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Versailles. Opéra Royal. 2–X-2021. Niccolò Antonio Zingarelli (1752-1837) : Giulietta e Romeo (Ouverture, “Qual sarà il mio contento… Ciel pietoso”, “Ecco il luogo, ecco l’urna”, “Idolo del mio core… Ombra adorata aspetta”, Antigone (Ouverture). Gioachino Rossini (1792-1868) : Elisabetta, regina d’Inghilterra (Ouverture), Semiramide (“Eccomi al fine in Babilonia”), La Donna del lago (“Mura Felici“). Pierre Rode (1774-1830) : Concerto pour violon n°1 (final Polonaise). Franco Fagioli, contre-ténor. Orchestre de l’Opéra Royal, direction : Stefan Plewniak
Franco Fagioli ouvre la saison du Château de Versailles, avec un concert illustrant l'art de Crescentini, présenté dans le programme comme « le castrat de Napoléon ».
Girolamo Crescentini fut l'un des derniers représentants de sa catégorie vocale, à cheval entre les XVIIIe et XIXe siècles. Le rôle de mécène des arts qu'eut Napoléon est moins connu que celui de génie militaire, la légende voulant que l'empereur pleura à l'écoute du chanteur. C'est pourtant grâce à son impulsion qu'une vitalité créatrice permit de nombreuses créations musicales sous son règne et les extraits présentés à ce concert illustrent cette effervescence.
Franco Fagioli débute par de larges extraits d'une œuvre peu jouée de Niccolò Antonio Zingarelli, Giulietta e Romeo, éclipsée par le succès postérieur des Capuleti de Bellini. L'écriture musicale est plutôt intéressante, se situant entre le hiératisme d'une déclamation lyrique nette et les accents sincères du personnage de Romeo bien individualisé. Franco Fagioli se révèle un interprète hors pair, vocalement stupéfiant, avec des couleurs rarement entendues chez un contre-ténor, un souffle lui autorisant toutes les nuances de volume sonore. Les mimiques sont toujours un peu trop présentes, laissant penser à une façon compassée de surjouer l'émotion là où la musique suffit à suggérer. Cette propension à l'expansivité trouve une manière plus convaincante de s'exprimer dans Rossini (les airs d'entrée d'Alsace et de Malcolm) où le chanteur déploie l'étendue de sa voix, sa capacité aux écarts d'octave, la grâce dans les variations des coda. Il reste que la voix de poitrine est parfois trop appuyée, ce qui peut lasser tant l'effet est répétitif et parfois vulgaire. Les bis (issus de La Finta Giardiniera de Mozart et un air alternatif du Tancredi de Rossini) sont généreusement dispensés.
L'Orchestre de l'Opéra Royal manque malheureusement, à de nombreuses reprises, de justesse (les cuivres particulièrement), de coordination et surtout de fondu. Des morceaux de phrase de tel pupitre peuvent se retrouver isolés du reste de l'harmonie, ce qui laisse apparaître les articulations musicales de façon peu agréable. Toutefois, Stefan Plewniak nous gratifie d'un extrait endiablé du premier concerto de Pierre Rode, où la virtuosité le dispute à l'enthousiasme.
L'Opéra Royal du Château de Versailles est l'écrin idéal pour ces exécutions musicales qui exigent l'intimité d'une salle à taille humaine et la beauté d'un son magnifié par le bois qui compose la salle. Ce premier concert de la saison signe, on l'espère, le retour aux projets les plus audacieux en termes de découverte musicale et de spectacles qui ravissent autant l'œil que l'oreille.
Crédit photographique : © Château de Versailles Spectacles
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Versailles. Opéra Royal. 2–X-2021. Niccolò Antonio Zingarelli (1752-1837) : Giulietta e Romeo (Ouverture, “Qual sarà il mio contento… Ciel pietoso”, “Ecco il luogo, ecco l’urna”, “Idolo del mio core… Ombra adorata aspetta”, Antigone (Ouverture). Gioachino Rossini (1792-1868) : Elisabetta, regina d’Inghilterra (Ouverture), Semiramide (“Eccomi al fine in Babilonia”), La Donna del lago (“Mura Felici“). Pierre Rode (1774-1830) : Concerto pour violon n°1 (final Polonaise). Franco Fagioli, contre-ténor. Orchestre de l’Opéra Royal, direction : Stefan Plewniak