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Sarrebruck. Staatstheater. 10-X-2021. Pascal Dusapin (né en 1955) : Macbeth Underworld, opéra sur un livret de Frédéric Boyer. Mise en scène : Lorenzo Fioroni ; décors : Paul Zoller ; costumes : Katharina Gault. Avec : Dshamilja Kaiser (Lady Macbeth) ; Peter Schöne (Macbeth) ; Maria Carla Pino Cury, Valda Wilson, Melissa Zgouridi (Weird Sisters) ; Bettina Maria Bauer (Child) ; Hiroshi Matsui (Ghost) ; Algirdas Drevinskas (Porter). Saarländisches Staatsorchester ; direction : Justus Thorau.
Dans cette production de Macbeth Underworld à Sarrebruck, Beaucoup de beauté sonore, mais une mise en scène qui dessert l'œuvre.
Pascal Dusapin est un des compositeurs d'aujourd'hui qui, contrairement aux Cassandre prophétisant hier comme aujourd'hui la mort de l'opéra, continue à faire du genre une ligne forte de sa création. Son œuvre précédente, Penthesilea, était une adaptation limpide et puissante de la pièce complexe de Kleist, affrontement de mots jusqu'au sang ; cette fois, pour adapter Shakespeare, il a travaillé avec Frédéric Boyer pour sauver Macbeth de Shakespeare, pièce qu'ils lardent d'intentions et de références philosophiques, à décrypter dans les surtitres.
Créé à La Monnaie il y a deux ans, l'opéra connaît à Sarrebruck sa première nouvelle production, confiée à Lorenzo Fioroni, qui avait déjà monté à Sarrebruck La Tempête de Frank Martin. Hélas, la surcharge semble être la marque de fabrique du metteur en scène : le livret est on ne peut plus clair sur le contexte de ce Macbeth en quelque sorte post mortem, affranchi de la stricte succession des événements, flottant entre deux eaux ; il n'était donc pas nécessaire d'alourdir un décor qui se résume à une accumulation disparate, sans autre signification que la glauque distance que Dusapin et Boyer mettent entre nous et le drame de Shakespeare. Ne parlons pas de direction d'acteur, ne parlons surtout pas de progression au fil des huit scènes qui composent l'opéra.
La partition de Pascal Dusapin est d'une séduction sonore constante. Il faut passer sur les moments pénibles où, alternativement, le très inutile Portier ou l'Enfant éclatent en rires hystériques ; la beauté des atmosphères féériques qu'il sait créer n'empêche pas l'ennui de s'installer très vite.
Il est fort regrettable que, dans le contexte pandémique qui a accompagné la création de cette production, il ait fallu faire le choix d'un orchestre et d'un chœur à distance : c'est un pis-aller qui est toujours préférable à une annulation pure et simple, mais dans une œuvre où tant de choses passent par l'orchestre, cette mise à distance est particulièrement dommageable (et c'est d'autant plus regrettable que, le même jour dans la même salle, un beau concert de quatuor par les musiciens de l'orchestre avait montré les qualités de la formation). Les voix sont donc au premier plan, à commencer par le couple titre Dshamilja Kaiser et Peter Schöne, tous deux parfaitement investis et qui soutiennent parfaitement la comparaison avec les créateurs Magdalena Kožená et Georg Nigl ; l'écriture de Dusapin est très favorable aux voix et ils savent s'en servir.
Le meilleur opéra d'après Macbeth ? Celui de Salvatore Sciarrino, décidément.
Crédits photographiques : © Martin Kaufhold
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Sarrebruck. Staatstheater. 10-X-2021. Pascal Dusapin (né en 1955) : Macbeth Underworld, opéra sur un livret de Frédéric Boyer. Mise en scène : Lorenzo Fioroni ; décors : Paul Zoller ; costumes : Katharina Gault. Avec : Dshamilja Kaiser (Lady Macbeth) ; Peter Schöne (Macbeth) ; Maria Carla Pino Cury, Valda Wilson, Melissa Zgouridi (Weird Sisters) ; Bettina Maria Bauer (Child) ; Hiroshi Matsui (Ghost) ; Algirdas Drevinskas (Porter). Saarländisches Staatsorchester ; direction : Justus Thorau.