toutefois héroïsme et mystère et les aigus à pleine voix se tendent. Incroyablement, Michael Spyres enchaîne aussitôt avec le récitatif et l'air du Comte de Luna « Tutto è deserto… Il balen del suo sorriso » issu de Il Trovatore de Verdi et s'y montre digne des meilleurs barytons verdiens par la longueur du souffle, la perfection du legato, la radieuse aisance des aigus. Après un air d'Hamlet d'Ambroise Thomas bien engagé, Michael Spyres conclut son récital par deux moments totalement jubilatoires : l'air de Danilo dans Die Lustige Witwe de Franz Lehár et la légende de Kleinzach des Contes d'Hoffmann d'Offenbach. Utilisant à propos ses multiples techniques d'émission vocale, avec un humour ravageur, il en soigne la caractérisation sans jamais sacrifier la qualité vocale.

Le premier bis (bien qu'annoncé dans le programme) sera le très attendu « Ah, mes amis ! » de La Fille du Régiment de Donizetti et ses neuf contre-uts, que Michael Spyres donne avec une apparente facilité. Ovationné par le public debout et après de multiples rappels, Michael Spyres consentira en second bis la reprise de la légende de Kleinzach qu'il terminera au bord de l'épuisement. Après un programme aussi généreux et aussi exigeant sur le plan physique, on le serait à moins.

Un mot pour terminer de l', dirigé par , qui assure un soutien attentif et constant au chanteur. Comme pour tout récital avec orchestre et pour permettre au chanteur de récupérer quelque peu, divers extraits orchestraux et ouvertures sont intercalés. Certains sont très réussis (l'ouverture de Idomeneo sus citée ou celle de I Masnadieri de Verdi et son poétique solo de violoncelle), d'autres plus dispensables (l'ouverture de Giselle d'Adam ou celle un peu longuette de Die lustige Witwe de Lehár) et parfois données avec trop de clinquant (le Prélude de l'acte III de Lohengrin).

Crédit photographique : Michael Spyres, Marko Letonja © Gregory Massat

(Visited 730 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès, Salle Erasme. 5-XI-2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, Re di Creta, K.366, « Fuor del Mar », Ouverture ; Le Nozze di Figaro, K.492, « Hai già vinta la causa ! » ; Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia, « Largo al factotum » ; Giuseppe Verdi (1813-1901) : I Masnadieri, Ouverture ; Gioacchino Rossini (1792-1868) : Otello, « Ah sì, per voi già sento » ; Adolphe-Charles Adam (1803-1856) : Giselle, Ouverture ; Le Postillon de Lonjumeau, « Mes amis, écoutez l’histoire » ; Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, Prélude de l’Acte III, « Aux bords lointains » ; Giuseppe Verdi (1813-1901) : Il Trovatore, « Tutto è deserto… Il balen del suo sorriso » ; Ambroise Thomas (1811-1896) : Hamlet, Ouverture, « Oh, vin ! Dissipe la tristesse » ; Franz Lehár (1870-1948) : Die lustige Witwe, Ouverture, « Da geh ich zu Maxim » ; Jacques Offenbach (1819-1880) : Les Contes d’Hoffmann, « Va pour Kleinzach ! » : Gaetano Donizetti (1797-1848) : La Fille du Régiment, « Ah, mes amis ! ». Michael Spyres, ténor et baryton. Chœur de l’Opéra national du Rhin (chef de chœur : Alessandro Zuppardo), Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Marko Letonja

Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.